Action ou Vérité

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Je reste bouche bée face aux mots qui s'affichent sur mon écran.
Comment ça, « va te faire voir » ?
Une petite boule se forme dans mon ventre.
Je l'ai vexé on dirait, mais dans ce cas, on ne peut rien lui dire. Ou alors c'est moi qui au contraire, suis trop hautaine ? Pourtant je déteste l'être. Ce n'était pas mon but. Mais c'est vrai que le « j'avais mieux à faire que de penser à toi » était peut-être de trop...
Je me creuse la cervelle pendant de longues minutes à savoir ce que je vais répliquer à ça. Qu'est-ce qu'il veut que je réponde à cette insulte ?
Finalement, je ne réponds pas. C'est inutile, de toute façon. Il me déteste, ça y est. Au moins, je n'aurai plus de problèmes au lycée.
Plus tard dans la soirée, après un repas où mon père m'a, pour changer, fait dix millions de reproches, je suis sur mon lit, seule, avec mes écouteurs. La musique se coupe à un moment, et à la place, ma sonnerie de téléphone retentit. J'ouvre les yeux en sursaut et panique pendant une fraction de seconde, et vois le nom d'Alizée affiché sur l'écran. Je souris et décroche.
On se donne des nouvelles, je serre les dents quand elle me parle de Clothilde, on rigole. À un moment, elle entame un certain sujet inévitable.

« - Sinon, toujours aucun mec en vue ?

- Non...

- Roh, allez. Y'a bien UN mec qui est venu te parler. Raconte. »

Est-ce qu'Aurel compte ?
Bien évidemment. J'hésite vraiment à lui en parler, mais elle est quand même ma meilleure amie, et j'ai besoin de me confier.

« - Bon ok. Un gars me parle un peu. Il m'a invitée l'autre soir, au skate park de la ville.

- Oh mon dieu, c'est vrai ? Putain, c'est génial, ENFIN !

- Oui bon, exagère pas non plus.

- T'y es allée j'espère ?

- Ouais. Mais y'avait au moins une cinquantaine de personnes avec nous, donc imagine rien.

- Ah ouais quand même. Et comment il s'appelle alors ? Décris-le moi, je sais pas.

- Aurel. Il s'appelle Aurel. Mais il a euh... »

Je me stoppe à temps. Je préfère ne pas lui révéler son âge, comme si j'avais honte.

« - ... Il est plus grand que moi. Il a des cheveux mi-longs, il est plutôt mince, ses yeux sont marrons... il porte souvent des bonnets, ou des casquettes. Et il fait du skate.

- Waw. Un skateur, en plus, tu te mets bien toi !

- Arrête, on se parle juste un peu. Et il est bizarre. Enfin non, mais c'est juste que je le comprends pas vraiment. Puis en plus il est côté, avec sa bande de potes là. C'est un peu eux les rois dans cette ville. C'est mal dit, mais tu me comprends.

- J'vois carrément ce que tu veux dire. Et il est dans ta classe, alors, ce beau gosse ?

- Euh... »

À ce moment précis, mon téléphone vibre. C'est un double appel. J'écarquille les yeux en voyant le nom affiché à l'écran.
Quand on parle du loup...

« - Alizée, merde ! C'est lui, c'est lui, il m'appelle !

- Sérieux ? Mais c'est génial !

- Non, non ! Il m'a dit d'aller me faire voir par message y'a genre une heure, je comprends rien, je fais quoi ?

- Hein ? Bon attends, j't'appelle sur Skype, et tu lui réponds, à tout de suite ».

Elle raccroche, et en suivant, la sonnerie d'un appel Skype retentit. Je lui réponds, puis décroche en même temps à Aurel.
J'ai le temps d'apercevoir Alizée avec un immense sourire aux lèvres, avant de prononcer d'une petite voix :

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant