35 - NÉLYA

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26 mars 2017, 21:08. Paris (France).

Pendant que je transpire à grosses gouttes à cause de la douleur des contractions, la seule chose sur laquelle je me concentre c'est la main qui tient la mienne. La main qui n'a pas lâché la mienne depuis 24 heures, depuis le moment où il est arrivé.

Alors qu'une nouvelle contraction arrive, j'écrase la main de Mohamed en la serrant très fort et je l'entends souffler. Je lui jette un coup d'œil et je vois qu'il serre les dents, sûrement parce que je serre sa main un peu trop fort.

Moi: La prochaine fois, je ferais mieux de te castrer au lieu de te laisser m'engrosser. Putain, gémissais-je de douleur.

Il sourit en hochant la tête et des rires se font entendre dans la salle, me rappelant qu'on n'est pas seuls. Deux infirmières sont là et elles surveillent la dilatation de mon col ainsi que le déroulement de l'accouchement en général.

Le travail a commencé vers 18 heures ce soir, alors que je suis à l'hôpital depuis hier matin. Il faut croire que ma fille a attendu l'arrivée de son père pour se décider à sortir, tout en prenant son temps.

Mohamed: Vous pensez qu'elle va bientôt sortir? demande-t-il aux infirmières.

Infirmière 1: Non, le col n'est pas encore assez dilaté. Nous pensons qu'elle va naître vers l'aube.

Il semble étonné de la durée de l'accouchement et il se met à interroger les infirmières sur la suite.

Moi: Il est quelle heure? J'ai l'impression d'être ici depuis 3 jours.

Infirmière 2: Il est 21h30.

Je la remercie et les deux vont se rassoir dans le coin de la salle pour nous laisser un peu d'intimité.

Mohamed: Je vais aller appeler ma mère pour la prévenir, j'ai même pas eu le temps de lui dire que j'étais rentré du Japon! me dit-il.

Moi: Ça joue.

Mohamed: Tu veux que j'appelle quelqu'un pour toi? Mona? Ta mère?

Je souris.

Moi: Mona est au courant, elle était là avant que t'arrives. Je les appellerai quand j'aurai accouché.

Mohamed: D'accord.

Il quitte la salle pour passer des coups de fil et je suis donc obligée d'attraper le bord du lit quand je sens une nouvelle contraction encore plus douloureuse que les précédentes arriver.

Bien que je lui en veuille toujours d'avoir gâché notre histoire, je ne peux pas nier qu'il m'ait été d'une grande aide depuis son arrivée. Son soutien m'a été indispensable. J'ai décidé de laisser de côté nos différends le temps de l'accouchement, afin d'accueillir notre fille dans les meilleures conditions possibles.

03:21

Alors que je me sens de plus en plus faible, le gynécologue m'encourage à commencer à pousser. Je sens mes paupières se fermer toutes seules mais la douleur des contractions m'empêcher de m'assoupir.

Mohamed: Allez Nélya, c'est bientôt fini. Il faut que tu pousses de toutes tes forces.

Je rouvre les yeux pour voir son regard rassurant et ma respiration se fait de plus en plus bruyante. Il attrape ma main dans la sienne et il hoche doucement la tête pour m'encourager. Je serre donc sa main dans la mienne et je me mets à pousser de toutes mes forces. Putain de merde, je n'ai jamais eu autant mal de toute ma vie... Je hurle à pleins poumons, pendant qu'on m'encourage à continuer à pousser.

Après ce qui me semble être une éternité, un cri de bébé se fait enfin entendre. Le gynécologue me dit que je peux arrêter de pousser et il tient mon bébé en l'air, le sourire aux lèvres.

Je lâche un soupir de soulagement et d'épuisement, mon cœur battant à mille à l'heure. Je me mets à rire et je tourne ma tête pour regarder Mohamed: il est en train de pleurer de joie.

Mohamed: Merci de m'avoir offert le plus beau cadeau du monde. J'arrive pas à y croire putain! Merci Nélya.

