Je regarde l'heure.
Il est 22h43.
Je suis assise en tailleur, sur mon lit, et je fixe mon téléphone.Je le fais. Je le fais pas. Je le fais. Je le fais pas...
J'avais gardé l'espoir minime qu'Orel refasse le premier pas de lui-même, mais pas du tout. Je n'ai reçu aucun message, aucun appel, aucun signe de vie.
Rien. Nada.
Je me retrouve donc à devoir le faire, si je ne veux pas qu'il passe totalement à autre chose.Je lui force un peu la main, non...?
Oui.
Parce que, s'il avait envie de revenir, il le ferait, je pense.
Pour me rassurer, je me dis qu'il comptait le faire bientôt. Que je prends juste un peu d'avance.
Je n'y crois pas vraiment.
J'ai peur de me faire remballer.
Il reste quelqu'un d'assez énigmatique. Je n'ai aucune idée de comment il va réagir. Je n'en ai aucune foutue idée, même pas une petite, je n'arrive pas à le cerner, et ça me dérange beaucoup. Il est trop... lui.Je reviens vite à la réalité, c'est à dire devant mon téléphone. Il est 23h51. Les minutes s'écoulent trop vite.
Et s'il est avec ses potes ? je songe. S'ils entendent tout, s'ils comprennent, si ça empire ma situation ?
J'étais prête à le faire, mais cette pensée me décourage un instant. Heureusement, je reprends vite le dessus sur mes craintes.
De toute façon, si je ne tente rien, il ne va rien se passer de plus.
Sur ce, je me lève pour aller mettre le nez dehors, à ma fenêtre, histoire que mes parents ne m'entendent pas. Je clique sur son contact, puis sur l'icône du téléphone. Je porte le mien à mon oreille, les mains légèrement tremblantes, le cœur commençant déjà à paniquer.
Je fixe le vieux bâtiment gris juste en face de moi.
Une sonnerie.
Puis deux.
Puis trois.
Quand la quatrième sonnerie s'entame, je me dis qu'il ne compte pas me répondre. Je suis déçue, mais ressens quand même une pointe de soulagement. Celle-ci ne dure pas, lorsque la voix d'Orel finit bel et bien par retentir dans mon oreille.- Allô ?
- Euh... Orel, c'est... c'est Ariane.
- Je sais. Ton nom s'est affiché sur mon écran, hein.
Ça commence bien.
Essaie de pas avoir l'air d'une idiote dès les premières secondes, au moins.- Hum... ouais...
- Qu'est-ce que tu veux ?
Il n'est pas agressif, mais il n'est pas sympathique non plus. Le ton de sa voix reste neutre, comme s'il ne ressentait absolument aucune émotion à cet instant précis.
Néanmoins, sa question me fait réfléchir comme jamais en une seconde, comme si la formulation de ma réponse importait plus que tout.- Hm... tu peux, euh... venir ?
Il laisse ma phrase en suspend pendant trois secondes. Je me sens rougir comme une tomate.
- Quoi, chez toi ? Maintenant ?
- Ouais, euh... s'il te plaît.
- Pourquoi ?
Je reste muette.
Je n'avais même pas réfléchi à ça. À ce que j'allais bien pouvoir lui dire, exactement. Peut être simplement que je veux continuer de le voir ?
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Sous Influence
FanfictionLe déménagement dans cette ville pluvieuse signifiait pour moi le début d'une vie ennuyante, monotone, et solitaire. Seulement, je n'étais pas au courant de quelles rencontres j'allais bien pouvoir faire ici. Je n'aurais jamais cru me laisser empor...