Une amie en or

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Eddie était un peu à l'écart de l'agitation.

Buck devait rester à l'hôpital seulement deux jours mais une autre infection s'était déclenchée et ça faisait déjà une semaine qu'il était enfermé dans cette chambre d'hôpital.

Une semaine qu'Eddie avait des nouvelles grâce aux infirmières.

Une semaine que Buck refusait de le voir.

Une semaine qu'il passait ses journées et ses nuits dans cette salle d'attente.

Eddie n'en pouvait plus mais Buck l'envoyait sur les roses à chaque fois qu'il essayait de revenir vers lui. Il n'arrivait plus à attendre sans rien faire, ça le rendait complètement dingue.

C'était pour ça qu'il était venu là, pour demander de l'aide.

Il n'avait plus qu'une seule idée en tête : sauver l'homme qu'il aimait et tant pis s'il le haïssait, tant pis s'il ne voulait plus jamais le revoir, tout ce qu'il voulait c'était qu'il vive et il acceptait d'en payer le prix, quel qu'il soit.

Il espérait qu'il arriverait à la convaincre de l'aider.

Pour le moment, il attendait qu'elle ait fini son travail. Il savait qu'elle l'avait vu et il savait aussi qu'elle ne l'aimait pas beaucoup, qu'elle avait toujours préféré Buck.

Il sortit son téléphone pour vérifier l'heure.

Il avait appelé les parents de Buck plusieurs fois cette semaine mais ils n'avaient pas décroché. Il savait que Buck avait interdit à Maddie de les prévenir, en lui signifiant qu'il s'agissait de ses dernières volontés de ne surtout pas les voir avant de mourir et elle avait décidé de respecter son choix, même si elle n'était pas d'accord.

Mais Eddie n'était pas d'accord avec ça.

Il refusait de subir les caprices de Buck. C'était en train de détruire leurs derniers instants ensembles. Il savait que Buck souffrait que c'était sa façon de les protéger de ce qui lui arrivait, mais il refusait d'être exclu aussi facilement. Si Buck ne voulait pas se battre alors il se battrait à sa place.

Il composa leur numéro et fut basculé sur le répondeur encore une fois.

- Bonjour, c'est Eddie, le... L'homme qui aime votre fils.

Il devait bien admettre qu'il ne savait plus vraiment comment se qualifier. Il n'était plus très sûr d'être encore en couple avec lui, d'être encore son petit-ami.

Mais il continuait de l'aimer, ça il en était sûr.

- Buck est... malade, articula-t-il. Il est en train de mourir. Je ne voulais pas vous annoncer ça sur votre répondeur mais vous refusez... de me répondre.

Et il les détestait de le forcer à faire ça, de l'obliger à dire tout ça à une machine. Il pensa avec amertume que ce devait être une caractéristique des Buckley de l'obliger à se livrer sur leur répondeur.

- Il a une... Une leucémie, lâcha-t-il en essayant de ne pas se laisser submerger par sa douleur. Il a besoin d'une greffe. Je ne suis pas compatible et il ne lui reste que peu de temps. Son état se détériore très vite. Il est à l'hôpital et il... n'en sortira plus. Le médecin l'a mis sous chimio en préparation à une éventuelle greffe mais il y a... peu d'espoir. Il... ne terminera pas l'année.

C'était difficile à dire et il espérait que ça serait aussi difficile à entendre pour eux, que ça les ferait réagir. Ils ne pouvaient pas être insensibles au point de le laisser mourir de la même maladie que leur premier fils, sans rien faire pour lui apporter leur soutien.

- Je vous en prie, ne le laissez pas partir, en pensant que vous ne l'aimez pas. Il a besoin de se sentir aimé, s'il-vous-plait.

Il raccrocha et essuya ses larmes, comme il le pouvait.

Il glissa son téléphone dans sa poche arrière et vit la jeune femme rendre l'antenne et se diriger vers lui d'un pas rapide.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Salut Taylor, j'ai besoin d'un service.

- Je passe, lâcha-t-elle en lui tournant le dos.

- C'est pour Buck, lâcha-t-il pour la retenir. Pour lui sauver la vie.

Elle se figea et se tourna vers lui, curieuse.

Eddie savait qu'ils avaient eu une relation tous les deux, même si ce n'était que pour le sexe. Et puis, un jour Buck avait décidé de passer à autre chose et il avait fréquenté une autre jeune femme, Ali Martin.

- Je t'accorde une minute de mon temps, alors utilise-la bien.

- Buck est malade, il est... mourant.

- Mourant, s'inquiéta-t-elle. Il a quoi au juste ?

- Leucémie et si on ne fait rien, il sera mort dans deux semaines.

- Deux... ?

Cette fois, Eddie avait son attention.

Elle ne l'aimait pas vraiment mais elle aimait Buck et elle semblait choquée d'apprendre sa mort imminente. Eddie espérait qu'elle accepterait de l'aider à mettre son plan à exécution.

À vrai dire, c'était un peu la tentative de la dernière chance.

- Ok, tu comptes lui sauver la vie comment ? s'enquit-elle.

- Il a besoin d'une greffe.

- Je ne suis pas médecin et je ne gère pas non plus le registre des dons.

- Non mais tu es armée d'une caméra et tu peux toucher beaucoup de monde.

- C'est lui qui t'a demandé de venir me voir ?

- Non et quand il le saura, il ne voudra plus jamais me voir mais je dois le sauver même si c'est pour qu'il passe les cinquante prochaines années à me haïr.

- Tu serais prêt à le laisser vivre sa vie loin de toi ?

- Tout ce que je veux, c'est qu'il vive.

- Parce que tu l'aimes ?

- C'est l'homme de ma vie.

- J'ai cru comprendre quand je vous ai vu l'autre soir, main dans la main.

- Tu nous as vus ?

- Pourquoi tu crois que je t'ignore depuis tout à l'heure ?

- Parce que tu me détestes ?

- Je ne te déteste pas. J'ai seulement eu la confirmation de ce que je soupçonnais déjà quand j'étais avec Buck. Qu'il t'aimait. Il parlait de toi sans arrêt.

- Je ne savais pas.

- Il a eu le courage de sauter le pas, c'est bien.

- C'est moi qui me suis déclaré le premier, admit-il. Lui et moi, ça faisait longtemps mais c'est fini. Il ne veut plus me voir. Il est en train de mourir tout seul et moi je ne peux même pas lui dire au revoir.

- Je suis désolée.

- Je n'ai plus rien à perdre, Taylor. Il me déteste déjà mais je ne veux pas qu'il meurt. Je ne le supporterai pas.

- Qu'est-ce que tu proposes ?

- Il est pompier ici depuis plus de trois ans. Il a vécu un tsunami, un tremblement de terre... Il est venu en aide à tellement de personnes, il a sauvé tellement de monde. Je me dis qu'il y en a peut-être un quart qui répondra à l'appel et avec un peu de chance, quelqu'un sera compatible.

Taylor hocha la tête imperceptiblement. Elle réfléchissait à la demande. Elle considérait sérieusement la proposition.

- Je dois convaincre mon chef, le prévint-elle.

- Tu crois qu'il acceptera ?

- Dis comme ça c'est morbide mais, c'est bientôt noël et les gens ont besoin d'un miracle, et les miracles ça rapporte. Je vais faire ce qu'il faut.

- Buck a de la chance, souffla-t-il. Il a une amie en or.

9-1-1 - Je te prometsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant