8 - MOHAMED

1.7K 65 8
                                        

24 décembre 2016, 01:34. Paris (France).

7 jours. Ça fait 7 jours que je cogite. J'y pense jour et nuit. J'arrive pas à me faire à l'idée que je vais être père dans 4 mois et que je viens à peine de l'apprendre. J'arrive pas à me faire à l'idée que Nélya ait décidé de ne pas me le dire. J'aurais pu ne jamais l'apprendre... Vivre sans savoir que j'ai un enfant quelque part. Le croiser dans la rue sans savoir que mon sang coule dans ses veines. Cette idée me garde éveillé la nuit. Je ne veux pas que ça arrive. Je ne peux pas être comme mon père. Je me suis toujours promis que je ne serais pas comme lui. Que je serais un bon père.

Karolína dépose des baisers sur mon torse nu qu'elle caresse ensuite.

Karolína: T'es ailleurs.

Je porte mon attention sur la belle tchèque et je hoche la tête en grimaçant.

Moi: Ouais, désolé.

Ses gros yeux bleus me regardent tristement et elle s'appuie sur mon torse pour se retrouver à quelques centimètres de mon visage.

Karolína: Quoi? Tu te lasses de moi?

Je secoue la tête et j'entoure sa taille avec mon bras.

Moi: Non, c'est une histoire avec les gars... mentis-je.

Ma belle finit par sourire et elle dépose un baiser sur mon nez.

Karolína: Tu veux que je t'aide à oublier cette histoire...? me dit-elle en commençant à se frotter à mon corps nu.

Moi: Non.

Elle s'éloigne de moi et elle m'interroge du regard. Elle pense sûrement avoir mal entendu ma réponse.

Un quart d'heure plus tard, je marche seul dans les rues de Paname. Je grimace quand un vent glacial vient me faire un câlin mais je continue quand même d'avancer. L'air frais me fait du bien à l'esprit. J'avais du mal à penser à autre chose qu'à Nélya ces 7 derniers jours, je n'ai pas réussi à enregistrer quoique ce soit alors que mon EP « Dieu bénisse Supersound, volume 2 » sort en mars.

Pendant un moment j'hésite à aller la voir parce qu'elle doit sûrement être en train de dormir à cette heure-ci, puis je me rappelle que mes pensées m'ont empêché de dormir ces 7 derniers jours alors j'en ai rien à foutre de son sommeil.

Après une vingtaine de minutes de marche, j'arrive devant son immeuble et par chance la porte d'entrée est ouverte. Je monte les escaliers jusqu'à son étage et je m'arrête devant la porte de son appartement.

Je sonne et puis je reste devant la porte, attendant qu'elle vienne m'ouvrir. J'attends 2 minutes puis je sonne à nouveau.

J'entends des pas se rapprocher et puis la porte s'ouvre sur Nélya qui semblait déjà réveillée. Ses cheveux sont en bataille et des cernes ont pris place sous ses yeux mais ils sont grand ouverts. Mes yeux parcourent rapidement son corps: elle porte un t-shirt blanc large et un short de pyjama court qui se voit à peine sous son ventre.

Moi: Écoute, j'suis venu ici pour te dire que j'ai envie de faire partie de la vie de cet enfant. Je veux être son père et je vais tout faire pour qu'il ou elle ne manque de rien. T'as pas le droit de m'en empêcher, je serai là que tu le veuilles ou non. Parce que cet enfant tu l'as pas fait toute seule, on était deux. On a fait une erreur mais c'est pas à toi d'assumer ça seule. Alors oui c'est difficile à accepter, je suis encore en état de choc... mais je suis son père et je veux l'élever.

J'ai dit tout ça sans respirer une seule fois. Je reprends mon souffle et je me sens soulagé de lui avoir balancé tout ça.

Elle me regarde et elle finit par me faire un petit sourire en voyant que je suis plus calme que la dernière fois. Elle semble également moins fuyante.

Nélya: Entre.

Je ne me fais pas prier: j'entre dans son appartement et je ferme la porte derrière moi. Je jette un coup d'œil à l'intérieur, puisque je n'ai pas pris le temps de le faire la dernière fois. C'est simple mais joli et bien décoré.

J'enlève mes chaussures et ma veste que je pose sur le portemanteau puis je la suis dans le salon. Je vois que la télé est allumée, ce qui me confirme qu'elle ne dormait pas. On s'assoit sur le canapé et je me tourne pour lui faire face.

Elle fronce légèrement les sourcils avant de parler.

Nélya: Mon but a jamais été de t'empêcher d'être là... Je suis désolée de pas te l'avoir dit. J'avais peur que tu penses que j'ai gardé le bébé pour profiter de toi, pour du buzz ou de l'argent.  Je sais que c'est pas une excuse et encore une fois, je suis vraiment désolée. J'ai été égoïste et c'est que maintenant que je m'en rends compte.

Sa voix est tremblante et pleine d'émotion, elle est au bord des larmes. Je la regarde pendant quelques secondes sans rien dire. Elle a l'air sincère, je ne peux pas en être sûr parce qu'après tout je ne la connais même pas mais je décide de la croire.

04:53

Elle me regarde et sourit timidement. Ses yeux sont tout petits, elle est visiblement fatiguée. On a parlé toute la nuit donc c'est compréhensible.

Nélya: Tu veux boire quelque chose? Un café, un thé, un chocolat chaud?

Je réfléchis pendant quelques secondes avant de répondre.

Moi: Si tu bois quelque chose, fais-moi la même. Ça m'est égal.

Nélya: Un chocolat chaud?

Moi: Ça me va.

L'égyptienne-tunisienne disparaît pendant quelques minutes dans la cuisine donc j'observe la décoration de la pièce.

Nélya revient dans le salon avec 2 tasses qu'elle pose sur la table puis elle se rassoit. Elle soupire bruyamment et elle pose sa main dans le bas de son dos.

Nélya: Avec tout ce que j'endure pendant ma grossesse, ose seulement dire que tu veux choisir le prénom et je te...

Je me mets à rire et je bois une gorgée de chocolat chaud.

Nélya cligne des yeux beaucoup plus souvent que d'habitude, m'indiquant qu'elle est à 2 doigts de s'endormir.

Moi: T'as sommeil? Je vais y aller.

Je me frotte les yeux et elle secoue la tête.

Nélya: Non, tranquille.

En disant ça, elle se met à bailler. On se met à rire et je me lève du canapé.

Moi: Je suis fatigué aussi, je vais y aller.

Elle hoche la tête et elle me suit dans le couloir. Je remets ma veste et mes chaussures puis j'ouvre la porte d'entrée. Je sors dans le couloir mais je me retourne pour faire face à Nélya qui se trouve dans l'embrasure de la porte. Elle est vraiment à deux doigts de s'endormir, ce qui la rend mignonne.

C'est juste bizarre de se dire que j'ai maintenant un lien à vie avec cette fille que je connais à peine.

ALLÔ BABE / SNEAZZYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant