Chapitre 3

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Le lendemain, j'étais bien déterminé à l'ignorer. Après tout, je ne lui devais rien. Je partais en cours, afin d'éviter de devoir courir comme hier, et pourquoi pas, éviter de mourir à nouveau. Je changeais de place et parvenais à prendre une nouvelle place, ce qui était en soit, un exploit. Je regardais tout autour de moi et souriais un peu plus. J'avais réussi.

Bon, évidemment cela n'aurait pas été drôle si monsieur le voleur n'était pas lui aussi à l'heure et avait réussi à prendre la place qui était à ma droite étant donné que je m'étais installé en fin de ranger afin de diminuer le risque qu'il soit à côté de moi. Comme vous l'avez peut-être compris, il était à côté de moi. Je rangeais alors mes affaires.

- Pourquoi ?

- Parce que.

Est-ce que ça le regardait ? Non. Alors je n'avais pas à lui répondre. Alors que je m'apprêtais à me lever, le professeur rentrait.

- Bien ! Tout le monde s'assoit.

J'essayais alors de partir rapidement, mais une grande partie des places était déjà prise.

- Monsieur, si vous voulez bien vous asseoir.

Je soupirais en voyant qu'il me parlait. À vrai dire, cela était plus que flagrant étant donné qu'il me fixait. Bon, n'ayant pas réellement le choix, je me rasseyais. Il souriait légèrement et me regardait.

- Arrête de me regarder.

- Je ne te regarde pas.

- Je ne suis pas aveugle. Et je sens ton regard sur moi.

- Je regarde la fenêtre. Même s'il est vrai que tu ressembles à un moineau, je préfère tout de même regarder les véritables moineaux.

- Haha. Très drôle.

Je soupirais en le regardant et me concentrais sur ce que le prof disait.

- Donc, comme je vous l'avais dit il y a une semaine, aujourd'hui nous allons commencer les travaux de groupes. Le groupe que vous aurez sera le même groupe que vous aurez pour toute l'année. Et je n'aime pas perdre du temps alors votre binôme sera la personne à côté de vous.

- Enchanté, partenaire.

Il me regardait en souriant d'un air victorieux.

- Vous pouvez choisir votre sujet tant qu'il est en rapport avec la matière.

Génial, on peut choisir le sujet mais pas notre binôme. C'était un gros foutage de gueule non ?

L'heure se déroulait sans soucis. Enfin, monsieur ne semblait pas bien concentré sur les consignes que le professeur nous donnait. Mais je ne comptais pas sur lui de toute façon, après tout, j'allais faire le boulot tout seul. Je ne voulais pas me taper une mauvaise note et foirer mon dossier à cause de lui.

- On s'organise comment ?

- On ? Ne t'inquiète pas. Je sais me démerder tout seul.

- C'est un travail en binôme.

- Je ne suis pas sourd et contrairement à toi j'ai écouté toutes les consignes.

- Qui te dit que je n'ai pas écouté ?

- Tu étais en train de dormir.

- On retient mieux les choses en dormant.

Je soupirais en me levant.

- Donc chez toi ou chez moi ?

- Nul part. J'ai dit que je le ferai seul.

- À quelle heure ?

- Je le ferai seul. SEUL. S-E-U-L.

Il souriait et se levait lui aussi.  Il se mettait à me suivre, je décidais alors de marcher plus rapidement.

- Tu comptes me suivre encore longtemps ?

- Jusqu'à ce que tu me donnes les infos pour qu'on se retrouve. Je ne compte pas avoir une mauvaise note à cause de toi.

Ce n'était pas plutôt à moi de dire ça ?

- Bien ! Tu as gagné ! Chez toi la semaine prochaine.

- Pourquoi ne pas commencer plus tôt ?

- Parce que moi je ne vole pas comme toi. J'ai un job étudiant.

- Je ne suis pas un voleur.

- Si tu le dis.

Il repartait en m'ignorant. Lui qui pourtant souriait en me regardant, cette fois-ci son visage s'était refermé. Bon, bonne nouvelle, j'avais réussi à me débarrasser de lui pour le moment. J'allais enfin pouvoir vivre un peu en paix. Le professeur m'interpellait dans le couloir.

- Vous avez oublié de remplir la fiche et votre binôme aussi.

- Ah... Désolé. Je vous la rendrais demain ?

- Bien. Laissez-la dans mon casier.

- Merci monsieur.

Je prenais les fiches qu'il me tendait. En voyant les infos demandées, je me rendais compte que je ne connaissais absolument rien de lui. Même pas son nom et encore moins son prénom. Je me retournais afin de voir où il était. Il se dirigeait vers la cafétéria. Malheureusement, ce qui disait cafétéria disait aussi... des personnes. Beaucoup de personnes...

Je n'étais pas réellement associable, je n'aimais juste pas les endroits où il y avait beaucoup de monde. Je n'avais qu'à le voir et lui donnais la fiche. Après tout, ce n'était pas bien difficile. Je n'avais qu'à lui donner la fiche et partir à mon boulot. Il était en train de parler à d'autres étudiants. En voyant que je m'approchais de lui, il me regardait afin de me montrer que j'avais désormais toute son attention.

- On a oublié de compléter la fiche.

- On ? Tu ne mets pas toute la faute sur moi ?

Oh le bâtard. Il osait réellement me provoquer alors que je tentais de faire la paix. Bon c'était peut-être un trop grand mot, mais au moins parler sans crier. Ou tout simplement supporter le regard de l'autre.

- Tu es peut-être un peu immature par rapport à ça mais moi je ne le suis pas. On est censé bosser ensemble mais on ne connaît même pas le prénom de l'autre.

Il souriait en m'écoutant et me tendait sa main.

- On repart donc sur de nouvelles bases ?

- Oui.

- Alors je me présente, voleur de nouilles.

Je serrais sa main en tentant de lui faire mal, ce qui évidemment n'avait pas l'air de le blesser. Quelques étudiants rigolaient et il me regardait d'un air sérieux.

- C'était une blague. Je m'appelle  Sane, et toi ?

- Soren...

Je lui donnais mon numéro de téléphone alors qu'il m'envoyait un message afin de me donner son adresse. Je partais ensuite travailler alors que lui restait à la cafétéria.

Si monsieur avait du temps à perdre, c'était son histoire. Je ne pouvais pas me permettre ce luxe. J'avais des charges à payer en plus de m'être endetté avec ce prêt étudiant. Mais je me demandais tout de même comment faisait-il pour réussir à payer ses études ? À ma connaissance, il n'avait pourtant pas de job étudiant, bon, vous me direz que je ne connais absolument rien à sa vie, ce qui dans un sens est vrai. Mais une grande partie des étudiants avait un job afin de pouvoir subvenir à leur besoin ou bien économiser pour payer leur prêt. L'autre partie avait des parents qui les aidaient.

Peut-être que Sane avait des parents afin de l'aider, ou peut-être qu'être un criminel amateur pouvait rapporter plus que ce que je ne pensais.

DAG (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant