Presque parfait

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Buck était allongé dans leur lit, tenant son compagnon contre lui.

Ils étaient peau contre peau et se caressaient en silence, chacun perdu dans ses propres pensées. Buck avait eu du mal à accepter ce qui s'était passé, à comprendre qu'il n'était pas responsable des actes de Miguel.

Mais il avait fini par accepter et il avait témoigné à son procès, tout comme Eddie. Et il avait parlé à Mark Sanders, l'ex de Miguel, qui avait témoigné en faveur de Mia. Ils avaient beaucoup appris l'un de l'autre, de leur douleur commune.

Ce que leur avait fait ce monstre aurait pu les détruire mais ils s'étaient reconstruit l'un comme l'autre. Mark aussi avait retrouvé l'amour auprès d'un homme patient et gentil. Il lui avait dit lui avoir tout raconté, pour le faire fuir mais ce nigaud, selon ses propres termes, s'était accroché pour ne plus le lâcher.

Buck se sentait apaisé.

Il avait aussi rencontré deux autres hommes, abusés par Miguel. Ils avaient admis ne pas en avoir conscience jusqu'à ce qu'ils lisent l'appel à témoin et ils s'étaient manifesté un peu honteux, mais conscient que c'était le seul moyen de guérir.

Athena n'avait pas pu retrouver d'autres victimes. Celles-ci avaient gardé le silence et n'avaient pas répondu à l'appel à témoin. Mais ça avait été suffisant. Miguel avait fini par craquer et par admettre les viols, les manipulations, la tentative de meurtre sur Eddie et l'enlèvement de Christopher, avant de plaider la folie.

Le juge n'avait pas été dupe et il avait écopé de vingt ans de réclusion criminelle, incompressible, avec une obligation de soin. Buck en avait été soulagé mais Miguel en avait décidé autrement, en se donnant la mort moins de deux jours après le verdict.

Il savait qu'Eddie en avait été apaisé mais Buck ressentait de la culpabilité.

Il se sentait responsable de la mort de Miguel et responsable de sa folie. C'était lui qui l'avait rendu fou. Il travaillait sur ce sentiment avec sa thérapeute, il commençait à prendre conscience qu'il n'était pas responsable de ce qui s'était passé.

- J'ai vu mademoiselle Flores, aujourd'hui, lâcha soudain Eddie.

Buck eut un sourire en coin.

Il savait qu'Eddie l'évitait. En règle générale, il évitait d'aller chercher Chris à l'école. Il avait eu trop peur quand il avait disparu et il avait une terrible appréhension au moment de sortir de la voiture.

Ses crises d'angoisse commençaient néanmoins à s'espacer. Buck l'avait alors encouragé à aller au bout, à affronter sa peur et il l'avait fait.

- Elle voulait s'excuser.

- C'est bien, approuva-t-il.

- Je lui en veux toujours.

- Je sais mais elle ne pouvait pas savoir.

- Même, elle a laissé partir mon fils avec une inconnue.

- Mia va mieux, tu sais.

Mia reprenait goût à la vie depuis le décès de son frère. Elle avait été admise en institut psychiatrique. Mark venait la voir régulièrement lui aussi. Elle allait devoir rester encore quelques temps mais elle ne vivait plus dans l'ombre de son frère.

Eddie avait du mal à comprendre qu'elle ne soit pas en prison, mais il acceptait qu'il souhaite l'aider. Elle aussi avait été sous l'emprise de son frère. Il la tenait par la peur et la menace.

Elle avait besoin de temps pour guérir, se remettre.

- Je sais, mais à elle non plus je ne peux pas pardonner, affirma Eddie. Pas encore.

- Je comprends.

Eddie garda le silence un moment avant de reprendre.

- Mademoiselle Flores m'a invité à boire un verre.

- Sérieux ?

- Elle a dit que c'était pour se faire pardonner, affirma Eddie. Je lui ai dit que ce n'était pas nécessaire.

- Tu es conscient que ce n'est pas la vraie raison de cette invitation ?

Buck fronçait les sourcils.

Il se demandait si Eddie avait remarqué l'intérêt que lui portait l'institutrice de Christopher. À chaque fois qu'elle le regardait, elle avait des étoiles dans les yeux et c'était difficile à manquer.

- Je sais que je lui plais.

- Et ?

- Et quoi ?

- Bah, tu lui as expliqué ?

- Que je ne l'aimais pas ? Non.

- Ah ! souffla Buck déçu.

- Mais je lui ai dit que j'étais déjà en couple.

- Et qu'est-ce qu'elle a dit ?

- Que ma petite-amie avait de la chance, rit-il soudain.

- C'est vrai qu'elle a de la chance, répliqua Buck, d'un ton sec. Tu devrais me la présenter un jour.

- Tu es vexé ?

- Admets, qu'il y a de quoi ! Pourquoi quand tu dis que tu es en couple, on pense tout de suite que c'est avec une femme ?

- Parce que je suis un homme ? tenta Eddie.

- C'est malin ça, bouda-t-il.

- Ne t'en fais pas, j'ai remis les pendules à l'heure.

- Tu lui as dit ?

- Il était temps qu'elle comprenne. Elle a bien dû voir qu'on se tenait la main depuis le temps qu'on se rend à l'école ensemble.

- Et qu'est-ce qu'elle a dit ?

- Qu'on formait un beau couple.

Buck lui jeta un regard et Eddie leva les yeux sur lui avec un sourire. Il haussa les sourcils pour lui signifier qu'il attendait sa réponse.

- Tu ne trouves pas qu'on forme un beau couple ?

- Non, moi je trouve qu'on est un couple presque parfait.

- Presque ?

Buck fit une moue.

Il réfléchissait et Eddie se redressa impatient. Buck aimait bien le faire mariner et puis il avait remarqué qu'Eddie trouvait ça sexy. Il arborait à chaque fois ce regard de prédateur qu'il avait actuellement.

Buck se retint de sourire quand il le sentit ramper sur lui.

- Qu'est-ce qui me vaut une note de « presque » parfait ? grogna-t-il.

- Tu sais que je te fais marcher ?

- Ne te défile pas, gronda-t-il. Accouche !

- J'aimerais bien, admit-il sérieusement.

- Est-ce que... ? Est-ce que tu vas remettre cette histoire de père sur le tapis ?

- Quoi ? Non, je...

- Buck, tu es le père de Christopher autant que moi. Tu n'as pas hésité à affronter ton pire cauchemar pour lui sauver la vie.

- Tu es son père et je refuse de prendre ta place.

- Et qu'est-ce que tu dirais de te faire une place bien à toi ?

- Eddie...

- S'il te faut ça pour être heureux alors je vais en parler avec lui, voir comment il voit les choses de son côté. Mais pour moi tu es son père, autant que moi alors rentre toi ça dans la tête.

- Je t'aime tu sais.

- Moi aussi je t'aime.

- Tu as raison, lui sourit-il. On mérite une note de « parfait ».

9-1-1 - Je te prometsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant