La vue te plait ?

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Buck s'était figé sur le seuil de la salle de bain.

Eddie lui tournait le dos, occupé à changer les lames de son rasoir. Il était encore humide de la douche qu'il venait de prendre et avait seulement pris le temps d'enrouler une serviette autour de sa taille.

Buck le pensait sortit de la salle de bain depuis un moment. C'était pour ça qu'il était entré sans frapper mais il était à présent bien incapable de ressortir, de le quitter des yeux.

Eddie avait un corps de dieu grec.

Ce n'était pas humain d'être aussi bien gaulé. Sa peau bronzée, ses muscles bien dessinés, le creux entre ses omoplates, la courbure de ses reins, qui disparaissait sous la serviette, tout en lui l'excitait.

Indifférent à son état, Eddie était concentré sur sa tâche et Buck pouvait apprécier sa nuque dégagée et ses épaules carrées.

Son regard revint sur ses fesses qu'il se souvenait avoir pressées entre ses doigts presque dix ans auparavant. Il avait une envie furieuse de recommencer et la chaleur qui commençait à l'envahir était de plus en plus incontrôlable.

Il allait finir par lui sauter dessus.

- La vue te plait ? demanda soudain la voix d'Eddie, en le regardant dans le reflet du miroir.

Buck détourna immédiatement le regard.

Il se sentait rougir de honte d'avoir été grillé de façon aussi flagrante. Il fallait qu'il soit complètement débile pour être resté planter là à le mater.

C'était certain qu'à un moment Eddie allait le voir.

- Je... Désolé, je pensais que la douche était libre, s'excusa-t-il. Je croyais que je pouvais...

- Je plaisante, Buck, le coupa-t-il en se tournant vers lui. J'ai fini de toute façon.

Eddie reposa son rasoir sur le bord du lavabo et s'avança vers lui.

Buck ne put s'empêcher d'admirer le balancement de ses hanches et sa démarche féline. Il pensa amèrement que s'il avait voulu l'allumer, il ne s'y serait pas pris autrement.

Et ça marchait foutrement bien en plus.

Il se glissa entre lui et le chambranle de la porte mais il s'arrêta pour lui faire face, et Buck fut décontenancé. Il était partagé entre l'envie de se jeter sur lui, en le plaquant contre son corps et celle de s'enfermer dans la salle de bain, en fermant à double tour pour ne plus être tenté.

- Alors ? souffla-t-il.

- Alors quoi ? demanda Buck perturbé.

- Ce n'est pas parce que je te charriais que je n'ai pas envie de savoir.

- Tu veux savoir quoi ?

- Si tu aimes ce que tu vois.

Est-ce qu'il venait vraiment de lui poser cette question ou est-ce qu'il s'imaginait des choses ? Il avait pensé quelques mois auparavant qu'Eddie avait un comportement bizarre, presque comme s'il le draguait mais depuis qu'ils vivaient ensemble, il n'y avait plus d'ambiguïtés.

Ils étaient amis.

Buck ne comprenait pas ce revirement de situation.

Qu'est-ce qu'il attendait de lui exactement ?

Est-ce qu'il se moquait de lui ?

Est-ce qu'il jouait avec lui ?

Il détestait ça et c'était à lui de remettre de la distance entre eux. Il allait devoir se trouver un nouvel appart et reconstruire leur relation sur une base plus saine que le jeu auquel ils jouaient.

Tout ça, c'était de sa faute.

C'était lui qui l'avait allumé le premier, quelques mois auparavant. Buck s'était sentit plus fort parce qu'il était en couple. Il avait réussi à s'affirmer et il savait qu'à un moment Eddie se vengerait.

C'était ça leur relation : des amis qui se faisaient des blagues. Et comme sa bisexualité n'était plus un secret, Eddie avait de quoi s'amuser.

- Je suis désolé, Eddie.

- De quoi ? s'étonna-t-il.

- De t'avoir maté, ça se fait pas et je te promets que ça ne se reproduira pas.

- J'aime bien quand tu me mates, répliqua-t-il avec un sourire.

Buck suffoqua.

Cette fois, il ne rêvait pas. Il était clairement en train de l'allumer et il avait de plus en plus de mal à gérer la proximité de leurs corps.

Il ne devait pas flancher.

Avoir une aventure avec Eddie serait une erreur. Il ne voulait pas le perdre encore pendant dix ans.

Cette fois, il n'y survivrait pas.

- Et j'attends toujours ma réponse, se moqua-t-il.

- Je..., déglutit-t-il.

- Indécis ? s'amusa-t-il. Je comprends.

Il prit sa main dans la sienne et Buck sentit les muscles de son corps se raidir. Il trembla lorsque son ami posa sa main sur son torse. C'était chaud et humide et tellement dur qu'il perdit contenance et qu'il ferma les yeux pour se calmer.

Il sentit Eddie guider sa main jusqu'à la serviette et il rouvrit les yeux.

- À toi de voir si tu veux en voir plus, souffla-t-il.

Bien sûr qu'il en avait envie.

Il ne pensait qu'à ça mais Eddie venait de subir un choc. Il avait failli mourir et il n'était pas dans son état normal. Buck sentait ses doigts accrochés à la serviette, prêt à la lui arracher, les yeux d'Eddie le suppliaient de le faire.

Mais il ne devait pas.

Il savait qu'ils allaient coucher ensemble et que ça serait tellement bon, tellement parfait que la chute serait trop rude. Eddie remettrait de la distance entre eux et ça serait insupportable.

Mais il ne pouvait pas en être autrement.

Ils étaient collègues, ils ne pouvaient pas devenir amant. Et puis, il y avait Chris. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui dire ? Il venait de perdre sa mère, il ne pouvait pas lui imposer sa présence dans l'intimité de son père.

Cette liaison serait une erreur.

Elle gâcherait leur amitié et ça ce n'était pas possible.

Il relâcha la pression sur la serviette et il quitta la maison, sans un mot. Il venait bêtement de laisser passer sa chance.

Il roula jusqu'à son appartement et s'y enferma.

Il avait déconné et ça faisait mal. Depuis qu'il vivait avec Eddie les sentiments étaient revenus, plus fort, plus pressant et la nuit qu'ils venaient de passer, à dormir serrer dans les bras l'un de l'autre n'avait rien arrangée.

Il avait besoin d'aide pour y voir clair.

De Buck_118 :
Hey, Mec.
J'ai besoin d'un conseil.
Je crois que je viens de merder avec Eddie.
05:58 AM

9-1-1 - Je te prometsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant