Après la pluie

12 | Faire preuve d'un peu d'honnêteté.

Dites-vous que le temps de trajet n'a nullement suffi à atténuer ma colère. En prime, Mia étant nerveuse par la faute de Luke – bien que je sois celle s'étant opposée à lui – cela a amplifié ma rancœur. Personne ne devrait craindre un homme à ce point. Sachez que je ne laisserai jamais quiconque lui faire le moindre mal. Elle ne le mérite en rien, étant juste l'une des lumières de ce monde n'ayant pas eu de chance. Si je peux faire une différence pour rendre son existence plus douce, alors je vous jure que je le ferai. Voilà plusieurs minutes que je tourne en rond dans ma chambre, inapte à faire redescendre la pression. J'ai d'ailleurs troqué mes vêtements pour un short de sport ainsi qu'un débardeur, envisageant de rejoindre la salle de gym du sous-sol afin de canaliser l'intensité de cette rage. Mon estomac est noué, ma poitrine comprimée lorsque j'imagine ce qui aurait pu se produire s'il s'était montré juste un instant plus tôt. Si les gens l'avaient vu rôder, m'associant à lui. À ce qu'il représente sans avoir à prononcer le moindre mot. Dans ce cas...

Nom d'une pipe !

Incapable de tenir en place, j'enfile un sweat-shirt et mes baskets de running, attachant négligemment mes cheveux en un chignon flou. Je dois vraiment faire quelque chose de toute cette énergie avant de vriller totalement.

C'est ça, va te défouler Charlie.

Ouais !

Je sors, claquant la porte sous quelques regards interrogateurs, et alors que je fonce dans le couloir, Noah m'intercepte.

— Hey ! s'exclame-t-il, remarquant mon expression furibonde. Ça va ?

Pas du tout !

Maintenant que j'ouvre la bouche pour lui raconter mes déboires – consciente qu'il m'apportera un réconfort dont j'ai grand besoin – je réalise l'endroit où nous sommes...

— Ça ira mieux dans quelques minutes, grondé-je, plissant le nez.

Expulsant une brève expiration, je le contourne, m'engouffrant dans la suite du second de Lucifer sans m'annoncer.

Charlie ! Es-tu devenue folle ?!

Peut-être bien !

— Luke Cooper ! l'appelé-je d'une voix affirmée, observant les lieux jusqu'à le trouver. Nous devons parler !

Mettons les choses au clair !

Pour tout vous dire, il ne semble guère perturbé par mon intrusion. Ni par sa tenue. Ouais. Sachez qu'à priori il sort pourtant de la douche. Ses cheveux noirs sont mouillés, et il n'est couvert que d'une serviette grise négligemment nouée autour de ses hanches. Par chance, je suis trop révoltée pour le remarquer.

— Charlie, lance-t-il avec décontraction. Que me vaut l'honneur de cette visite ?

Épargne-moi le coup de l'ignorance !

Mâchoire crispée, je fonce jusqu'à lui, plaquant mes deux paumes sur son torse – nu et impeccablement musclé, ouais ouais, heureusement que mes yeux sont dardés dans les siens – pour le bousculer avec force. Enfin... La mienne, hein. Évidemment il ne bouge pas d'un pouce, et je suis celle que l'impact fait vaciller. Mais bon, bref.

— NE REFAIS JAMAIS UNE CHOSE PAREILLE, TU M'ENTENDS ?! éructé-je avec véhémence.

Réalises-tu ce que tu as failli faire ?!

— Quoi donc ? s'enquiert-il avec une suffisance à vomir en attrapant mes poignets.

Ce geste me fait réaliser que je l'ai touché la première et suis toujours en contact, donc je me recule dans un hoquet.