Il attrape mon visage entre ses mains et il m'embrasse passionnément. Je ferme les yeux et je pose ma main dans sa nuque pour le retenir un moment contre moi, front contre front.

Le gynécologue l'appelle pour qu'il coupe le cordon, ce qu'il fait. Je laisse retomber ma tête contre le lit et j'essaie de calmer ma respiration. Bordel, c'est enfin fini.

Mohamed revient vers moi, notre bébé dans les bras. Il la dépose sur ma poitrine et je me mets à pleurer quand je vois à quel point elle est petite.

Mohamed: Elle est trop belle putain.

Moi: J'arrive même pas à la voir à cause de mes larmes.

On se met tous les deux à rire et il essuie mes larmes avec son pouce. On passe les prochaines minutes à l'observer, jusqu'à ce que la sage-femme vient nous la prendre pour aller la laver. Elle invite Mohamed à l'accompagner pour le faire.

On me transfère dans une autre chambre et Mohamed m'y rejoint plus tard, en compagnie d'une infirmière et de notre fille.

Infirmière: La maman, il va falloir nourrir le bébé et ensuite vous pourrez vous reposer.

Je me redresse et elle me montre les bons gestes pour nourrir ma fille. Elle propose également à Mohamed de m'aider, notamment pour la porter et la poser correctement dans mes bras.

Je sursaute quand ma fille commence à tirer le lait, personne ne m'avait prévenue de la douleur que procurerait l'allaitement. J'ai l'impression qu'elle veut m'arracher le téton.

Infirmière: Lorsqu'elle arrêtera de tirer, ça voudra dire qu'elle a fini. Monsieur peut vous aider à la reposer dans son lit et vous pourrez dormir un peu. Je reviendrai dans 3 heures pour vous aider à la nourrir à nouveau.

Moi: D'accord, merci.

Infirmière: Vous avez déjà réfléchi à un prénom?

Mohamed et moi échangeons un regard et on hoche la tête.

Mohamed: Oui, Léna.

L'infirmière hoche la tête et elle quitte la chambre.

Je pose mon regard sur le petit être humain se trouvant dans mes bras. Elle semble tellement fragile que j'ose à peine la toucher. Mohamed avait raison, elle est trop belle. Je sais que ça peut paraître absurde mais je trouve qu'elle lui ressemble déjà, sauf qu'elle a les cheveux et la peau très clairs.

Je me sens complète depuis qu'elle fait partie de ce monde, mon cœur est rempli d'amour pour elle.

Moi: Bienvenue dans notre monde, Léna.

Je vois Mohamed nous observer donc je me décale légèrement et je tapote la petite place à côté de moi.

Moi: Viens avec nous.

Il me fait un grand sourire et il vient s'assoir à côté de moi, mettant son bras autour de mon épaule et baissant son regard sur notre ange.

Mohamed: Comment on a fait pour vivre sans elle jusqu'à maintenant?

Je ris et je ressens soudainement un surplus d'amour, me donnant ironiquement l'envie de pleurer.

Moi: J'en sais rien. Je veux la garder dans mes bras pour toujours.

Il sourit à nouveau et il dépose un baiser sur mon front, me faisant fermer les yeux à ce contact.

Quand elle finit de se nourrir, il se relève du lit et il la prend de mes bras pour la poser dans son lit.

Pendant qu'il la pose dans le lit, il se met à lui parler et il l'observe pendant un moment. Je le regarde faire et je souris. J'ai hâte de voir quel genre de père il sera, mais je ne m'inquiète pas pour Léna. Je peux voir qu'il l'aime déjà plus que tout et je suis sûre qu'il prendra soin d'elle autant que je le ferai, peut-être même plus.

Je repense à notre baiser de tout à l'heure. Je me questionne sur sa signification mais je finis par me dire que c'était juste comme ça, on n'y a pas réfléchi. On était dépassés par les émotions.

ALLÔ BABE / SNEAZZYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant