10 | Rien que nous.

617 67 3
                                    

La réunion n'est pas encore terminée – il faut dire qu'elles durent toujours des heures pendant lesquelles je tente d'avoir l'air impliquée tout en ne souhaitant rien de plus que fuir le plus loin possible – mais je me lève après avoir été claire. Explicite. Limpide. Pour la prochaine mission m'incombant, il n'y a qu'avec Noah que j'accepte de travailler en rapproché. Comprenez par là que je ne serai seule dans un véhicule qu'avec lui, et que lorsqu'il faudra me faire sortir, il est celui à qui cette tâche reviendra. Certains ont tiqué, cependant – mes doigts tapotant nonchalamment sur la table en acajou – je leur ai adressé une œillade assassine qu'ils ne me connaissaient pas, lançant :

— Cela pose-t-il un problème à quelqu'un ?

Je n'ai confiance qu'en lui, faites-vous une raison !

Figurez-vous que non, finalement !

Parfait.

Me faisant face, le déplaisant Luke n'a eu de cesse de me dévisager. Et si je suis capable de l'affirmer, c'est que j'en ai fait de même, ouais. Bah quoi ? Je jauge l'ennemi, c'est tout. Il s'est immédiatement repris, impassible lorsque nous avons échangé quelques banalités polies lors de mon arrivée. Géographie ainsi que météo. Ni plus, ni moins. De mon côté, j'ai été charmante, dites-vous. Bon, d'accord, plutôt hypocrite autant qu'un brin provocante, mais j'ai parfaitement donné le change malgré tout, ayant un rôle à tenir. Oui, encore un. Celui que j'ai endossé contre mon gré, il y a deux ans. Je suis la nièce du diable. Sa protégée. L'intouchable. Celle dont peu connaissent l'identité, rappelez-vous. Le séduisant second est donc entré dans ce cercle très fermé, néanmoins qu'importe ma rancœur, il est inenvisageable de mettre à mal sa position au sein du clan. Je tiens trop à la vie de ma mère pour m'opposer, voyez-vous. Vous l'aviez compris, que c'est de cette façon que Peter me tient sous sa coupe. Que s'il ne l'a réellement menacée qu'une unique fois – en prenant soin depuis – le fantôme de cet horrible moment rôde sans relâche. Chuchote à mon oreille. Me glace. Veille. Donc à chaque fois que je songe à m'échapper, il me retient par les poignets.

— Pardonnez-moi messieurs, dis-je, esquissant un sourire à l'attention de mon oncle. Je dois vous laisser, j'ai d'autres obligations et ne peux me permettre d'être en retard. Passez une bonne fin de journée.

D'autant que je préfère mille fois être là-bas qu'ici !

Ma déclaration est accueillie par quelques hochements du menton, et le regard incrédule de Luke.

Quoi ?

J'arque un sourcil, quittant la pièce en retenant un immense soupir de soulagement. Celui-ci m'échappe dans le couloir tandis que je m'éloigne d'une foulée guillerette, mais un peu trop tôt, si vous voulez mon avis. Car...

— Une minute Charlie, intervient la voix de bébé Satan, me stoppant dans mon élan.

Es-tu sérieux ?!

Puis-je vous être utile monsieur Cooper ? minaudé-je faussement, pivotant pour lui faire face.

Je suis pressée, et tu es la dernière personne avec qui je souhaite passer du temps !

— Luke, reprend-t-il en s'approchant, le visage fermé.

Ai-je l'air stupide ?

Je connais votre prénom, merci bien, répliqué-je d'un ton agacé. Maintenant si vous voulez bien m'excu...

— Puisque c'est le cas, me coupe-t-il, j'attends de toi que tu l'utilises.

Hum.

Entendu, articulé-je insolemment. Luke.

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant