Panique

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Orel est un connard.

Cette phrase tourne en boucle dans mon esprit depuis que j'ai quitté l'immeuble. Je le sais, maintenant, il me l'a prouvé. Ou plutôt, l'alcool me l'a prouvé.
Orel est un connard avec les filles.
C'est tout.
Il faut que je supprime son numéro, que je ne mette plus les pieds chez lui, que je ne lui adresse plus la parole.
Il faut qu'il disparaisse de ma vie, car il n'y apporte rien de bon.
Je le sais, tout ça, j'en suis consciente, j'essaye de me l'enfoncer dans le crâne, de me persuader de la vérité de ces propos, de me convaincre que c'est la meilleure des choses à faire.

Eh bien, devinez quoi ?
Je n'y arrive pas. Bravo.

Orel m'a blessée. Orel m'a déçue. Orel a été un véritable connard. Orel est seulement quelqu'un de nuisible.
Mais je suis encore amoureuse d'Orel. Et je ne suis certainement pas prête à l'oublier en un claquement de doigt. Il a prit une part trop importante dans ma vie ; je ne veux pas qu'il en soit rayé.
Je me trouve moi-même complètement folle. Mais sans cette bande, et sans lui, j'aurais l'impression de n'être plus rien.
J'ai reçu un message de Gringe, dans la journée après être rentrée.

« Gringe : Skate park 16h »

Juste ça. L'heure et l'endroit. Ça ressemble à un ordre, je ne pense pas avoir le choix. De toute façon, je ne compte pas me rendre en cours. Je ne suis clairement pas en état de supporter le lycée, aujourd'hui.
Je lui réponds.

« Moi : Ok »

Il est 13h44. Je suis assise sur mon lit, dans mon appartement vide.
Je ne me sens pas sale ou honteuse de ce qu'il s'est produit dans la nuit. Tout ce que je ressens est un cruel sentiment de manque et de déception. En manque de ses caresses, de sa peau, de lui. Et déçue par sa réaction violente, car je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse réagir comme ça.

Plus les minutes s'écoulent, et plus je doute. Gringe ne m'a rien fait, lui, mais finalement, est-ce que je le connais si bien que ça ? Je pensais connaître Orel, et il m'a réservé quelques surprises.
Et si jamais c'est juste Orel qui a demandé à Gringe d'envoyer ce message, car il savait que je ne répondrais sans doute pas s'il avouait que c'est lui qui se pointerait au skate park ?
Je ne sais pas si je peux le voir. Pas si tôt, pas après ça. Je lui en veux et je me sens trop mal à l'aise. Et si jamais il me sort ses quatre vérités pour m'avouer qu'il ne veut plus jamais me revoir ? Et s'il raconte haut et fort ce qu'il s'est passé cette nuit entre nous ? Et si tous les autres sont là, aussi, pour assister au spectacle ?
Et si je me trompais sur eux tous, finalement ?

Je suis maintenant paralysée à l'idée de m'y rendre. Je m'imagine les pires scénarios possibles. Je suis consciente d'être sans doute parano, mais ma peur ne s'estompe pas.
J'attrape mon téléphone a la va-vite et rédige un message rapide à Gringe.

« Moi : Finalement non, je peux pas »

Je me lève et vais dans le salon, pour changer un peu d'air. Ma chambre est devenu le nid de mes angoisses, de mes insomnies, de mes doutes. Impossible d'y rester trop longtemps sans être à deux doigts de craquer.
C'est incroyable comme je me sens vide.
Je suis seule chez moi, un grand silence règne dans l'appartement. Je ne parle pas à haute voix, comme il m'arrive de le faire quand il n'y a personne. Je déambule juste à travers les pièces. Je n'ai rien d'autre à faire.
L'étrange envie de me faire vomir me vient en tête. Je n'ai jamais pensé à de telles choses avant. Je n'ai jamais ressenti le besoin de me faire du mal comme ça.
C'est vraiment bizarre, je ne pense pas que ce soit normal. Qu'est-ce qui m'arrive, à la fin ? Je ne suis certainement pas la seule personne à broyer du noir ainsi, à penser à ces choses-là, il doit en exister ailleurs. Mais ça me fait peur. J'ai du mal à comprendre.
Inconsciemment, je me dirige vers le placard où se trouvent les alcools. J'effleure la poignée du bout des doigts.

Sous InfluenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant