L'amour d'un fils

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Eddie ouvrit la porte de la chambre vide de son fils.

Bobby l'avait ramené chez lui quand il avait commencé à pouvoir se lever. Eddie pensait pouvoir filer à la prison pour tuer cet enfoiré mais Bobby ne l'avait pas quitté des yeux et il n'avait pas pu lui fausser compagnie.

Il s'avança vers le lit de Christopher et s'y allongea.

Il plongea la tête dans son oreiller pour respirer son odeur. Son absence, sa disparition, c'était tellement violent. Il avait failli à sa tâche de père, il avait perdu son propre fils. Et plus, il en prenait conscience, plus la douleur lui lacérait le cœur et l'âme.

Il était un mauvais père.

- Oui, je lui dis, lâcha Bobby en entrant dans la chambre. On vous attend.

Eddie ne prit pas la peine de se redresser. En l'état, il n'en n'avait pas la force. C'était trop dur d'imaginer une vie sans son fils. Il savait qu'il ne survivrait pas à sa disparition.

- Ils l'ont retrouvé. Ils le ramènent. Ils l'ont retrouvé, Eddie.

Eddie se redressa tendu à l'extrême. Ses mains se mirent à trembler sans qu'il ne puisse s'en empêcher.

- Est-ce qu'il... ? Dis-moi qu'il va bien !

- Il va bien, le rassura Bobby. Buck l'a emmené à l'hôpital pour passer des examens et il le ramène. Ils seront là dans quelques minutes.

Eddie sentit le soulagement s'abattre sur lui et il s'écroula sur le sol en larmes. Bobby se mit à sa hauteur et posa une main sur son épaule.

- C'est fini, Eddie, le rassura Bobby. C'est fini.

- J'ai vraiment cru que je l'avais perdu, j'ai cru que...

- Et c'est terminé. Tu vas retrouver ton fils, ta famille.

Eddie ferma les yeux et parvint à se calmer.

Bobby avait raison, ce cauchemar était enfin terminé. Il allait pouvoir retrouver son fils, le serrer dans ses bras, lui dire à quel point il l'aimait. Il avait bien failli ne plus jamais pouvoir le faire.

Il se redressa enfin et put sortir de la chambre de Christopher. Il s'installa sur une chaise et Bobby lui donna un verre d'eau. Eddie eut du mal à boire tant ses mains tremblaient.

Enfin, il entendit le moteur de la voiture et se redressa.

Il eut le temps de faire quelques pas avant que la porte ne s'ouvre sur Buck qui déposa Christopher sur le sol.

- Papa ! s'écria-t-il.

- Chris, souffla Eddie.

Il tomba à genoux et serra son fils contre lui, l'embrassant sur les joues, le front, les cheveux. Il avait besoin de le sentir contre lui, de respirer son odeur. Christopher aussi le serrait contre lui. Ils venaient de passer quarante-huit heures loin l'un de l'autre et Eddie ne voulait plus jamais qu'une telle chose se reproduise.

- Je t'aime, souffla-t-il. Je t'aime tellement.

- Moi aussi, je t'aime papa.

- Je ne te laisserai plus jamais, lui promit-il.

Il leva les yeux sur Buck qui était resté à l'entrée en les regardant.

Eddie tendit la main vers lui et il vint les rejoindre. Ils s'étreignirent un long moment en silence avant que Christopher ne se dégage, étouffant littéralement sous tant d'amour paternel.

Dans la soirée, Eddie eut beaucoup de mal à se séparer de son fils.

Buck se tenait à l'écart, parlant avec Bobby et Athena des suites et Eddie était inquiet de son comportement. Il ne comprenait pas ce qui se passait dans sa tête et ça l'inquiétait.

Il aida Christopher à s'endormir et prit sur lui pour le laisser seul dans sa chambre.

Il ne pouvait décemment pas passé sa vie collé à son petit garçon, même s'il avait eu peur. Christopher de son côté ne semblait pas s'être rendu compte de ce qui s'était passé.

Heureusement, il avait été bien traité.

- Ce malade se contrefiche de tout et de tout le monde, lâcha Buck. Il a menacé sa propre sœur de représailles si elle n'obéissait pas. Et tous ces hommes... Tu as un moyen de les retrouver ?

- On va lancer un appel à témoin mais je doute que quiconque se manifeste, confirma Athena d'une voix désolée.

- Combien de victimes il a pu faire ?

- Certainement des dizaines.

- Bordel.

Buck avait les lèvres pincées et les yeux fatigués. Bobby se redressa en l'apercevant et prit la main de son épouse dans la sienne.

- On va vous laisser vous reposer, déclara-t-il. Vous en avez besoin.

Buck se leva et les raccompagna avant de revenir vers lui.

Eddie aurait aimé qu'il vienne le prendre dans ses bras, qu'il le serre contre lui pour effacer cette journée de merde qu'ils venaient de passer mais Buck restait en retrait.

Encore.

- Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit-il pas plus fort qu'un murmure.

- Rien d'important.

- Ne fais pas ça, le supplia-t-il. Ne te ferme pas. Parle-moi.

- Disons que cette rencontre a été... difficile, admit-il en allant s'asseoir sur le canapé.

- C'est un manipulateur, lui rappela Eddie en venant le rejoindre. Quoi qu'il ait pu te dire, il l'a fait dans un but précis.

- Me détruire, confirma Buck alors qu'Eddie glissait sa main dans la sienne. Et il est vraiment fort à ce jeu-là.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Il m'a parlé de notre rencontre. Il était dans la superette et il m'a embarqué sur le parking. J'ai été con.

- Tu ne pouvais pas savoir.

- J'aurais dû le voir, après je veux dire. Il a dit qu'il n'y avait pas eu de drogue au début, que je l'aimais.

- Sauf que les analyses ont démontrés qu'il t'avait drogué dès le premier jour sans discontinuer. Buck, il a essayé de te manipuler.

- Je sais, souffla-t-il. Athena me l'a dit.

- Alors quoi ?

- Il va recommencer. Il trouvera toujours un moyen de me faire du mal. Il ne me lâchera jamais. Chris et toi êtes en danger à cause de moi.

- C'est ce qu'il veut que tu crois. La sécurité à l'école va être renforcée et Chris ne sera plus vulnérable. Quant à moi, je me gère.

- Eddie...

- Ne le laisse pas nous séparer. C'est ce qu'il cherche.

- Il veut sortir.

- Il ne sortira jamais.

- Il a fait d'autres victimes, admit-il alors qu'il se figeait. Il sortait, droguait un type et le ramenait chez lui. Comme moi, il se réveillait le lendemain sans aucuns souvenirs. Athena va essayer de les retrouver.

- Elle trouvera et il va finir ses jours en prison. On n'entendra plus jamais parler de lui.

- Il va falloir pourtant, le revoir je veux dire.

- Comment ça ?

- Je compte témoigner à son procès, lui affirma-t-il. Je veux lui montrer qu'il ne me fait plus peur. Il a dit que j'avais changé, que j'étais plus fort. Je veux qu'il voie à quel point je suis déterminé à le voir pourrir dans le fond d'une cellule.

- On va témoigner tous les deux, lui confirma-t-il. Il ne sortira jamais de prison.

9-1-1 - Je te prometsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant