C'est en silence que nous sommes rentrés et je me sentais totalement embarrassée. Tant par nos œillades en coin échangées que par l'incontrôlable réaction de mon pouls chaque fois que mes iris accrochaient les siens.
Que fais-tu, Charlie ?!
Je l'ignore !
Cet homme est infâme avec toi la majorité du temps !
Je sais !
Alors évite de te laisser endormir par les rares instants où il se comporte autrement !
Bien sûr que non !
Ouais. C'est ça.
Mia s'exerçait au violon dans le bar désert quand nous y sommes entrés, donc je me suis empressée de la rejoindre après avoir esquissé un sourire incertain à l'attention de Luke. Celui qu'il m'a renvoyé était sans nul doute la parfaite illustration du professionnalisme, alors, davantage troublée, je me suis installée au piano sans remarquer qu'il se plaçait au comptoir, restant à m'observer. Évidemment, puisque je lui tournais le dos. Fouillant dans nos partitions, j'ai tendu celle de « Sarabande » – de Ludovico Einaudi – à la jolie blonde, lui faisant immédiatement froncer les sourcils.
— Je ne veux pas en parler, ai-je affirmé pendant que mes doigts rejoignaient les marches.
Ce morceau est – très – loin de respirer la bonne humeur, le rendant parfait pour extérioriser le je-ne-sais-quoi perturbant que je ressens. Ma propre attitude face à lui est fluctuante, j'en suis consciente, vous savez. Que je suis tantôt insolente, provocante, mais parfois résolument moi-même. Parce que je tente désespérément de lui faire face, voyez-vous. Me défendre. Réclamer son respect. Être vue comme une égale. Quelle raison a-t-il d'alterner le chaud ou le froid, vu qu'il ne manque guère d'assurance ? De pouvoir ? Je me sens stupide d'être à ce point déstabilisée par sa présence, aussi. Galvanisée quand nous nous affrontons. Échauffée lorsqu'il est proche. Embrasée s'il me touche.
Jalouse de l'imaginer avec une autre ?
Ce n'est nullement le cas !
Mais. Bien. Sûr.
Finalement, d'autres soldats du diable sont arrivés pendant que nous jouions, Noah s'asseyant à mes côtés, sourire aux lèvres. Celui-ci s'est fané lorsque nos yeux se sont croisés, puis il a passé son bras autour de ma taille, embrassant ma tempe. Mon désarroi était définitivement limpide, hélas. Tandis que mes doigts s'immobilisaient, j'ai laissé ma joue rejoindre son épaule quelques secondes puis nous nous sommes levés, car je savais que ces deux-là voudraient des explications impossibles à donner en public. Mais – maintenant que je réalisais sa présence – Luke a ordonné au blond de le suivre dans son bureau avec d'autres gradés. M'adressant un regard navré indiquant que cela n'était que partie remise, il a suivi le second du parrain, qui lui, m'a littéralement ignorée. Mon estomac s'est noué, Mia s'empressant de me tirer jusqu'à ma suite pour me soutirer des aveux.
***
— Chérie, tu craques pour ce salopard, déclare-t-elle sans détour à la fin du récit de ma matinée en sa compagnie.
Pardon ?!
— N'importe quoi ! m'exclamé-je, sentant mes joues brûler. Nous passons notre temps à nous battre !
C'est ridicule !
— Justement ! insiste-t-elle, plissant le nez tout en me scrutant de ses prunelles soupçonneuses. En prime tu te sens vivante ainsi, non ?
Zut et flûte !
Suis-je obligée de reconnaître à voix haute qu'elle a raison ? Parce que je ne me sens aucunement prête à le faire. Cela ne rime à rien, de toute façon. Ce n'est pas comme si...
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Après la pluie
RomanceAyant vécu une enfance teintée de galères, Charlie n'a nullement ménagé ses efforts afin de mettre sa vie sur les rails de la sérénité. Aspirant à un futur fait de bonheurs simples, elle voit son rêve voler en éclats d'un seul coup de téléphone. « D...