Sous terre

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Deux mois plus tard.

Buck allait mieux.

Vraiment mieux. Ça avait été difficile mais il était parvenu à remonter la pente. Tout ça, c'était grâce à Eddie.

Une fois qu'ils avaient réussi à finir cette liste, il avait décidé de prendre un mois de congés, sans solde, pour l'emmener faire tout ce qui était inscrit dessus.

Et on pouvait dire qu'ils s'étaient bien amusés.

Eddie avait passé ses matinées à faire la classe à son fils. Ensuite, ils étaient partis pour leurs aventures. Et pendant un mois entier Buck était parvenu à oublier ce qui s'était passé, ce qui lui était arrivé et ça lui avait fait tellement de bien.

À leur retour, Eddie avait repris le travail, et lui s'était remis à l'entrainement. Il était hors de question, qu'il poireaute à la maison pendant des plombes. Il était motivé à revenir à la 118, à reprendre son poste, à redevenir le vrai Buck.

Et il avait réussi.

Il avait repris sa place au sein de la caserne. Depuis trois jours, il était de nouveau un membre actif de la brigade. Il vivait toujours chez Eddie, il dormait dans son lit, avec lui.

Il était bien.

Miguel était toujours introuvable et Eddie souhaitait qu'il reste avec eux jusqu'à ce que la police ait mis la main sur lui. Buck ne s'en plaignait pas. Il avait l'impression d'avoir trouvé sa place dans cette maison et il n'avait aucune envie de retourner chez lui.

Il n'y avait pas remis les pieds d'ailleurs.

Même pas pour récupérer des affaires. Cet endroit, qui avait été son refuge si longtemps, lui faisait presque peur à présent. Il avait préféré investir dans une nouvelle garde-robe, piquant de temps à autre un t-shirt à Eddie.

Il regarda une nouvelle fois sa liste.

Ils avaient cochés quasiment toutes les cases. La seule sur laquelle ils n'étaient pas d'accord, c'était la première. Eddie se vantait d'avoir accompli sa mission mais Buck savait qu'il lui manquait le principal : être aimé.

D'accord, tous ses amis l'aimaient, Maddie l'aimaient, même Eddie mais pas comme il le désirait. Il l'aimait toujours et il se rendait compte qu'il n'avait jamais cessé de l'aimer. C'était con mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

Il n'était pas seulement beau.

Il n'était pas seulement l'homme le plus gentil de cette planète. Il n'était pas seulement le plus aimant des pères. Il n'était pas seulement le plus sexy des pompiers qu'il ait rencontré. Il n'était pas seulement si bien gaulé qu'il pourrait faire revenir des morts à la vie.

Il était Eddie, l'homme qu'il aimait.

Ils dormaient toujours ensemble. Ils ne faisaient que dormir et Buck s'était plus d'une fois réveillé, en le tenant contre lui, avant de se dégager, gêné. Mais c'était le seul rapprochement qu'il s'autorisait.

C'était déjà tellement pour lui.

Sentir la chaleur de sa peau, son odeur, entendre le son de sa respiration, c'était déjà tellement plaisant, tellement important. Pour le moment, il n'en demandait pas plus. Il replia la liste et la rangea dans sa poche.

Eddie lui lança un petit sourire satisfait et il leva les yeux au ciel.

Le camion s'arrêta soudain devant la maison et ils en descendirent, en un mouvement parfaitement coordonné.

- Un petit garçon de quatre ans porté disparu sur la propriété de ses parents, affirma Bobby. Il peut être n'importe où et il ne survivra pas à la nuit alors il faut ratisser le secteur et le retrouver. Je me suis bien fait comprendre ?

- Oui, Cap, lâcha Buck.

Les interventions qui concernaient des enfants, Buck n'aimait pas ça.

C'était trop dur lorsqu'ils retrouvaient un petit corps, sans vie. Heureusement que ça n'arrivait pas souvent. Les enfants étaient bien plus résistants que les adultes.

Ils étaient en train de ratisser la zone lorsqu'Eddie trouva la trace du petit disparu.

- Les gars, par ici ! hurla-t-il. Un coup de main !

Le pauvre était tombé dans un vieux puit.

Il était à quatorze mètres sous terre. Heureusement que le conduit était étroit. Ça lui avait sauvé la vie. Hen leur avait indiqué que, vu sa posture, il devait avoir du mal à respirer. Bobby avait décidé de creuser parallèlement au puit, afin de l'atteindre de façon sécurisée.

Puis, la météo s'en était mêlée avec un orage, pas vraiment prévu au programme.

Lorsque la mère du petit garçon avait craqué, Eddie avait pris le relai et l'avait rassuré. Puis, il avait pris la décision de descendre dans le puit. Bobby lui avait donné trente minutes pour trouver l'enfant.

Pas une de plus.

Eddie lui avait adressé un clin d'œil, juste avant de disparaitre et Buck avait eu un mauvais pressentiment mais il avait quand même actionné le treuil.

Au bout de trente minutes, Bobby avait donné l'ordre de le remonter et Buck s'était exécuté mais Eddie avait coupé la corde. Il avait remonté un morceau de corde sans rien au bout et son cœur s'était serré.

Buck s'était immédiatement proposé de descendre le chercher mais Hen lui avait fait remarquer qu'il était bien trop tête brûlée lui aussi et c'était Chimney qui était descendu.

Il était remonté en quelques minutes avec l'enfant dans les bras, sous les applaudissements de la foule.

- Eddie va bien, affirma Chimney.

Et Buck sentit une vague de soulagement le traverser. Il n'aurait pas supporté de le perdre.

- Il faut juste lui renvoyer une corde.

- Ok, s'écria Bobby. Il me faut une autre corde de quinze mètre pour remonter mon gars. On remonte Eddie et on rentre à la maison.

La foudre s'abattit soudain sur le camion, qui se coucha sur le trou foré. Buck eut juste le temps d'attraper son capitaine et de le pousser hors de la trajectoire.

Lorsqu'il se redressa, il vit que la boue s'était engouffrée dans le trou.

- Non, souffla-t-il. Eddie, pas ça. EDDIE ! NON !

Il s'était jeté dans la boue et creusait à mains nues. Il ne pouvait pas le perdre comme ça. C'était impossible. Il le refusait de toutes ses forces. Il ne pouvait pas l'abandonner, pas maintenant qu'il se sentait mieux, enfin prêt à autre chose.

- EDDIE, l'appela-t-il avec toute la force du désespoir.

- Buck, lâcha soudain Bobby en le prenant sous les épaules. Buck, lèves-toi ! Allez Buck.

Il le traina hors de la boue et Buck parvint à reprendre son sang-froid pour aller assister au briefing.

- Cap, il faut recreuser, lui lança-t-il.

- On ne peut plus se servir de la foreuse Buck, et on ne peut pas en faire venir une autre, la route est inondée.

- Ok alors on creuse à la main, lâcha-t-il.

- Il pleut trop, lui rappela Chimney.

- Il peut tenir combien de temps là-dessous ?

- Il est à au moins dix mètres et tout s'est écroulé sur sa tête, lui rappela-t-il.

Buck vit le regard de chacun des membres de l'équipe et il comprit. Il le refusait de toutes ses forces.

- Vous pensez tous qu'il est mort, leur reprocha-t-il.

- Non personne ne pense ça, le rassura Bobby.

- On ne sait pas comment le remonter, dit Chimney.

- Mais on n'abandonnera pas, poursuivit Hen. On va le retrouver, on va le remonter.

9-1-1 - Je te prometsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant