Job

1.2K 80 153
                                    

Je fixe le plafond depuis quelques minutes maintenant. Le réveil sur le côté m'indique dix heures à peine, en imaginant qu'il soit bien réglé. Je pensais dormir jusqu'à au moins treize heures, mais mon corps en a décidé autrement. Je ne peux pas me rendormir. J'ai une légère migraine.

Franchement, j'ai connu pire comme réveil.

C'est vrai que ma gueule de bois actuelle n'est pas la plus violente que j'ai pu tester.
Je n'entends pas de bruit émanant des autres pièces de l'appartement. J'en conclue que les deux autres gars dorment encore. Ou du moins, le plus vieux, grâce aux ronflements qui s'échappent de sa chambre. Je préfère attendre qu'il se lève pour aller au salon à mon tour.
En gros, je n'ai aucun courage d'être confrontée seule face à Orel.
Je détaille la chambre de celui-ci en attendant. Elle est tout aussi en bordel que le reste de l'appartement, mais je trouve ça étrangement mieux comme ça. C'est un bordel qui bouge, au moins. Rien n'est jamais identique, ça fait plus de choses à observer. En pivotant la tête sur la droite, je pose les yeux sur le tiroir de la table de chevet. J'ai une curieuse envie de l'ouvrir.

Juste pour voir.

Je tire lentement sur la petite poignée et écarquille les yeux d'une manière presque automatique avant de refermer le tout à la va-vite.

Super.

Ça fait toujours plaisir de voir que le garçon qu'on aime a absolument tout à disposition près de son lit pour les soirs où il ramène ses conquêtes.
Je me tourne de l'autre côté pour fixer la fenêtre et la pluie par la même occasion. Je ne me sens plus si à l'aise dans ce lit, au final.
Un bruit attire mon attention dans le couloir. Un bâillement, puis un soupir. Je vois ensuite Gringe se traîner devant la porte sans voir que je le regarde, puis aller nonchalamment dans le salon.
Je me retire de l'épaisse couette blanche avant de m'étirer. Je me dirige vers la porte entrouverte qui donne au petit salon et m'arrête en entendant qu'ils parlent. Je sais que ce n'est pas bien d'espionner, mais la curiosité me pousse à le faire sans hésiter.

- Ouais ça va. Mal à la tête, comme d'hab, répond Gringe à la question que lui a probablement posé Orel.

- Ah. Putain, moi aussi j'ai picolé. J'aurais pas dû mec.

- Pourquoi ? T'as passé l'âge de dire que t'arrêtes de boire après une petite cuite, non ?

La voix de Gringe paraît plus éloignée. J'en déduis qu'il s'est tourné face à la fenêtre.

- C'est pas ça, mais j'ai fait une connerie.

- Allez, arrête ton suspense là. T'as fait quoi ? T'as appelé ta cousine pour lui avouer que c'est toi qu'a renversé son chat avec ta bagnole y'a deux ans ?

- Mais non. Puis il est même pas mort, pourquoi j'aurais fait ça ?

- Bah j'crois qu'il louche un peu à cause de toi maintenant.

- N'importe quoi. Il va très bien. Il est juste un peu con de base.

- Bon, dis-moi ta connerie, grouille.

Orel souffle bruyamment.

- J'ai ramené une meuf hier. J'me rappelle même plus d'sa tête.

- Roh. 'Tain tu peux pas tenir ta bite des fois sérieux ? dit-il en parlant plus bas, sûrement pour éviter que j'entende.

- Mais ferme ta gueule c'est limite si t'es pas pire que moi.

- Ouais mais moi j'm'en branle, j'dois rien à personne.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant