Sous Influence

Menteuse

Cassandra est scotchée à Orel durant les jours qui suivent. Impossible de lui parler, que ce soit devant le lycée, au skate park, et même par messages, je suis persuadée qu'elle surveille son téléphone. Sinon, il m'en aurait envoyé un, non ?

Une après-midi, alors que je suis seule à une table, pendant une heure de perm, je ne résiste pas à la tentation. Je lui écris.

« Moi : Salut, ça te dit qu'on se voit quand je sors de cours ? Ça fait longtemps »

Puis j'envoie.
Je ne reçois aucune réponse de la journée.
Alice, quant à elle, revient à la charge. Plus que d'habitude, je veux dire.
Quand je passe près d'elle, j'entends très clairement le mot « pute ». Elle tente même de me faire des croche-pattes.
Je me contiens, je laisse glisser.

Elle n'en vaut pas la peine, je ne cesse de me répéter.

Mais elle me rend toujours aussi mal.
De toute façon, personne ne le voit, ou plutôt, n'a envie de le voir. Personne ne compte se lever, un jour, pour lui dire d'arrêter, ou pour me demander si ça va. Je n'ai aucun ami dans ce lycée. Je n'ai pas vraiment fait d'efforts pour en avoir non plus, certes. Mais un peu d'aide, parfois, ne serait pas trop demander.
Avant, je me disais que sans Alizée et mes autres copines, ma vie à Caen serait horrible. Mais maintenant, maintenant qu'elles m'ont lâchement tourné le dos, je me rends compte que ce déménagement n'a pas eu que du mauvais. J'ai ouvert les yeux, et je me suis rendue compte que je m'étais trompée sur elles. Puis, il m'a permis de rencontrer ces gars, avec qui je me sens plus libre que jamais.

17h, je sors de cours. Je n'ai toujours aucune réponse d'Orel. J'espère quand même le voir.
Je m'approche de la route, pour commencer par dire bonjour à mes amis. Je vois d'abord Clem et Ablaye, puis Claude. Je leur fait la bise, discute quelques secondes. Et même en quelques secondes, ils arrivent déjà à me faire sourire.
Je constate en me retournant que Matt, Gringe et Orel sont à l'autre bout de la route. Ils viennent de la descendre. Je m'apprête à les rejoindre, mais sans que je m'y attende, Cassandra apparaît et marche d'un pas décidé en ma direction. J'ai à peine le temps de songer à partir qu'elle est déjà plantée devant moi, mains sur les hanches, l'air extrêmement mauvais.
Oh bordel, ça sent mauvais.

- Ça va ? J'te dérange pas ? elle siffle.

Mon pouls s'accélère.

Qu'est-ce qu'elle me veut ?

- Euh... non, pourquoi ?

- C'est quoi ton problème à vouloir te taper mon mec ?

Elle parle fort. Tout le monde nous écoute.
J'ai un grand mal à répondre avec la même assurance qu'elle.

- Mais... quoi ? j'ai rien fait du tout, je...

- Apparemment t'as envie de baiser avec Orel ce soir hein ? C'est bien ce que tu lui as envoyé cet après-midi.

Je n'en crois pas mes oreilles.
J'entends quelques rires, quelques murmures.

Elle vient de piétiner ma réputation avec ses mensonges, là, devant tout le monde, en seulement quelques secondes.

- Pardon ? Mais c'est faux, j'ai jamais écrit ça de ma vie !

Cassandra a un léger rire amer.

- C'est ça, essaie d'te rattraper, je sais ce que j'ai lu. Alors écoute-moi bien, sale petite garce, t'es qu'une gamine sans intérêt, j'sais pas pour qui tu te prends à vouloir faire la chaudasse avec tous les gars, mais là c'est mon mec dont il est question, t'as capté ? elle me crache en plein visage.