Je ne reçois aucun message de la soirée. Je me surprends même à vérifier plusieurs fois, au cas où, à attendre une notification. Mais rien.
Le lendemain, en arrivant au lycée, j'aperçois les filles dans le hall principal. Quand elles me voient, elles se chuchotent quelque chose en continuant de me fixer puis se taisent lorsque je suis en face d'elles. Une sorte de malaise plane. Je comprends tout à fait ce qu'il se passe ; elles parlaient de moi. Je fais semblant de ne rien avoir remarqué.
La cloche sonne, on rentre en cours. Je vais m'installer à ma place, mais en passant dans la rangée, Alice la pimbêche me toise d'un air extrêmement mauvais. Je baisse rapidement la tête pour ne plus croiser son regard mais je l'aperçois quand même me fixer de haut en bas, en se retournant, jusqu'a ce que je m'assois. Mon visage chauffe un peu. J'ai un très mauvais pressentiment.
Dans la journée, je remarque bien que les filles hésitent à entamer un certain sujet. Elles me lancent des regards appuyés, puis se regardent entre elles. Enfin, c'est quand même très visible lorsque des personnes communiquent par le regard. Le malaise de ce matin est toujours là, et au bout d'un moment, Léonie semble enfin se décider.- Et sinon, Ariane...
- Ouais ?
Je le sens mal.
- Hier soir, à la sortie, tu sais.
Oui. Oui, je sais.
- Oui ?
- J'attendais mon bus, et euh... enfin, t'étais pas encore partie toi tu vois.
- Non, je sais.
Manon s'impatiente :
- Elle t'a vu aller parler de très près à Aurel. C'est quoi le truc ?
Et voilà. On y est.
Je prends un instant avant de leur répondre.- Euh... ouais. Je suis allée lui faire la bise, c'est tout.
Léa garde la bouche ouverte, stupéfaite, d'un air atrocement agaçant.
- Et... pourquoi ? elle demande.
Je me tais deux secondes. Bonne question, ça. Pourquoi ? Parce qu'il me l'a demandé, oui. Mais ça voudrait dire qu'on s'est vus avant. Et je leur avais promis de ne pas le côtoyer.
Oh, et puis... je ne leur dois rien, en fait. Je fais ce que je veux. Elles ne vont pas me dicter ma vie, si ?
Je décide de dire la vérité.- Il me l'a demandé.
- Mais comment ? Vous vous connaissez même pas, comment il a fait pour te demander ça ? continue Manon.
- Par SMS. Il me l'a demandé par SMS hier midi. Je lui ai juste fait plaisir.
- Par SMS ? répète Léa. Mais je comprends rien, depuis quand Aurel a ton numéro ? Tu nous cache encore beaucoup de choses ?
Elles m'énervent, mais je reste très calme et parle d'un ton doux. Je ne suis pas vraiment du genre à hurler quand quelque chose me contrarie.
- Bon, vendredi soir, je l'ai vu. Il m'a invitée à l'un de leurs regroupements là, au skate park, en pleine nuit. Je m'y suis rendue par pure politesse et il a pris mon numéro sans mon accord. Voilà.
Elles me fixent comme si j'étais une folle furieuse. Qu'est-ce qu'elles ont avec eux, à la fin ?
- C'est une blague ? demande Léonie. Dis-moi que tu rigoles, Ariane.
- Non. Mais c'est bon, je vais bien, même si je compte pas non plus y retourner.
- Non mais c'est pas ça. Enfin... pourquoi t'es allée là-bas ? Ils sont vraiment pas dans le même délire que nous. Et surtout, ils ont tous la vingtaine passé ! J'en reviens pas que t'y sois allée.
VOUS LISEZ
Sous Influence
FanfictionLe déménagement dans cette ville pluvieuse signifiait pour moi le début d'une vie ennuyante, monotone, et solitaire. Seulement, je n'étais pas au courant de quelles rencontres j'allais bien pouvoir faire ici. Je n'aurais jamais cru me laisser empor...