Nuit entière

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Orel ramène différentes bouteilles contenant différents alcools.
Notre soirée redevient un peu comme celles d'avant ; on discute beaucoup, et on rigole, aussi. Mais même avec ça, je continue de penser à ce qu'il s'est passé quelques heures plus tôt.

Plus tard dans la nuit, nous sommes un peu éméchés, mais pas tant que ça. Juste assez pour que ma tête tourne un peu. Nous n'avons presque pas bu l'alcool qu'il a sorti.
Orel est d'humeur taquine, je crois, parce qu'il n'arrête pas de me provoquer.

- Déjà, personne vous a demandé de prendre la parole, toi tes cheveux roux.

- Mes cheveux sont pas roux. C'est du blond vénitien...

- Peut être, mais t'as les tâches de rousseur qui vont avec.

Je claque la langue, en signe d'agacement.

- Et alors. Laisse-moi un peu.

- Non. C'est beaucoup trop marrant.

Je lève les yeux au ciel en finissant mon verre, et je le repose sur la petite table basse.
Nous sommes assis par terre.

- C'est surtout méchant, oui, je fais exprès de dire en prenant un air faussement vexé.

- Roooh, n'importe quoi. Je rigole, j'aime bien cette couleur de cheveux en plus. Tu trouves que je suis méchant ?

- Oui. Des fois.

Il secoue légèrement la tête en souriant et en finissant à son tour son verre.

- J'peux regarder un truc ? Deux secondes, il me demande après avoir posé le verre.

- Euh, oui bien sûr, où ça ?

- T'inquiète.

Orel se lève et passe derrière moi. Je suis assise entre la table basse et le canapé, et il s'installe sur celui-ci, pile dans mon dos.
Je ne me retourne pas et attends.

Qu'est-ce qu'il fout ?

Je sens alors quelque chose déplacer tout mes cheveux sur le côté, laissant une partie de mon cou à l'air libre.
Je comprends ce qu'il regarde, encore.

- Arrête d'observer ce truc, tu l'as déjà vu... je soupire.

C'est à croire que c'est la première fois qu'il en fait un.
Bien sûr, je suis certaine à 100% que non, et bien au contraire.

- J'vérifie juste un truc de plus près, il se met à murmurer.

Pourquoi il murmure d'un coup ?

Nous sommes toujours seuls, pourtant.
Ça ne me dit rien qui vaille.
Je sens bien le souffle d'Orel se rapprocher de ma peau. Je fixe le reflet de nos silhouettes dans la télé éteinte. Je crois l'apercevoir, penché vers moi.

Soudain, alors que mon cœur bat à 100 à l'heure et que je commence déjà à trouver qu'il fait très chaud, dans ce foutu appartement, Orel effleure mon épaule nue avec ses lèvres. Je ne respire plus du tout. Il y dépose un baiser. Puis un autre, à côté, délicatement. Ses mains passent sur ma taille. Je suis toujours assise à même le sol, avec l'impression d'être raide comme un piquet. Je n'arrive pas à choisir entre me concentrer sur ses mains, ou sur ses lèvres. J'alterne entre les deux, totalement déboussolée.
Les baisers d'Orel continuent dans le bas de mon cou. Un frisson me secoue, ça le fait légèrement rire, je crois. Mais il ne s'arrête pas là. Il poursuit son chemin, sur la marque, la sienne, remonte jusqu'au dessous de mon oreille. J'ai l'impression que certaines parties de mon corps, stimulées par sa bouche, me procure des frissons et des sensations jusque-là toutes nouvelles pour moi. Je suis très craintive, à mon avis.
Et je suis surtout alcoolisée. Pas beaucoup, mais alcoolisée quand même. Ce qui fait que je ne l'arrête pas ; pire, j'aime ça. Je n'ai pas envie de le stopper, bien que ma conscience, tout au fond de moi, me hurle une nouvelle fois de le faire. Je me retrouve dans la même situation qu'il y a déjà plusieurs jours, lors de notre première soirée.
Ses mains remontent jusqu'à mes aisselles. Il m'empoigne par là et me soulève sur le canapé, à côté de lui. Nos yeux se croisent enfin, les siens sont différents de toutes les autres fois. Quelque chose de spécial brille à l'intérieur.
Je ne sais pas de quoi j'ai l'air, moi, mais il me sourit. Je suis trop chamboulée, trop dans un état second, pour parvenir à le lui rendre. Il n'attend d'ailleurs pas ce geste, car il pose une main sur ma joue, ses doigts passent derrière mon oreille, et il rapproche mon visage du sien. Nos lèvres se frôlent.
Merde, on devait pas être amis ?
Je suis sur le point de me liquéfier sur place. Mon cœur bat à une vitesse folle, je me sens même trembler. Puis il s'avance un peu plus, et nos bouches entrent en contact.
C'est la première fois de ma vie que j'embrasse un garçon. Ses lèvres sont douces, comme ses mains, et ont un petit goût sucré dû à l'alcool. Mon estomac se renverse, papillonne, comme dans les dessins animés. Ce qu'il se passe est presque indescriptible. Orel approfondi la chose, fait même entrer nos deux langues en contact, parfois. Ses mains sont derrière ma tête, m'agrippent légèrement les cheveux.
J'ai chaud. J'ai les paupières closes, mais je vois un feu d'artifice de couleurs derrière celles-ci. Je me sens bien, une minuscule partie de moi se demande déjà si je vais le regretter.
Mais à ce moment là je repousse toute règle morale, et j'emmerde ma bonne conscience. Je me laisse juste faire, parce qu'en fait, c'est ce dont j'ai envie.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant