2 | Tu le sauras bien assez tôt

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Punaise, qui es-tu au juste ?!

Clairement quelqu'un ignorant ton identité, Charlie !

Ok ? Dans ce cas que fait-il là ?!

Figurez-vous que cela fait deux ans que j'ai remplacé le classique « putain » par « punaise ». Étrange, dites-vous ? Loin s'en faut puisque je suis institutrice de formation, faisant déjà attention. De plus – peut-être l'avez vous remarqué – je n'ai nullement l'audace de m'offenser d'avoir été traitée de pute par cet arrogant spécimen masculin. Inutile de vous en étonner, ce n'est guère mon genre de manquer de respect à mon amie ou aux autres filles employées par mon oncle – lui appartenant, en réalité – pour satisfaire les besoins de ses soldats. Néanmoins, la jolie blonde paraît estomaquée par ce qu'elle juge être une insulte vis-à-vis de moi – la princesse – semblant sur le point d'exploser afin de le rappeler à l'ordre avec toute la véhémence dont elle sait faire preuve. À priori, la violence du coup qu'elle a reçu pour me protéger ne lui a pas servi de leçon, la laissant prête à retourner au front si besoin. Sauf que pour l'heure, il est hors de question que cet inconnu apprenne qui je suis avant que j'en sache davantage à son sujet.

Arrête !

Je m'empresse d'effleurer sa main, lui lançant une œillade explicite la stoppant sur-le-champ. Ce que je fais, c'est avant tout assurer notre sécurité. Et sincèrement – après l'incident vécu il y a quelques jours – je peine à rester sereine.

— Va chercher Peter, commandé-je dans un murmure aussi décidé qu'incertain.

Je sais qu'elle le trouvera dans son bureau, juste au fond du couloir. Qu'il ne va lui falloir qu'une poignée de secondes avant de revenir en sa compagnie. Elle aussi. Pourtant, son ravissant regard chocolat oscille entre le mien et l'homme nous ayant interrompu. Demeurant immobile, ce dernier paraît guetter nos réactions avec attention.

— S'il est arrivé jusqu'ici, il ne peut être dangereux, ajouté-je pour la – me – convaincre puisqu'elle ne semble aucunement décidée à me laisser seule en sa compagnie.

Évidemment, prétendre qu'un individu présent entre ces murs est inoffensif – à cette heure de la journée – est d'une totale naïveté, nous sommes d'accord. Mais entendons-nous bien que je souligne uniquement le fait qu'il ne peut représenter un danger pour nous, ayant passé la sécurité afin d'entrer.

Hum.

Oui, je sais.

L'expérience m'a récemment apprise que la menace peut aussi venir de l'intérieur. Avoir l'air de l'inverse pendant longtemps puis...

Arrête Charlie !

J'y travaille.

Prenant une lente inspiration, je me redresse et descends de la scène, espérant que ce geste motivera Mia à répondre à mon injonction. Rassemblant la façade crée depuis que je vis dans l'antre de Lucifer – mon oncle, ouais – je m'avance avec – ma fausse – assurance dans sa direction.

Joue le jeu, Charlie !

Comme toujours !

Mes hanches battant la mesure de mes tennis blanches heurtant le plancher, je le détaille à mon tour, commençant par ses chaussures en cuir avant de remonter lentement. La faible luminosité m'indique qu'en plus de mesurer un bon mètre quatre-vingt-cinq – et d'avoir bon goût – il est élancé.

— Vous êtes ? m'informé-je d'un ton lascif – sans le regarder davantage – passant lentement à ses côtés. Je ne crois pas vous connaître.

Hypocrite !

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant