- En général c'est à celui qui surprend de dire cette phrase.
- Sane... Je suis sérieux...
Il me regardait alors, attendant que je continue de parler. Cependant, je n'arrivais pas à trouver mes mots. Après tout, j'avais peur de faire une gourde si j'utilisais les mauvais mots. Je décidais finalement d'y allais franco.
- Théo m'a dit que tu étais responsable de la mort de ton ex. C'est quoi cette histoire ?
Son regard changeait du tout au tout. Il s'éloignait de moi afin de reprendre sa place.
- Il a dit ça ce connard ?
Je ne répondais rien alors qu'il soupirait. Lui aussi ne répondait rien, et se mettait de nouveau en route.
Bon, on pouvait dire que c'était ce qu'on pouvait appeler : jeter un froid entre nous. Mais au moins, sa conduite était un peu moins dangereuse que tout à l'heure. Quoi que quelques personnes continuaient encore de nous klaxonner. Je regardais les panneaux et je le regardais.
- Où allons-nous ?
- Tu veux savoir pas vrai ?
Je n'avais même pas eu besoin de parler qu'il savait déjà ce que je pensais. Où était-ce moi qui étais trop prévoyant ?
- Oui.
Il continuait alors de conduire, et après une quarantaine de minutes, nous arrivions à destination. Enfin, c'est ce qu'annonçait le GPS. Je regardais alors Sane sans comprendre. Que faisions-nous devant un cimetière ? En le voyant enlever sa ceinture, je faisais de même.
Alors son ex était vraiment mort. Je le suivais, ne sachant pas vraiment où il allait. Pendant que nous marchions, mon regard ne pouvait s'empêcher de regarder chaque pierre tombale. Il s'arrêtait finalement devant une en particulier. Je lisais alors ce qu'il y avait écrit.
- Azer Jules ?
Il ne quittait pas la tombe du regard. Je pouvais voir qu'il y avait quelques bouquets, et à en juger par la fraîcheur des fleurs, cela ne faisait pas longtemps qu'ils avaient été posés ici.
- Mon ex.
Je lisais un peu plus attentivement ce qui était inscrit sur la pierre.
Il s'appelait Azer Jules, il était âgé de 19 ans au moment de sa mort. Et... C'était l'anniversaire de sa mort aujourd'hui. Cela faisait 2 ans, jour pour jour, qu'il était mort.
- Je ne sais pas ce qu'il t'a raconté, mais je n'ai pas tué Jules. Jamais je n'aurai pu lui faire du mal... Il était la personne la plus précieuse à mes yeux. Nous nous étions disputés, je ne sais même plus pourquoi... Il pleuvait ce jour-là, et j'étais censé resté dormir chez lui. Mais j'ai pris ma moto et je suis parti. Il m'a suivi, sauf que les freins de sa moto avaient lâché. Il n'a pas pu s'arrêter et a été percuté par une voiture. Il est mort à l'hôpital, avant que les médecins ne puissent faire quoi que ce soit. De toute façon le choc avait été trop brutal, ils n'auraient rien pu faire. Alors oui je l'ai tué, mais je ne l'ai pas fait exprès. Si je savais ce qu'il se serait passé, jamais je n'aurais pris ma moto, jamais je ne serais parti. J'aurais tenté de calmer cette dispute, j'aurais même admis qu'il avait raison si cela aurait pu lui permettre de rester en vie. J'aurais tout fait pour rester à ses côtés...
Pour la première fois, cette carapace qui semblait entourer Sane s'effondrait petit à petit. Sa voix tremblait, et il ne lâchait pas la photo de Jules des yeux. C'était une photo où on pouvait le voir, en train de sourire à l'objectif, tenant un bouquet de fleurs. Je prenais Sane dans mes bras, sans réfléchir. Il me serait contre lui, comme jamais il ne l'avait fait. Ou du moins, il ne l'avait jamais fait de cette façon. Lui qui était pourtant toujours aussi sûr de lui, à cet instant il semblait fragile. Sur le point de se briser.
- Sane... Tu ne l'as pas tué... Comment tu aurais pu savoir que les freins de sa moto étaient défectueux ?
Je comprenais alors pourquoi, lorsque nous nous disputions, il tentait d'apaiser les choses. Ou même lorsque je voulais quitter chez lui dû à la colère, il m'avait dit qu'il prendrait la chambre d'ami si besoin, mais que je n'avais pas à partir. Dans tous les cas, qu'il soit fautif ou non, il tentait d'apaiser chaque dispute que nous pouvions avoir.
Il portait encore les traces de son passé. Je regardais la photo, et je ne pouvais m'empêcher de sentir que j'étais de trop. Je ne saurais pas expliqué pourquoi. Et je ne saurais sans doute jamais expliquer la raison de cette pensée.
Après quelques minutes, nous partions. Moi en premier, sentant que Sane avait encore besoin d'un peu de temps. Je l'attendais dans la voiture, et il ne tardait pas à me rejoindre. Ses yeux étaient légèrement rouges. Il soupirait en fermant ses yeux et laissait sa tête s'appuyer contre son siège.
- Lisa est la cousine de Jules. Il était fils unique, alors c'était plus comme sa petite sœur. Et je la vois moi aussi comme tel. Elle n'avait pas de transport, alors je lui ai proposé de l'emmener avec moi. J'essaie de venir ici une fois par semaine, ou sinon toutes les deux semaines.
Je me sentais soudainement ridicule. Encore une fois, je m'étais fait des films pour rien. J'avais envie de lui demander des détails, sur sa relation avec lui, sur son passé, mais je préférais me taire. Quelqu'un s'approchait de la voiture, et je pouvais voir Sane se raidir quelque peu. Je le regardais alors sans comprendre.
- Madame... Monsieur...
Il sortait de la voiture alors que l'homme et la femme avaient les larmes aux yeux.
- Sane... Comment vas-tu ? Tu as tellement grandi, ça fait si longtemps...
La femme le prenait dans ses bras, je ne savais pas s'il fallait que moi aussi je sorte de la voiture ou pas. Cependant, je décidais finalement d'y sortir en voyant que Sane me faisait signe de venir.
- Je vous présente Soren, Soren, les parents de Jules...
Ils me saluaient alors que je faisais de même.
- Je suis sûr que ça ferait plaisir à Jules de savoir qu'il a eu de la visite... Mais ne te sens pas obligé de venir ici. C'est loin de ta nouvelle ville, et il ne faut pas que tu délaisses tes études pour autant. Et puis regarde-toi, tu manges assez ? J'ai l'impression que tu as maigri depuis la dernière fois.
La femme tapotait sur les épaules de Sane en le regardant. Je ne pouvais m'empêcher de sourire légèrement. Sane souriait aussi alors qu'il lui répondait. Après quelques minutes, l'homme venait à la rescousse de Sane.
- Bien bien Marie, allons voir Jules. On ne va pas retenir Sane encore plus longtemps, en plus il est accompagné.
- Passe à la maison quand tu veux. Tu le sais bien, tu seras toujours comme chez toi.
Ils rentraient tous deux dans le cimetière en se tenant la main. Sane rentrait dans la voiture alors que je faisais de même. Son regard était perdu dans le vide. Je posais doucement ma main sur sa cuisse, ce qui semblait le faire sortir de ses pensées.
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DAG (bxb)
Romance" L'amour n'est-il pas encore plus exaltant lorsqu'il est mélangé au danger ? " Lui disait-il de son regard toujours aussi pétillant qu'au premier jour. Danger, Amour et Gang rythmeront désormais son quotidien. Soren fait la rencontre de Sane, une...