« Orel : Pardon, j'me suis endormi. T'es rentrée seule ? »
Voilà le message affiché sur l'écran de mon téléphone depuis maintenant cinq minutes. Il est 20:12, j'ai attendu pendant deux heures une nouvelle de sa part après m'être vidée de toutes mes larmes en rentrant. Maintenant que je l'ai, ce message, qu'est-ce que j'y réponds ? J'aimerais lui écrire tout ce qu'il s'est passé, lui dire que j'aurais dû rester avec lui au lieu de retourner en cours, lui demander de me kidnapper pour que je n'ai plus à affronter le monde extérieur. Je ne fais rien de tout ça.
« Moi : Oui, et c'est pas grave t'inquiète »
C'est tout. Après ça, je vais prendre une longue douche durant laquelle je me demande ce que je vais faire. Retourner en cours demain ne m'enchante pas le moins du monde, mais sécher encore n'arrangera rien non plus...
Je soupire un grand coup et tapote mon front contre le mur de la douche, en veillant quand même à ne pas m'ouvrir le crâne. Il ne manquerait plus que ça.Quoique... si je vais à l'hôpital au moins j'aurai une bonne raison pour ne pas aller en cours.
Je lève les yeux au ciel, fatiguée par mes propres pensées.
Je repense à ce que m'a dit ma prof principale.
Aller voir la psy du lycée ? Comme si c'est moi qui avait besoin de consulter. Cette peste d'Alice prend un malin plaisir à me pourrir la vie sans aucune raison et c'est moi qui devrait me remettre en question. Mais ça, j'ai la désagréable impression que personne n'a envie de se l'avouer. Pourquoi on ne dit rien du tout à mon ennemie, mais à moi, oui ?
Me revient ensuite en tête ce que m'a craché Alice et ce qui m'a poussé à l'insulter.« À ton avis, pourquoi il a capté Cassandra tout à l'heure ? »
Cette phrase me glace le sang. Elle m'a heurtée dès qu'elle est arrivée à mes oreilles. J'aurais aimé m'en contre-carrer, être persuadée qu'elle raconte n'importe quoi. Mais elle est amie avec Cassandra, donc ça tient la route. Et Orel... ça me fait mal de me le dire, mais Orel en est tout à fait capable. J'aurais aimé savoir me mentir, mais voilà : c'est quelque chose qu'il a l'habitude de faire, tromper, voir plusieurs filles en même temps. Et nous ne sommes pas officiellement en couple, en plus de ça. Tous les doutes auxquels j'ai repensé quand il m'a ramenée, après m'avoir acheté le pain au chocolat, reviennent à la charge. Et cette réflexion, aussi, celle que je m'étais dite.
« Peut-être qu'il ne m'aime pas autant que je le voudrais. Et peut-être qu'au final, il se moque de moi ».
Ma méditation est plus longue que prévu et je ne fais pas vraiment attention aux minutes qui s'écoulent. Si bien que quelqu'un vient frapper du poing à la porte, éclatant au passage la bulle de réflexion dans laquelle je suis enveloppée.
- Je vais t'envoyer la facture de l'eau je te préviens ! crie mon père.
Je ferme le jet comme toute réponse et me change rapidement.
Je ne tiens évidemment pas mes parents au courant de ce qu'il s'est passé, et de toute façon, ils ne me posent aucune question et je ne pense pas que ça les intéresse. Puis j'entends déjà leurs réponses qui se résumeraient à essayer de me rejeter la faute dessus en disant que ce n'est pas arrivé pour rien.
Je ne dors pas jusqu'à au moins 3h. La phrase d'Alice et tout le reste me hante. Je n'arrête pas de cogiter.
Le matin, j'opte pour des vêtements toujours plus sombres, une toute petite partie de moi espérant que ça suffira à me faire discrète au milieu de tout le monde.
Orel est en train de fumer une cigarette quand je le rejoint. Je tends la main pour lui demander la permission de tirer.- J'croyais que tu t'en foutais des clopes ? me dit-il avant d'inhaler la fumée toxique.
- C'est pas que je m'en fous, c'est juste que c'est pas ce que je préfère.
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Sous Influence
FanfictionLe déménagement dans cette ville pluvieuse signifiait pour moi le début d'une vie ennuyante, monotone, et solitaire. Seulement, je n'étais pas au courant de quelles rencontres j'allais bien pouvoir faire ici. Je n'aurais jamais cru me laisser empor...