Chapitre 1 - Partie 1

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Vendredi vingt neuf avril deux mille vingt-deux


Merline souffla aux énièmes cri de fan de sa sœur, sans être délicate elle lui arracha son livre des mains et l'envoya à son amie qui se précipita dans le café avec, alors que la plus jeune la pourchassait en éructant dans la rue. Elle entra elle aussi dans le commerce qui était encore désert. Sa cadette reprit bien vite son bien qu'elle colla contre sa poitrine pendant que son amie râlait.


- Vous êtes chiants à être tous aussi grand dans cette famille ! Hana leva les yeux au ciel en ronchonnant.

-C'est toi qui est lilliputienne. Merline passa un bras autour des épaules de son amie.

- Ne touche plus à mes affaires ! Morgane cria au milieu du café. J'ai besoin de ce livre, c'est vitale.

- Une vraie gamine Morgane. Je ne vois même pas pourquoi tu viens ici alors que tu pourrais tranquillement fantasmer sur tes monstres à la maison. Merline enfila son tablier après s'être débarrassée de son manteau.

- Ce ! Ne ! Sont ! Pas ! Des ! Monstres ! Elle se vexa quand elle vit l'amie de sa sœur rire. Ce sont des loups garous et vous le savez très bien. Elle alla se planter devant sa sœur qui commençait à descendre les chaises des tables. Et si tu veux savoir, je suis ici car les acteurs sont en ville en ce moment et je compte bien rencontrer mon âme sœur. Les yeux de son aîné roulèrent, alors que le fou rire de son amie reprenait. Je suis sûr que c'est un signe du destin. Elle se fit dévisager par les deux autres. J'ai eu vingt ans hier, je peux être gravée à tout moment maintenant et les mecs les plus cool de la planète sont ici. CQFD !

- T'en as pas marre de tes délires d'ado, et mon âme sœur ceci, et les loups garous par là. Bla Bla Bla, change de disque un peu.

- Ça ne te va pas la jalousie. Elle reprit avant que sa sœur l'incendie. Et oui ma grande, ça va faire un an et demi que tu as l'âge et tu n'as toujours pas été gravée. T'as pas l'impression d'être à la traîne ? Même Léo, qui à aussi eu vingt ans hier à déjà trouvé la sienne. Je ne compte pas être la dernière de la famille, tu seras la seule vieille fille. Elle s'installa sur un des canapés. Tu as beau avoir plein de tatouage, tu n'es pas prête d'en avoir un nouveau vu ton caractère de cochon. Elle tapota son poignet pour bien lui rappeler de quoi elle parlait.

- Comment-ça un nouveau tatouage ? Merline se tourna vers sa grand-mère qui venait d'arriver et qui lui attrapait les bras pour les regarder. De ses yeux perçant elle observa toutes les lignes qui mangeaient la peau de sa petite fille et regarda un peu plus celui qui représentait une cible sur son poignet gauche.

- Tu peux chercher il n'y en a pas de nouveau.

- Jamais avant un match. Hana s'approcha de Ninon et lui fit la bise avant d'aller derrière le comptoir.

- Bonjour quand même mamie. Elle l'embrassa aussi et suivit son amie. Morgane si tu es là pour glander tu peux rentrer.

- Viens plutôt dire bonjour à ta granny. La plus jeune s'approcha et l'embrassa. Viens avec moi, on va prendre notre petit déjeuner pendant que les deux autres travaille. Sous leurs regards courroucés elle ajouta. Tant que je ne suis pas prête d'être arrière grand mère, tu te débrouilles sans moi avec le café. La plus jeune lui tira la langue en quittant la boutique, alors que Merline étranglait un fantôme devant elle.

- T'as famille m'éclate, vous avez tous un sale caractère. Hana alluma l'ordinateur de la caisse en rigolant.

- Peut-être, mais un sale caractère différent pour chacun ! Et je préfère finir vieille fille que déçut comme Morgane le sera quand elle aura une âme sœur bien banale comparé aux films qu'elle se fait.

