Viennoiserie

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C'est Orel qui se déplace d'un pas nonchalant pour aller ouvrir. Des milliers de questions ont le temps de fuser dans ma tête en seulement quelques secondes. J'ai très peur de voir une personne en particulier apparaître à la porte. Je reste plantée au milieu du salon, comme tétanisée, attendant le verdict.

Ça ne peut pas être mon père, si ? Comment aurait-il fait pour trouver l'adresse ?

On entend d'abord une voix étouffée puis, lorsque la porte s'ouvre enfin, Claude déboule dans la pièce en hurlant sa fin de phrase.

- ... PERRIER GRENADINE POUR LES GAMINES, H... heeeeeey ! crie-t-il en se rendant compte de ma présence tout en retirant ses lunettes de soleil. Ariane la paysanne ! Depuis quand tu squattes chez ces deux branleurs toi ?

Bouteille arrive tranquillement derrière lui, mains dans les poches. Il check Orel.

- Ça va Bouteille ? lâche celui-ci. Putain j'crois que c'est la première fois que Claude toque avant de rentrer.

Je me refocalise sur la question de Deuklo.

- Pas si longtemps, je dis en lui faisant la bise.

- Elle vient de temps en temps, intervient Gringe qui revient de sa chambre. Ça va les gars ?

- Ouais ouais, ça va, mais les mecs y'a un truc qui cloche par contre. Vous êtes pas venus ce matin et devinez quoi ? J'ai failli me fracturer le genou dans une de ces cascades en roller, j'vous raconte même pas.

- Roh non, arrête, lâche Orel en souriant.

- Eh si. D'mande à Bouteille tiens.

Ce dernier enlève une main de sa poche pour retirer son bonnet.

- Ouais, il arrêtait pas d'hurler. Il pensait avoir frôlé la mort.

- Mais J'AI frôlé la mort ! se défend Claude. Et putain qu'j'aurais été déçu si vous aviez pas été là pour assister à mon décès les frères. Tout ça pour vous dire, les gars, que vous avez intérêt d'avoir une bonne excuse pour pas avoir bougé vos deux culs d'ici jusqu'au skate park ce matin.

Gringe hausse les épaules en regardant un peu plus haut comme s'il réfléchissait.

- Ah, tu sais... on a eu la flemme. Ça arrive.

- Personnellement, j'ai pas eu la flemme pour aller casser la gueule des deux autres types hier je vous rappelle.

Je comprends tout de suite qu'il fait donc parti de ceux qui sont allés s'occuper de Pierre et de son pote.

- Ouais mais... j'sais pas, c'est Orel qu'a pas voulu. Et j'avais la flemme d'y aller solo.

Tout le monde se retourne vers Orel qui semblait un peu ailleurs. Il n'a pas l'air de tout de suite comprendre, puis s'explique.

- Ah ouais, non c'est pas que j'voulais pas mais y'avait Ariane qui pionçait dans la chambre, alors ça se faisait pas de se barrer quoi.

Cette fois c'est vers moi que les regards se tournent.

- Aaaah encore toi hein ! rie Claude en hochant la tête.

Je souris, un peu gênée d'être en quelque sorte la cause du « problème ».

- Vous auriez pu partir quand même, ça m'aurait pas dérangé, je dis en riant un peu.

Orel hausse les épaules et Bouteille prend à son tour la parole.

- Déjà que vous êtes même pas venus boire un coup hier soir après le cassage de gueule, dit-il en secouant la tête d'un air désapprobateur. Ça va plus les gars.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant