23 | Entre nous.

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Il est à peine plus de six heures, mais voilà déjà une heure que je m'active – vêtue de mon tee-shirt ample blanc – dans la cuisine de l'antre du diable. Oui. C'est l'anniversaire de Lys, alors je m'apprête à mettre la touche finale aux cupcakes destinés à surprendre la brune au petit-déjeuner. Ayant très peu dormi – évitez de me demander pour quelle obscure raison, merci – j'ai connecté mon enceinte après avoir fermé la porte, effectuant de légers déhanchés au rythme de « Never enough » – par Muneylxrd et Meg Myers – mes pieds nus glissant sur la fraîcheur du carrelage afin de m'aider à rester motivée.

Hop hop hop !

Éveillée, surtout. Concrètement, j'ai prévu d'aller directement rejoindre mon lit pour un peu de sommeil supplémentaire lorsque j'aurai terminé. Appliquant le glaçage violet – sa couleur préférée – sur les gâteaux – en mangeant un peu sur le bout de mon index – je pousse un soupir, repensant au passage de Mia dans ma chambre après qu'elle eut été informée de mes dangereuses interactions avec Luke. Ainsi, cette visite m'a donnée l'occasion d'être formelle, ayant eu le temps de mûrir la question – après tout – en rejoignant mes appartements totalement déboussolée. Perturbée. Enflammée.

Effrayée.

Je suis parvenue à la conclusion – seule pertinente – qu'il n'est nullement question de savoir si je lui plais ou non, ici. La vérité étant que comme il veut un total contrôle, son intérêt à mon égard est uniquement lié à mon évident manque de coopération. N'avait-il pas été clair le jour de son arrivée, affirmant régler les problèmes lorsque quelque chose sort du rang ? En l'occurrence, c'est mon cas. Évidemment – car romantique insensée malgré sa vie – la jolie blonde n'a guère semblé convaincue, sauf que j'ai prétendu ne plus vouloir en parler.

Le sujet est clos.

Quelque part, cette désagréable idée noue mon estomac, mais que pouvais-je espérer d'autre ? Ce stupide béguin – c'en est un, soyons honnêtes – est uniquement physique et doit impérativement cesser. Pour être franche, ces sensations inédites qu'il provoque en moi ont un goût – plutôt – addictif, cependant je dois me raisonner. Luke Cooper m'a comparée à une brebis égarée, lui ayant totalement l'allure d'un loup.

Terrifiant.

Mon bol à la main, je me tourne pour récupérer les bougies posées sur la table.

Nom d'une pipe !

Épinglée par le regard transcendant de l'objet de mes pérégrinations, je sursaute, lâchant le récipient qui part se briser sur le sol pendant que je retiens mon souffle, figée.

Zut et flûte !

Putain de merde Charlie ! jure-t-il à voix basse pendant que j'évalue l'étendue des dégâts, cherchant comment m'extirper de là sans me blesser.

C'est une autre façon de le dire, oui.

Sauf qu'avant que je n'ai l'occasion d'esquisser le moindre geste, je me retrouve soulevée de terre, déposée sur le comptoir en marbre comme si je ne pesais rien.

Pu-naise.

— Ne t'avais-je pas suggéré quelque chose au sujet de chaussures dans cette pièce ? gronde-t-il, posant ses mains de chaque côté de moi, menaçant.

Tu l'as fait, néanmoins...

— Si mes souvenirs sont exacts, sifflé-je insolemment, cet ordre était destiné à Noa. Personnellement, je n'ai nullement à en recevoir de ta part.

Voi-là. Alors du calme, merci.

Ses iris assombris plantés dans les miens, il me jauge un instant avant de reprendre d'une voix plus amène :

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant