55 | Régler la question

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Respire Charlie !

Dans quel but ? Maintenant que je suis là, seule, autant égarée que blessée, je me demande si j'ai une raison de prendre la prochaine inspiration.

À quoi bon ?

Habillée d'une tenue correspondant à celle qu'il avait réclamée plus tôt – une aussi ravissante que sexy robe courte en mousseline de soie noire et de vertigineux escarpins assortis – j'ai la main crispée sur la poignée de la porte du club, hésitant à faire une magistrale entrée au son de « Drop » – Ludovico Einaudi remixé par Mogwai – afin de régler la question me tourmentant. Cette interrogation somme toute ridicule mais néanmoins réelle.

À quel moment étais-tu honnête ?

Fais-le !

Oh que oui !

Étant donné que j'en crève. Qu'il a massacré mon cœur et que je peine à en retenir les éclats.

Pourquoi ?!

Je suppose que vous êtes perdus compte tenu des circonstances – plutôt – plaisantes dans lesquelles nous nous sommes quittés. Hélas l'auteure de cette histoire est friande d'ellipses faisant râler les lecteurs et inutile de compter sur moi pour tout vous raconter à sa place !

Es-tu sérieuse ?! Je pense que tout le monde ici veut connaître pour quelle raison tu es dans ce lamentable état !

Voulez-vous franchement une description détaillée de la pire des humiliations ? Êtes-vous sadiques à ce point ?!

Calme-t...

BIEN ! Puisque c'est ainsi, finissons-en ! Par quoi dois-je commencer ?!

Le début ?

Revenons une heure en arrière, dans ce cas. Je l'ignorais – non que j'ai déjà réfléchi à la question – toutefois un homme peut conduire – avec talent de surcroît – une femme à califourchon sur ses hanches. Que je sois menue a peut-être aidé, cependant. Puisque oui oui, dans le cas présent je fais référence à bébé Satan m'emportant dans son Audi sans briser notre étreinte, sachant que j'étais tellement agrippée à ses épaules que j'aurais refusé en bloc s'il avait seulement tenté de nous détacher. Parce que j'en mourrais d'envie depuis si longtemps et que j'ai cru qu'il partageait ce sentiment. Sauf que...

Pourquoi as-tu dit ça ?!

Depuis le temps, je suppose vous l'avez compris... C'est – presque – loin d'être mon genre de prendre des risques ou de désobéir aux règles – en dehors de si elles viennent de lui, ok – ainsi qu'aux lois – oublions ce détail, je suis la nièce du diable – pourtant j'ai réellement passé le trajet du retour dans un état second, ma bouche se promenant allègrement entre sa mâchoire et son cou, mes doigts crochetés dans ses cheveux trempés, nos souffles brûlants emmêlés, mon corps embrasé puissamment encerclé par ses bras. Mais...

Pourquoi as-tu fait ça ?!

Je crois qu'il me désirait vraiment. Il y a des signes physiques ne trompant pas, du moins le croyais-je. Après tout qu'en sais-je, en réalité ? Qu'importe l'érection faisant pression sur mon entrejambe, preuve est faite qu'il m'a bien menée en bateau, non ? Dans la mesure où...

Espèce. De. Mufle. Crois-tu sincèrement que je vais me contenter de ça ?!

Sa paume parcourant mes courbes avec précision aura réussi à me faire croire que j'avais une quelconque valeur à ses yeux, voyez-vous. Au moins autant que ses soupirs dans le creux de mon oreille ou son chuchotement avouant qu'il attendait ce moment depuis longtemps. Alors...

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant