Un jour. Une semaine. Un mois. Putain, j'en crève. La regarder maintenir l'illusion me fait parfois oublier que notre relation n'a plus rien de réelle. Qu'elle est à nouveau factice en dépit d'une inébranlable et douloureuse vérité.
Je t'aime et je sais que toi aussi, mon ange.
Hélas, l'étincelle parant ses prunelles s'éteint dès que nous sommes seuls, brisant mon cœur encore et encore. Inlassablement. Tel que je le mérite. Elle se renferme, refusant silencieusement de me laisser m'approcher, ce que je respecte quand bien même est-ce insupportable.
Je comprends, tu sais.
Je l'ai perdue mais aussi affligeant que soit cette vérité, je n'ai pas lutté non plus pour la retenir. Comment aurais-je pu être crédible de toute façon ? Après tous ces secrets ? Les non-dits ? Ces espoirs fissurés ? Nos débris intangibles ?
C'est probablement mieux ainsi.
Bien sûr que j'ai espéré qu'elle me revienne après mes excuses arrivées trop tard. Qu'elle reste. S'accroche à nous. Persiste. Me pardonne encore, se blottissant dans mon cou avec ce naturel si déconcertant comme elle l'a souvent fait. Toutefois il aurait été inopportun d'insister en dépit des regrets me rongeant, n'est-ce pas ?
Mieux pour toi, non pour moi.
Ignore-t-elle réellement que je continue à la tirer de ses nombreux cauchemars ? Que malgré le reste, ma paume sur son front parvient encore à l'apaiser en quelques secondes ? Qu'elle m'appelle depuis les profondeurs de ses songes, entre ses sanglots, torturant mon âme sans le vouloir ?
Il est si normal que tu sois tourmentée.
Étudiant un dossier – attablé au fond du club – je songe un instant à quel point je suis ridicule. Pathétique. Risible. Car si je suis là plutôt que dans mon bureau où elle ne met jamais les pieds avec raison – évitons d'oublier qui je remplace – c'est parce que je refuse de rater la moindre occasion de la voir. Lui sourire. La toucher. Il n'y a qu'en public que je peux m'autoriser ces gestes devenus indispensables à mon équilibre.
Bordel de merde.
Il me serait impossible de m'accorder la moindre confiance – moi non plus – soyons clairs là-dessus. Sachant que depuis l'adolescence je ne vivais que pour me venger de l'homme jugé responsable de l'horrible fin de ma famille. Xavier Alvarez. Son. Père. Aujourd'hui, je prends la mesure de mon erreur d'avoir cru le mafieux aussi monstrueux que le reste de son clan.
Comment aurais-je pu deviner ?
C'était impossible, Elijah, inutile de te flageller.
Finalement, il s'avère que seul Peter est le digne héritier de l'empire créé il y a plusieurs générations.
J'aurai ta peau.
Comme espéré, Kathelyn est parvenue à se frayer un chemin vers le lit de l'implacable parrain. Bien que je n'ai jamais souhaité le décès de la pétillante Mia et suis conscient qu'il est en partie de ma responsabilité, je n'ai pu rater l'occasion de faire entrer mon amie dans la forteresse. Superbe et talentueuse, elle a immédiatement retenu l'attention de grand patron, à tel point que notre plan pour l'arrêter est en passe d'être mis à exécution.
Parfait.
Ce que je n'avais nullement anticipé – par contre – c'est l'animosité qu'elle allait développer à l'encontre de Charlie. Autant ce bout d'ange a su effacer mon plus vieux ressentiment en un battement de cils que Kat la déteste viscéralement.
Te demandes-tu réellement pourquoi, Elijah ?
Pas vraiment.
D'ailleurs, sa démarche à présent qu'elle s'approche au son de « Dirty dirty » – par Charlotte Cardin – est des plus limpides.
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Après la pluie
RomanceAyant vécu une enfance teintée de galères, Charlie n'a nullement ménagé ses efforts afin de mettre sa vie sur les rails de la sérénité. Aspirant à un futur fait de bonheurs simples, elle voit son rêve voler en éclats d'un seul coup de téléphone. « D...