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C'est comme si la honte venait faire un noeud dans le creux de mon estomac. Mon cœur bat la chamade. Je ne sais plus ou me mettre.
Alizée ne parle pas, comme elle l'a fait quelques minutes plus tôt. Je songe à essayer de me rattraper, mais rien ne sort.
Qu'est-ce que je pourrais dire pour me défendre, de toute manière ?

« - 23 ans ? » elle finit par répéter.

« - Ouais...

- J'croyais qu'il était dans ton lycée moi...

- N-non. Pas du tout. En fait, il... traîne souvent devant le lycée. Avec sa bande. Enfin tout le monde les connaît, mais en réalité j'sais pas, je crois qu'ils sont au chômage...

- Mais donc si je compte bien, il a genre... cinq ans de plus que toi, puisqu'on va bientôt changer d'année.

- Ouais.

- Et t'es mineure, contrairement à lui.

- Ouais...

- Et il tente des trucs avec toi ».

Dit comme ça, c'est vrai que ça me fait un peu froid dans le dos.

« - Non... il tente rien, c'est bon.

- C'était quoi, alors, ce qu'il a fait hier soir ?

- C'était pour sympathiser, sûrement. »

Alizée éclate de rire, mais je crois que c'est nerveux.

« - "Pour sympathiser". Putain, embrasser quelqu'un dans le cou, drôle de manière de sympathiser.

- Je... parlais de son invitation !

- Ça change rien... je crois que ce qu'il essaie avec toi, c'est illégal, pour l'instant. Ou si ça l'est pas, c'est quand même super bizarre.

- Arrête. Il essaie rien.

- Toi, arrête. Tu savais qu'il avait 23 ans avant la soirée d'hier ?

- Euh... on me l'avait vaguement dit, je crois ».

Je mens pour apaiser la tension.

« - Mouais. Ariane, dis-moi ce qu'il s'est passé après ce... gage.

- Il m'a ramenée chez moi. Je crois que c'est moi qui ai demandé à rentrer. C'est tout. Je te jure.

- ... D'accord ».

Un silence très embarrassant s'installe entre nous. Je n'ai pas totalement dit tout ce que j'avais à dire. Est-ce une bonne idée de lui parler de ce que j'ai dans le cou ?
Je ne sais pas. Mais en fait, cette marque et ce qu'il s'est passé à cause d'elle jusqu'à maintenant est ma principale source d'anxiété, ainsi que la principale raison de mon appel.
Alors, je continue. Autant tout lui dire.

« - Et, euh...

- Quoi ? Y'a encore eu d'autres trucs ? Il a pas voulu te laisser partir ?

- Mais non, Alizée. Il m'a laissée devant chez moi puis il est parti. Mais ce matin...

- Oui ?

- Tu promets de pas t'énerver ?

- Je promets, ça va. Ce matin ?

- Ce matin, je me suis réveillée vraiment mal. Bon, j'ai euh... vomi. Mais en me préparant pour aller en cours, j'ai remarqué que j'avais un... un suçon dans le cou.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant