Sous Influence

Mer agitée

En un bond, je suis hors de mon lit.
Je ne sais pas si j'ai rêvé. C'est à dire que j'étais à moitié en train de somnoler, alors l'hypothèse que mon imagination me joue des tours n'est pas exclue à 100%. Je me rapproche de ma porte et tends l'oreille.
Rien.
Je sors de ma chambre, et pas à pas, me dirige vers l'entrée. Je suis sur le point de tirer la conclusion que rien ne bouge et que c'est seulement moi qui suis parano, quand un bruit de clé se fait entendre dans la serrure et que la porte s'ouvre sur mon père qui rentre en trombe dans l'appartement. Je fais le sursaut de ma vie.
Il a bu. Je le remarque directement, surtout quand il pose ses yeux sur moi. J'ai réellement peur, à ce moment-là.

- Qu'est-ce que tu fous là toi ? Tu viens de rentrer hein, c'est ça ?

À sa façon de parler, son état est encore plus flagrant.

- Non, j'arrive à répondre sans montrer que je suis effrayée. J'ai juste entendu du bruit alors je me suis levée.

Il ne m'écoute même pas et se dirige, titubant, vers la chambre qu'il partage avec ma mère. Quand il voit le lit vide, j'appréhende sa réaction. Il devait se douter que ça allait arriver à un moment où a un autre, vu le nombre de fois où ma mère le menaçait avec ça ces derniers temps.

- Elle est où ? il demande en se retournant vers moi.

Je ne réponds pas, d'abord, ce qui a le don de l'énerver. Il s'approche de moi.

- Réponds ! Elle est où, ta connasse de mère ?

Première insulte.
Garde ton calme, Ariane, garde ton calme.

- Elle est partie pour quelques jours.

- Où ça ? Dis-moi où elle est, dépêche-toi. Je vais la chercher.

Hors de question que je lui révèle qu'elle est chez l'un de ses collègues. En plus, peut-être que c'est un nouvel homme qu'elle fréquente, mais peu importe : de toute façon elle fait ce qu'elle veut et mon père ne doit pas savoir qu'elle est chez lui. Il va se montrer jaloux et encore plus violent, ça ne va rien arranger. 

- Je sais pas, elle a rien dit.

- Ah ouais, elle a rien dit ?

Je dois me forcer pour avoir l'air la plus convaincante possible.

- Non. Elle a dit qu'elle allait revenir bientôt, c'est tout. Elle a rien précisé de plus.

Mon père me dévisage pour déceler le moindre détail qui pourrait lui prouver que je mens.

- Je sais qu'elle est chez un de ses foutus collègues et tu vas me dire comment il s'appelle, dépêche-toi.

- Ça suffit, je retourne me coucher, je lâche.

J'ai envie de m'éclipser de cette situation. Je n'aime pas du tout me retrouver seule avec lui.
Sauf qu'en voulant le contourner pour aller dans ma chambre, il m'attrape le bras et le serre fort à m'en laisser des marques.

- Qu'est-ce que tu comprends pas dans ce que je te demande ? s'exclame-t-il en me secouant.

- Lâche-moi je te dis que je sais rien ! je lui crie en commençant à paniquer sérieusement.