- On finira vieilles filles ensemble.

- Ouai bébé. Elle tapa dans la main de son amie avant de mettre en route le percolateur.


Finir sa vie avec sa demie âme sœur lui allait parfaitement. Elles travaillaient ensemble, s'entraînaient ensemble, passaient leur temps libre ensemble, avaient les même amis et elles se connaissaient depuis quasiment toujours. D'ailleurs Merline fut la première de ses frères et sœurs a être gravée par le destin. Le premier jour d'école, alors qu'elle trottinait pour suivre ses frères à l'entrée du bâtiment, elle avait percuté une autre petite fille qui tenait fermement la main de son grand frère, qui lui était fière de guider sa sœur, comparé aux siens qui l'avaient lâchement abandonné pour retrouver leurs copains. Après lui avoir proposé de devenir sa copine, elle s'était mis à crier en même temps que sa nouvelle amie. C'était là la première fois qu'elle avait ressentit la morsure de la gravure. Une petite étoile s'était formée sur son poignet, au niveau du trou que forme le pouce quand on le lève, là où papy Gaston mettait son tabac qui pu. Depuis elles ne s'étaient plus quittées. Pas seulement à l'école où il n'y avait que cinq classes pour tout les niveaux scolaires allant de la petite section au CM2, mais partout. D'ailleurs leurs pères, qui avaient été là en ce jour de rentré, avaient bien comprit que sans rien demander ils avaient tout deux un nouvel enfant dans leur famille ; une proposition de boire un café plus tard, leurs petits derniers, qui étaient encore en poussette, jouaient ensemble. A l'époque cette histoire avait fait le tour des journaux de la montagne. Deux petites filles de trois ans qui sont gravées ça ne courait pas les rues. Au fils des années elles avaient une brosse à dent chez l'autre, un tiroir pour y laisser quelques affaires, des souvenirs de week end et de vacances en commun, des tâches de cambouis sur leurs jeans à force de traîner dans le garage familiale et même inventé une chorégraphie avec le squelette dans la salle d'attente du cabinet médical de la mère d'Hana. Aujourd'hui elles n'ont plus aucun secret l'une pour l'autre, quand Merline dit qu'elle ne veut pas rencontrer son âme sœur Hana le sait déjà. Alors finir sa vie à côté de quelqu'un qui la connaît par cœur et avec qui elle peut être elle même lui convient très bien, peut importe ce que sa famille peut bien dire.


- Tu finis à quelle heure aujourd'hui ? Hana passa un coup d'éponge sur le bar.

- Dix-huit heure, je remplace ma grand mère tout l'après-midi. J'irai à la halle directement en sortant du boulot.

- Pas le temps de faire une sieste d'avant match alors. J'irai aider ton frère à installer le terrain, on se retrouve directement là bas.

- Mouai.

- Fais pas cette tête, tu sais très bien qu'avec Arthur on ne pouvait pas être âme sœur. Hana rigola en même temps qu'elle.

- Ça suffit avec cette histoire, j'étais petite et j'espérai vraiment que ma meilleure amie épouse mon grand frère. Elle secoua la tête. Ce qui m'ennuie c'est de travailler avec Li Na cet après midi. Elle va encore me parler de mon cousin qui fait de super étude, alors que moi j'ai tout arrêté pour aller me battre en mini short avec d'autres filles. Merline leva les yeux au ciel.

- Heureusement Sacha n'est pas comme ça. Hana grimaça, elle avait déjà entendu la tante de son amie dire ça mot pour mot. D'ailleurs en regardant de l'extérieur on ne croirait pas que c'est son fils.

- C'est un Versang c'est pour ça. Un pur et dur, pas un par alliance. Lui aussi a un caractère de cochon. Merline lança la machine machinalement et sortit une tasse. La routine habituelle prenait place, la vie continuait sans entendre parler d'âme sœur ou de loup garou, pendant qu'Hana rigolait alors que le premier client arrivait « Au p'tit Savoie ».




Partie 2 à la suite

L'art de manier la mauvaise foiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant