Je me balade dans les rues de Paname après avoir fêté mon anniversaire avec les gars. J'ai passé une semaine de fou et j'ai pu fêter l'occasion avec tous mes proches, je suis refait.
Putain, j'ai 30 piges.
Ce soir les gars m'ont emmené en boîte mais on a passé une soirée assez tranquille. J'ai fait un effort pour eux mais je suis rentré plus tôt que le reste du groupe. Je me fais vieux, ce genre de soirées ne m'intéressent plus tellement. Je suis un daron, je dois devenir un peu plus sérieux...
Au loin, mon regard se porte sur une blonde qui semble mal à l'aise face à l'homme qui lui parle. Elle tente de s'éloigner de lui mais il se rapproche toujours un peu plus.
Je marche vite pour être plus proche d'eux, je veux être sûr de ce qu'il se passe avant d'agir.
La femme hausse un peu le ton et je l'entends lui dire « je suis pas intéressée! ». Sans trop réfléchir, je m'avance vers eux et je prétends la connaître.
Moi: Wesh Clara, t'es là? Je te cherche depuis 20 minutes!
Elle tourne la tête vers moi et je reconnais Amel, l'ancienne copine de Nélya. Pour le coup, je n'ai pas menti: je la connais. Elle me sourit et semble maintenant soulagée.
Amel: Ouais, je t'attendais ici moi.
Le regard du gars fait des allers-retours entre la marocaine et moi puis il soupire. Je lui fais un signe de tête.
Moi: T'es qui toi? Tu rentres avec nous?
Gars: Non, j'allais y aller. Je tenais juste compagnie à ta pote pour pas qu'elle se fasse embêter.
J'ai envie de rigoler face à son culot mais je reste sérieux et je hoche la tête.
Moi: Merci mec. Bon bah salut.
Il nous fait un pouce en l'air et s'empresse de s'éloigner de nous.
Une fois qu'il est loin, je me tourne à nouveau vers Amel.
Moi: Ça va? Il t'a rien fait?
Amel: Non, t'inquiète pas... Mais heureusement que tu étais là! Je sais pas ce que j'aurais fait si t'étais pas arrivé! Merci énormément Mohamed!
Sa voix tremblote et ses yeux commencent à briller. Je pose ma main sur son épaule et je lui fais un sourire sincère.
Moi: T'inquiète, c'est normal. Tu rentres chez toi? Je peux te raccompagner si tu veux.
Amel: Oui, volontiers si ça te dérange pas.
Moi: Non, pas de problème.
On commence donc à marcher en direction de chez elle, enfin j'imagine puisque je ne sais pas où elle vit.
Le trajet se passe dans le silence, je n'ai rien à lui dire et puis ça pourrait vite devenir gênant si l'on devait avoir une discussion.
Elle tremble et claque des dents à cause du froid, en même temps elle est très peu vêtue en cette nuit d'hiver et elle ne porte qu'un pauvre blazer par-dessus sa tenue.
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Après une longue hésitation, je décide d'enlever ma veste et je la lui donne. Elle la prend avec les mains tremblantes et les larmes aux yeux avant de me remercier et la mettre.
Amel: Merci beaucoup. Personne n'a jamais été aussi gentil avec moi!
Je pense qu'elle exagère un peu mais je peux voir qu'elle n'a pas l'habitude de recevoir de la gentillesse. Il est aussi vrai que son comportement ne donne pas toujours envie d'être aimable avec elle...
Moi: Arrête de me remercier, j'te dis que c'est rien.
Amel: J'ai pas l'habitude qu'un homme me protège. Mon père et tous les autres hommes de ma famille m'ont fait comprendre dès mon plus jeune âge que je ne méritais pas de recevoir d'amour et que j'étais inférieure. J'ai fini par l'accepter. C'est pourquoi j'ai accepté que tous les hommes de ma vie me manquent de respect et me traitent mal.
Aïe, on va partir sur les discussions profondes.
Elle semble bourrée alors je ne veux pas en profiter pour en apprendre plus sur sa vie, plus qu'elle ne dirait en étant sobre.
Moi: C'est pas parce qu'on t'a mal traitée dans le passé que tu le mérites, Amel.
Elle baisse la tête et avance en silence. Pendant qu'on marche, je réfléchis à ce qu'elle a dit et il est vrai qu'elle a était prête à accepter que Ken la traite comme de la merde pourvu qu'il lui donne un peu d'affection et d'attention. Je pense qu'elle a souffert du manque d'amour de son père donc elle est partie en chercher chez tous les hommes qu'elle rencontrait.
Moi: Je peux te poser une question?
Amel: Oui? dit-elle sans me regarder.
Moi: Pourquoi t'as agi comme ça avec Nélya? Pourquoi t'as été si mauvaise avec elle?
Elle me regarde enfin et rit doucement mais ce n'est pas de la joie que je lis dans son regard.
Amel: J'étais jalouse d'elle, j'ai voulu détruire tout ce qu'elle avait de plus que moi.
Je hoche la tête. C'est assez simple comme explication mais ça explique tout.
Amel: Je regrette mais je ne pense pas mériter son pardon alors je n'ose pas m'excuser.
Je ne pense pas que Nélya pourrait lui pardonner toutes les crasses qu'elle lui a faites mais ça ne coûte rien d'essayer. Je ne devrais pas être celui qui lui donne ce conseil, par contre. Je décide donc de me taire.
Après environ une demi-heure de marche, on arrive devant un bâtiment et elle m'indique que c'est chez elle.
Amel: Merci énormément pour ce que t'as fait, je t'en serai toujours reconnaissante.
Moi: C'est rien, prends soin de toi.
Je lui souris et j'allais partir mais elle m'interpelle.
Amel: Ta veste!
Moi: Ah, oui.
Je l'avais complètement oubliée. Elle l'enlève et s'approche pour mettre la veste autour de mes épaules, me mettant mal à l'aise au passage. Elle s'approche de mon visage et allait m'embrasser mais je la repousse plus fort que je ne le devrais.
Moi: Non, Amel! Non! Faut pas faire ça! Gâche pas tout!
Elle fronce les sourcils et baisse le regard.
Amel: Désolée, j'sais pas ce que je fais...
Moi: C'est pas grave, je sais que tu le voulais pas. Mais faut que t'arrêtes de vouloir te donner à n'importe quel homme qui fait preuve de gentillesse envers toi! Ils sont pas tous bien intentionnés!
Elle hoche la tête et je pars, trop énervé pour la voir une seconde de plus.
