Dimanche

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Les jours passent, rien d'exceptionnel ne m'arrive. Ma vie est devenue ce que je redoutais en arrivant ici ; monotone, ennuyante, inintéressante. Je reste toujours avec les filles, que je ne qualifierais pas comme de véritables amies, mais plutôt comme des potes de classe. C'est sûrement hypocrite, mais elles ne remplaceront jamais mes vraies amies, même si elles sont très sympa et qu'on rigole bien ensemble. Les garçons du skate park ne font plus attention à moi. Après qu'Aurel soit venu me parler, ils ne m'ont plus calculée. Ça m'arrange un peu. Je préfère qu'on ne me calcule pas, je me sens plus tranquille. Et ça m'évite de me taper la honte ou de bafouiller comme une débile.
Les filles de ma classe qui étaient avec les gars ce jour-ci continuent de me lancer des regards pas vraiment amicaux, ce qui instaure une espèce de malaise quand je passe devant elles. Ces situations me font encore plus détester le lycée et cette foutue ville pourrie.
Donc, dès que je sors de cours, je me plonge dans ma musique. Tout le temps. C'est la seule chose qui me permet de m'évader, de rendre ma vie moins chiante. J'écoute ce que j'écoutais avec mes amies avant de déménager. Ça me rassure, et me rappelle de bons souvenirs. Ça me donne l'impression qu'elles sont toujours avec moi. Autrement dit, je vis dans le passé. C'est pitoyable, mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour me sentir mieux.

- Ariane, tu m'écoutes ? demande mon frère, Tom.

- Mh. Ouais...

- Ok, alors. Je marchais, a-i-s. Tu marchais, a-i-s. Il marchait, a-i-t...

Je ne l'entends déjà plus. Mes parents me forcent à l'aider à faire ses devoirs, comme s'il avait encore six ans. Je ne cesse de leur répéter qu'à son âge, je faisais mes devoirs seule et que je n'avais pas besoin qu'on soit constamment derrière moi. Mais ils ne veulent rien entendre et préfèrent m'engueuler en lui trouvant des excuses.
« C'est un garçon, c'est normal, il est moins studieux. Arrête un peu de râler pour tout, et arrête de chercher le moindre prétexte pour pouvoir t'enfermer dans ta chambre ».
Je préfère mille fois rester seule dans ma chambre plutôt que de passer du temps avec vous, j'ai souvent envie de leur répondre. C'est vrai, ils ne sont jamais contents, et savent seulement me reprocher des choses. Évidemment, je la ferme, sinon ils prendront un immense plaisir à me punir.

Quand Tom a terminé de me réciter ses foutues terminaisons, je m'enferme dans ma chambre, justement. Je sors mon téléphone et appelle Alizée. Elle décroche à la première sonnerie.

« - Allô, Ari ?

- Coucou Alizée.

- Ça va ? T'as pas l'air bien.

- Si, ça va. La vie est juste complètement naze ici.

- La vie est complètement naze sans toi au bahut aussi. Tu t'es fait des potes ?

- Ouais. Trois filles. Elles sont sympa mais c'est pas vous.

- Ouais, normal, on est exceptionnelles.

- Ça c'est carrément vrai.

- Et y'a des mecs mignons à Caen ? Il doit forcément y'en avoir.

- Euh, ouais. Enfin bof... j'sais pas. J'ai pas vraiment fait gaffe.

- Roooh, t'es sérieuse. Intéresse-toi au sexe opposé un peu. Et cette-fois essaye de pas repousser les gars qui s'approchent de toi.

- Ouais, bon, ça va. Si j'ai dit non c'est juste que je voulais rien avec eux c'est tout.

- Mais tu veux rien avec personne on dirait. Puis on s'en fout, on parle pas d'une relation sérieuse de huit ans. Juste flirter, quoi. C'est cool.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant