9-1-1 - Je te promets

Le diner

Eddie trouvait que ça se passait plutôt bien.

Buck commençait à se détendre et l'atmosphère était vraiment bon enfant. Il se leva pour aller chercher une bouteille de vin à la cuisine. Il pouvait entendre le rire de son petit-ami et ça lui faisait plaisir qu'il profite de cette soirée.

- Vous avez du pain, Edmundo ? demanda soudain la voix de Phillip Buckley.

Eddie se tourna surpris et le découvrit avec la corbeille vide à la main.

- Oui, bien sûr.

Il délaissa la bouteille et s'activa à remplir la corbeille.

- Je n'ai pu m'empêcher de remarquer les photos dans le salon. Vous avez un enfant ?

- Oui, lui sourit-il. Christopher... c'est mon rayon de soleil.

- Et il n'est pas avec vous ? Avec sa mère, je présume.

Eddie ressentit une pointe de couteau lui lacérer le cœur.

Ça ressemblait à une pique mais après tout, la question était légitime. Et puis, les Buckley ne savaient encore rien de sa vie. C'était d'ailleurs le but de cette soirée : faire connaissance.

- Chez mon abuela, pour la nuit, rectifie-t-il. Il a... ses rituels.

- Je vois. Et qu'en pense-t-elle ? Votre ex-femme, je veux dire, de la relation que vous entretenez avec mon fils ? J'ose espérer que vous êtes divorcé.

Eddie dû se résoudre à l'évidence.

C'était une pique et pas des moindres. Comment se faire arracher et écrabouiller le cœur en deux leçons ? Par Phillip Buckley.

- Je ne suis pas divorcé, tacla-t-il. Je suis veuf. Vous voulez voir mon livret de famille peut-être ?

- Vous m'en voyez navré, lâcha-t-il contrit. Evan ne nous avait rien dit. En réalité, nous ignorions tout de vous, avant notre arrivée la semaine dernière. Pourtant, nous étions au courant pour ce « Miguel ». Peut-être qu'il prenait cette relation bien plus au sérieux que la vôtre.

Et de trois.

Eddie commençait à comprendre pourquoi Buck craignait autant cette rencontre. C'était déstabilisant de se faire malmener de la sorte.

- C'est quoi votre problème en fait ?

- C'est vous mon problème. Vous et votre perversion. Je suis désolé pour vous si vous avez perdu votre femme mais ressaisissez-vous bon sang ! Quelle image vous donner à votre petit garçon ?

- Je vous interdis de me juger.

- Et moi, je vous interdis de fréquenter mon fils.

- Buck est majeur, il sait ce qu'il fait.

- De toute évidence, confirma-t-il sèchement. Et il le sait mieux que vous.

Eddie essayait de ne pas sortir de ses gonds mais il avait la furieuse envie de le frapper pour toutes les saloperies qu'il venait de lui jeter au visage.

- Vous ignorez qui est mon fils. J'ai l'habitude de ses frasques. Il cherche à attirer l'attention et comme l'homosexualité est la mode, il s'est dit pourquoi pas.

- N'allez pas trop loin, monsieur Buckley, gronda-t-il sentant déjà ses poings se serrer.

- Je vous plains, finalement. Evan a trouvé un nouveau moyen d'emmerder papa et maman et ce moyen c'est vous, mon cher Edmundo.

Ce connard allait finir par lui faire détester son propre prénom.

- Quand il verra que je me fiche royalement de votre relation, il vous mettra dehors, vous et votre progéniture. Alors, ne vous attachez pas trop à lui !