Après la pluie

39 | Le meilleur des avenirs

Sourire aux lèvres, je jette un rapide coup d'œil par la fenêtre du centre communautaire d'Englewood avant de reporter mon attention sur l'excellent travail de Willy. Les arbres ont enfin revêtu leurs habits de printemps – ma saison préférée – et les rayons du soleil filtrant dans la pièce ne peuvent que me mettre de bonne humeur.

C'est définitivement une belle journée.

Touchant à sa fin. Après avoir félicité tous les participants à cette agréable session de travail – que Mia a manqué car elle est un peu malade – je rassemble mes affaires, rejoignant le jeune garçon patientant devant la porte, les autres étant déjà partis.

Sais-tu à quel point tu es adorable ?

Il attrape mes doigts pour m'entraîner dans le couloir, une interrogation me brûlant le bout de la langue sans que je n'ose en parler.

Avez-vous reçu des réponses ?

Afin d'aider Gloria – ayant été déscolarisée très tôt et redoutant de faire une erreur préjudiciable – j'ai rempli puis envoyé avec application les demandes de bourses dans trois écoles différentes, travaillant la lettre de motivation avec Willy des heures durant. Les nouvelles devant arriver d'un jour à l'autre, j'ai une boule au creux de l'estomac d'être dans l'incertitude bien que je crois infiniment en lui. M'accrochant à l'évidence qu'ils me tiendront au courant, je m'efforce de demeurer patiente, m'empêchant d'harceler le jeune garçon ne semblant guère préoccupé par la question. Toutefois je sais qu'il ne s'agit que d'une façade – que j'admire – car il est brillant ainsi que réellement concerné par son avenir. Pour tout vous dire, il fomente de merveilleux projets incluant sa maman et je ne peux que me reconnaître en lui.

J'espère que tu y parviendras mieux que moi...

— Quelle est la créature maléfique que vous craignez le plus, mademoiselle Ford ? demande-t-il lorsque nous passons le seuil.

Hum.

Le rire léger commençant à m'échapper se meurt à la seconde où je découvre ceux nous attendant à l'extérieur.

Quoi ?!

Peut-être est-ce lui, qui me fait le plus peur.

Est-il réellement un monstre, Charlie ?

Je l'ignore, en réalité. Néanmoins mon cœur vient de s'arrêter, protestant contre le rythme infernal qu'il doit subir lorsque je croise le regard de Luke.

Tu ne devrais pas être ici !

Crispée, je reporte mon intérêt sur l'enfant espérant ma réponse, feignant d'ignorer que le bras droit de mon oncle a non seulement osé revenir, mais est de surcroît en pleine discussion animée avec sa mère.

De. Quel. Droit ?!

— Je ne sais pas trop, éludé-je, tentant de rester naturelle. Et toi ?

— Je viens de finir un livre avec un Wendigo, c'était plutôt effrayant ! s'exclame-t-il en écarquillant les yeux pendant que Gloria nous rejoint, soupirant d'un air blasé.

Outch !

— Celui de Graham Masterton ? s'intéresse Luke avec une irritante spontanéité.

Quoi ?!

À cet instant, j'ignore si ce qui me choque le plus est le fait qu'il se permette de lui parler ou l'idée que Willy lise déjà des romans d'horreur alors qu'il vient de fêter ses onze ans. Quoi qu'il en soit, ma grimace est somme toute légitime et j'ai une bonne excuse pour qu'elle m'échappe. Deux – en réalité – même si je refuse qu'ils le sachent.