36 - MOHAMED

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27 mars 2017, 09:34. Paris (France).

Elle est tellement belle quand elle dort. Elle a l'air apaisée et on pourrait croire que c'est un ange descendu du ciel. Je me retiens de tracer les traits de son visage avec mon doigt, de peur de la réveiller.

Les pleurs de notre fille me sortent de ma contemplation et je vais donc prendre Léna de son lit pour la porter. Très vite, ses pleurs s'arrêtent et elle se rendort. Je la garde dans mes bras pendant un moment, pour m'assurer qu'elle se soit bien rendormi et également parce que j'en ai jamais assez de la porter et de la regarder. Je tiens sa petite main dans la mienne et je la caresse doucement. Je l'aime déjà tellement fort que j'ai l'impression que mon cœur va exploser.

J'ai très peu dormi ces 3 derniers jours mais je n'ai même pas envie de dormir, par peur de louper une seule seconde de la vie de Léna.

Une infirmière fait son entrée dans la chambre et elle me fait un sourire. Je dirais qu'elle a une cinquantaine d'années, à cause de ses cheveux gris et son visage marqué par le temps. Elle est assez fine mais elle marche avec les jambes et les bras écartés, comme une personne obèse le ferait. Elle a un air chaleureux, on dirait une grand-maman.

Infirmière: Souhaitez-vous un café ou vous préférez attendre que votre compagne se réveille pour déjeuner avec elle?

Je souris et je secoue la tête.

Moi: Je vais l'attendre, merci.

Elle hoche la tête.

Infirmière: Il faut vous reposer Monsieur, si vous souhaitez vous pouvez vous allonger sur le deuxième lit puisqu'il n'y a pas encore d'autre patiente dans cette chambre.

Moi: C'est gentil mais j'attends nos visites.

Infirmière: Les visites ne sont pas encore autorisées. Vous feriez mieux de profiter de dormir tant que vous êtes encore à l'hôpital et qu'on est là pour vous aider! dit-elle en riant.

Je ris et je finis par céder. Elle m'aide à poser Léna dans son lit et elle me demande quand elle a mangé la dernière fois.

Une fois qu'elle est partie, je m'allonge sur le deuxième lit et je m'endors en un quart de seconde.

13:42

J'échange un regard complice avec Saloua quand on voit notre mère qui refuse de lâcher Léna. Elle la porte depuis qu'elle est arrivée et n'a accordé son attention qu'à elle. Elle nous a à peine salués Nélya et moi.

Saloua: Maman, j'aimerais quand même porter ma nièce un moment...

Notre mère lui lance un regard en biais et secoue la tête.

Maman: J'ai pas encore fini.

On se met à rire et elle finit par laisser sa place à Saloua quand Ali commence à pleurer parce qu'il veut voir sa cousine. Nous sommes tous attendris par la scène lorsqu'il dépose un doux baiser sur la joue de Léna, en étant bien prudent. À 5 ans, il est déjà très responsable et je pense que cela vient surtout de l'éducation de mon beau-frère.

Maman: Ma belle Nélya, que Dieu te protège et qu'Il soit satisfait de toi! Tu nous as donné le bébé le plus beau qu'il soit! Je suis tellement contente de t'avoir dans notre famille!

À l'unisson: Amin.

Nélya sourit et on peut voir à ses yeux qu'elle est épuisée. Elle a très peu d'énergie mais elle fait quand même de son mieux pour interagir avec nous.

Ma mère la prend dans ses bras et Nélya la serre fort contre elle, avec le peu de force qui lui reste. Elle me lance un regard et je vois que ses yeux brillent, elle est à deux doigts de pleurer.

Karim: C'est bon, t'as ta petite famille maintenant toi aussi... me dit-il doucement.

Je hausse les épaules et ne dis rien. Je sais bien que Nélya ne me pardonnera pas.

18:33

Je dépose un baiser sur le front de ma fille et je fais une rapide bise à sa mère. Elle me sourit et je lance un regard en biais à ses potes du sexe masculin, la plupart d'entre eux la baiseraient dès qu'ils en auraient l'occasion.

Moi: Je vais y aller, salut.

Ils me saluent tous par politesse et Mona propose de me raccompagner jusqu'à l'arrêt de métro. Elle prend donc sa veste et je la laisse venir avec moi, même si elle ne me laisse pas vraiment le choix. Nélya ne semble pas approuver mais elle ne dit rien.

Mona: Pourquoi t'étais autant hostile avec les gars? me demande-t-elle au bout d'un moment de silence.

Moi: Parce que ce sont pas des vrais potes, ils aimeraient tous gérer Nélya et ça m'énerve qu'elle le voit pas. Les meufs vous êtes trop naïves.

Elle se met à rire et elle secoue la tête.

Mona: T'es juste jaloux en fait. T'as peur qu'ils la gèrent maintenant que t'as merdé. Mais t'inquiète pas, elle est pas comme ça.

Je fronce les sourcils.

Moi: Je sais que ça arrivera pas mais ça m'énerve.

Elle me frappe avec son poing dans mon épaule.

Mona: T'enfonces pas.

Moi: Pourquoi t'es venue avec moi? dis-je d'un ton méprisant.

Mona: Je t'aime bien, dit-elle en haussant les épaules.

Je souris.

Moi: Moi aussi, j't'aime bien.

Mona: Pourquoi tu rentres en fait? Tu supportes plus de voir les gars baver sur ta baby mama?

Je pouffe de rire.

Moi: J'ai pas pris de douche depuis au moins 2 jours, j'en ai besoin là!

Mona: Y a des douches à l'hôpital...

Moi: Puis je laisse un peu de temps à Nélya avec ses potes. Elle a besoin de vous voir sans moi. Je vais prendre une douche et j'y retourne, Léna me manque déjà.

Elle hoche la tête et elle s'arrête quand on arrive à l'arrêt. On se salue rapidement et je monte dans le métro. Je l'observe s'éloigner et je souris, on n'a pas beaucoup parlé mais sa présence a été réconfortante.

J'aime bien cette fille, même si elle est parfois difficile à cerner. Elle me fait un peu penser à Ken.

ALLÔ BABE / SNEAZZYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant