Recadrage

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- J'en étais sûr. C'est quoi son blase à ton fils de pute ? Hein ?

C'est la pire situation. Je me sens mal, et il m'accuse d'avoir pris du bon temps avec quelqu'un alors que j'ai plutôt l'impression d'en avoir été traumatisée parce que ce quelqu'un m'a forcée.

- Arrête, tu comprends pas...

- Ouais, c'est bon. J't'ai presque cru hier, j'étais sûr qu'y avait quelque chose qui allait pas, mais j'ai fait mes recherches et je sais que tu t'es fait payer des verres par des mecs juste avant. J'te demande juste de me balancer leurs noms.

- C'est vraiment pas ce que tu crois.

Je prends conscience que je viens de sortir une phrase totalement clichée mais c'est bien la seule qui m'est venue aussi spontanément.

Parce que c'est vrai. Ce n'est pas ce qu'il croit.

- Je sais comment ça marche, tu peux pas me mentir sur ça. J'te touche à peine, tu me repousse. J'te dis que ça crève les yeux.

Il pense donc que je le repousse car il ne m'attire plus. Il est si loin du compte que ça me donnerait presque envie de rire. Mais non, je n'en ai aucune envie, actuellement.

- Non... je te promets que tu te trompes.

Il s'énerve encore plus.

- J'veux pas entendre tes mensonges c'est bon, j'ai capté Ariane, tout ce que je te demande c'est comment ils s'appellent.

En insistant comme ça, il m'oblige à lâcher ce que j'ai sur le cœur.

- Mais si je fais ça c'est pas parce que je veux pas de toi ! J'ai peur, d'accord ? J'ai peur à cause de ce qu'il s'est passé cette nuit. Et quand je suis avec toi, tout me revient en tête, ça se mélange... je me mets à paniquer pour rien. Je suis désolée. Je te jure que je fais pas exprès...

La colère dans ses yeux a l'air de descendre. Son visage devient bien moins dur, comme s'il reprenait conscience. Ça me rassure un peu.

- Putain, j'avais raison, fais chier, il lâche. Alors pour la toute dernière fois, il s'est passé quoi cette nuit ?

Je m'apprête machinalement à refuser de répondre à cette question mais je me stoppe à temps.
Je dois lui dire. Garder ça pour moi toute seule me fait plus de mal qu'autre chose. Et je pense que le lui dire est la meilleure façon de me soulager. Il pourra peut-être mieux me comprendre. Je me mords la lèvre, ne sachant pas par où commencer. Je décide de d'abord lui dire clairement pourquoi je suis partie en ville.

- Hier soir je suis partie de chez moi. J'ai discuté avec Justine et Benji, mais quand ils sont partis et que la nuit commençait à tomber, je voulais pas rentrer. Je savais pas où dormir, alors...

Je le vois commencer à vouloir parler, et sachant pertinemment qu'il va me dire que j'aurais dû venir chez eux, je le coupe.

- Attends... s'il te plaît. Laisse-moi finir.

Il ferme la bouche et hoche la tête, attendant la suite.

- Donc j'ai juste décidé de ne pas dormir. Pour rester éveillée je suis allée dans quelques rues animées et voilà... il y avait les bars. J'avais besoin de me sentir entourée alors je suis entrée dans l'un d'eux au hasard. Et... j'ai revu Pierre, le garçon de la boîte. Il était avec un ami.

Orel se met à froncer les sourcils.

- ... Ils ont insisté pour me payer à boire. J'ai accepté parce que j'avoue que j'en avais très envie.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant