Pas le choix

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Mes parents me demandent machinalement comment s'est passé mon premier jour de classe.
Je leur réponds que j'ai rencontré trois filles, mais ne leur parle pas de ce qu'il s'est passé au skate park. De toute façon, ça ne les regarde pas, et je n'en vois pas l'intérêt.
Après avoir prit ma douche ainsi que mon dîner, je retourne m'enfermer dans ma chambre. J'ai déjà réfléchit à quel chemin j'allais emprunter demain, et n'ai pas trouvé un détour qui ne me fasse pas marcher plus de vingts minutes. Déjà que je suis toujours en retard, si en plus je dois partir une demi-heure à l'avance...
Donc, dans un élan de courage, je me dis que je vais continuer à prendre mon chemin habituel, quitte à marcher devant ces garçons. De toute manière, je ne fais rien à part passer rapidement, alors pourquoi je me ferais emmerder ? Et puis, c'est pas comme si le mec aux yeux verts m'avait formellement interdit d'approcher cet endroit. C'est seulement les filles qui m'ont conseillé de ne pas le faire ; je les soupçonne d'être un peu parano.
Je fais rapidement mon sac, puis m'endors, exténuée de cette première journée.

Le lendemain, je m'extirpe difficilement de mon lit, et me dépêche tellement que je suis même un peu en avance lorsque je pars.
Au pied de mon immeuble, j'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et commence à marcher, sac à dos sur les épaules.
En m'approchant du fameux skate park, je me rends compte que les gars sont toujours là, et sont beaucoup plus nombreux que la veille.
Ils sont au chômage mais se lèvent quand même très tôt juste pour faire du skate et du roller...
Je m'efforce de passer sans baisser la tête, mais évite quand même de les regarder. Je regarde droit devant moi, yeux rivés sur la rue montante menant à mon lycée. La musique tourne toujours dans mes oreilles, mais j'entends comme un fracas à ma droite, deux secondes avant qu'un individu surgisse pile devant moi avec son skate, me barrant la route. Je me stoppe en sursaut.
C'est le garçon de la veille.
Je regrette tout de suite d'avoir enfreint les règles que m'ont posées les filles quelques heures plus tôt.
Je tente de le contourner mais évidemment, il se décale.
J'enlève mes écouteurs et me décide à lever les yeux vers lui.

- Pardon, je lâche un peu sèchement.

En réalité, je suis morte de trouille.

- T'es la meuf d'hier avec tes copines toi non ?

- Oui... C'est moi. Pardon, je dois aller au lycée.

J'entends des gars rigoler sur ma droite, perchés sur les rampes. Mes mains deviennent moites.

- Ah, ouais, mais non. Tu passes par ici, c'est qu't'as envie de rester un peu. C'est quoi ton nom ?

- Euh... non, c'est juste que c'est mon chemin.

Le gars ose pousser légèrement mon front avec son index.

- Eh oh, t'es sourde ? C'est quoi ton nom ?

Merde, mais pourquoi je suis venue ici ?

- Ariane. Désolée, je dois vraiment y aller... je souffle en essayant une nouvelle fois de m'échapper.

Il me bouche encore le passage.
Je commence sérieusement à paniquer. Ses potes continuent de se marrer à ma droite, mais l'un deux crie depuis la rampe :

- C'est bon Gringe, allez reviens.

Le gars en face de moi tourne la tête vers son ami.

- Quoi, t'es sûr ?

Je trouve le courage de pivoter légèrement la tête à droite pour identifier d'où vient la voix.
C'est un garçon aux cheveux mi-longs, avec un sweat et une casquette.

- Ouais, c'est relou là. Putain allez viens.

"Gringe" semble hésiter.
Le gars aux cheveux mi-longs descends le long de la rampe avec son skate et se stoppe derrière mon bourreau.
Il se place à côté de lui et lui donne une tape sur le torse sans même me regarder.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant