46 | Après tout ça

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Même après avoir été agressée par Luis, je n'avais jamais connu une nuit aussi difficile que celle-ci. Enchaînant les cauchemars –  effroyables souvenirs – je n'ai eu de cesse de me débattre encore et encore, en larmes. À l'agonie. Luke était là, patient, resserrant son étreinte alors que je m'accrochais désespérément à lui sans me réveiller totalement. Enveloppée par son odeur, la chaleur de sa peau et ses paroles réconfortantes parvenant à m'extraire de mes ténèbres, je me rendormais pour quelques minutes d'un répit bienvenu dont il fut le gardien. Au fil des heures, sa simple présence m'apaisant, nous avons finalement pu nous reposer ensemble grâce à lui.

Ne t'éloigne plus s'il te plaît, j'en ai fini de te fuir.

***

Étirant mes muscles endoloris en grimaçant, je me tourne lentement, cherchant son rassurant contact. Tant que mes paupières restent closes je peux feindre le sommeil et continuer à profiter de cette proximité sans avoir à me justifier, non ?

Sauf qu'il n'est plus là, Charlie.

Quoi ?!

Tendant le bras, je prends conscience de cette réalité, me redressant brutalement en dépit de mes douleurs. Retenant mon souffle, j'inspecte les alentours, étudiant les détails de cette chambre aussi sobre que masculine.

Vide, surtout.

Les rideaux entrouverts laissant filtrer les rayons d'un soleil déjà haut dans le ciel ne peuvent que me confirmer cette vérité.

Où. Es. Tu ?

Mon attention dévie vers le réveil indiquant dix heures vingt-quatre. Cela devrait me rassurer, m'expliquant qu'il est normal qu'il soit levé et au travail, hélas je ne peux m'empêcher de me sentir angoissée. Habitée d'un mauvais pressentiment nouant mon estomac.

Vas-tu encore inexplicablement m'ignorer ?

Me rallongeant dans un soupir étranglé, je plaque mes paumes sur mes paupières, m'efforçant de me montrer rationnelle. De prendre de la distance. Du recul.

— Parfait, tu es réveillée.

Nom d'une pipe !

Battant vivement des cils pour réfréner les larmes ayant envahi mes yeux quelques secondes plus tôt, je m'assois à nouveau, rencontrant son air sérieux juste avant de réaliser qu'il est vêtu de son costume noir avec chemise assortie, mais surtout qu'il a une valise à la main.

Tu... Non !

Souhaite-t-il s'éloigner de moi au point de partir ?

Mais pourquoi ?!

— Oui, murmuré-je d'une voix incertaine, tentant de contenir le désespoir supplémentaire ayant pris possession de ma poitrine.

Existe-t-il un seuil où la douleur cesse de grandir, faute de place ? À priori, je n'y suis pas encore. Me levant avec trop de précipitation pour être honnête, je force un sourire peu crédible.

— Je vais te laisser, articulé-je platement. Pardon de t'avoir dérangé cette nuit.

Le contournant en boitillant pour quitter – fuir – sa suite – évitant soigneusement de lui faire face – j'expulse un hoquet surpris lorsqu'il me retient par le coude. Ma respiration bloquée, je le laisse placer une mèche de cheveux derrière mon oreille et me ramener tranquillement vers son lit.

Que fais-tu ?!

— Où crois-tu aller ainsi ? demande-t-il calmement, me faisant retourner sous sa couverture sans que je n'essaye de lutter.

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant