Chapitre 58

1K 78 4
                                    

- Comment ça tu les a tué ? Qu'est-ce que tu racontes Sane ? Ils étaient plus nombreux, ils étaient trois et même si tu sais te battre tu aurais été plus blessé...

Non, il n'avait pas pu faire ça... Ce n'était pas lui, jamais il n'aurait pu tuer quelqu'un. Je savais bien qu'il ne pourrait pas faire mal à quelqu'un, après tout je l'avais déjà vu faire, mais on parlait de tuer quelqu'un. C'était deux choses totalement différentes.

Là c'était un crime, si on l'attrapait il irait directement en prison, et encore si c'était la police qui l'attrapait. Car si c'était eux... Ils le tueraient comme il les a tués.

- Je n'avais pas le choix Soren ! Ils allaient te violer, qu'est-ce que j'étais censé faire ? Les regarder ? Leur proposer mon aide peut-être ? Entamer une discussion ? Soren, je n'avais pas le choix.

Je le regardais et resserrais sa main qui tremblait légèrement. Je ne l'avais jamais vu dans cet état. Et je ne pouvais pas me laisser me submerger par le stress. C'était la première fois qu'il avait tué quelqu'un. Il devait être bien plus perturbé que je ne l'étais.

- Soren... S'il te plaît regarde-moi...

Je le regardais, alors que je me penchais. Je posais mes lèvres contre les siennes, alors que son autre main se posait sur l'une de mes hanches.

- Sane, calme-toi... Je le sais bien. Et je ne te jugerais pas. Tu le sais, car si tu as dû faire cela, c'est de ma faute. Ne t'inquiète pas, si la police vient et te soupçonne, je me dénoncerais.

- Tu peux rêver. La police n'est pas un problème. Ils ne vont pas s'emmerder avec ce genre d'affaire vu ton quartier. Ce qui risque de poser problème c'est eux. Ils faisaient partie d'un gang, et tu sais aussi bien que moi si quelqu'un touche à un seul membre d'un gang, il le paiera.

- Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?

En quelques secondes, il était redevenu lui-même. Je ne pouvais pas comprendre comment il faisait cela. Passer d'une émotion à son contraire en quelques secondes... Il me regardait, à nouveau posé, sa main ne tremblait plus. Il était déjà en train de réfléchir à toute sorte d'hypothèses. Il n'avait toujours pas lâché ma main, et je ne comptais pas lâcher la sienne.

- Tu m'as bien dit qu'ils étaient trois. Ce qui veut dire qu'il n'y avait personne d'autre. J'ai tué trois personnes, un qui portait un tee-shirt noir avec une rose au niveau du poumon droit. Un autre qui portait un pantalon gris, troué au genou. Un autre qui lui portait un tee-shirt avec un pistolet au niveau du cœur. Ce sont bien eux ?

Je fermais mes yeux afin de me remémorer chaque détail. Et il n'y avait aucun doute possible. C'étaient bien eux.

- Oui. Pourquoi ?

- C'est bien. Dans le sens où ça veut dire qu'ils n'ont pas échangé des membres. Il y a très peu de chances pour que les autres membres soient au courant du fait qu'ils ont essayé de t'agresser. Il n'y a donc pas de témoin. Rien qui ne puisse te relier à eux. J'ai caché ma moto, personne ne sait que je suis ici. Je repartirais dans quelques jours, Liam viendra prendre ma moto, puis viendra me chercher avec la sienne.

Je le regardais encore plus surpris. Comment pouvait-il être en train de créer un plan ? J'en venais même à douter que ce fût la première fois qu'il avait tué quelqu'un. Et je ne pouvais pas garder cette incertitude pour moi. Il fallait que je lui demande.

- Est-ce que c'est la première fois..?

- Comment ça ?

- Est-ce que c'est la première fois que tu tues quelqu'un ?

Mon ton était bien plus froid que je ne l'avais voulu. Mais je n'y pouvais rien. Il fallait que je sache si le Sane que je connaissais, celui avec qui je venais de passer presque deux ans de ma vie était bien ce Sane.

- Bien sûr que oui... Pourquoi me poses-tu cette question ?

- Tu es redevenu normal alors qu'il y a quelques minutes tu n'étais plus le même... On ne peut pas redevenir normal aussi rapidement après avoir tué trois personnes pour la première fois.

- Soren, je ne redeviens pas normal. Je ne me laisse pas submerger par la situation, car je ne veux pas mourir, ni qu'on te tue. Et s'il fallait le refaire, je le referais. Car tu étais en danger, et ils allaient peut-être même te tuer après t'avoir utilisé comme ils le souhaitaient.

Je savais qu'il avait raison. Car après tout, c'était ma dernière pensée avant de fermer mes yeux. Et désormais, je ne voulais plus penser à ça. Je voulais laisser ça derrière nous. Je voulais oublier cet incident et que tout redevienne comme avant.

Je me levais alors, et commençais à prendre de quoi nettoyer le sang qui était encore sur le carrelage. Il me regardait faire, tout en prenant la parole.

- Et il ne faut pas que tu te laisses submerger par la situation toi aussi. Je sais que c'est difficile, et je ne te demande pas de t'adapter comme moi je le fais. Car après tout, chacun a sa méthode. Je te demande juste de ne pas te laisser aller à des idées noires. Ce n'était qu'un accident Soren, et jamais tu ne seras de nouveau en danger.

- Pour pouvoir oublier tout ça il faut que je sache tous les détails. Comment savais-tu que j'étais là ? Tu m'as suivi ?

- Oui.

Je n'allais tout de même pas me plaindre de ça. Après tout, c'était grâce à ça que je me tenais face à lui en ce moment même.

- Bien. Mais Sane, pourquoi t'être mis en danger..? Tu aurais pu appeler la police et-

- Et quoi ? Le temps que la police vienne tu serais peut-être déjà mort. Je préfère que ce soient eux qui aient une balle plantée en plein crâne que toi Soren. Car si je te perds, je perdrai aussi la raison. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais tu es beaucoup trop important pour moi Soren. Tu es mon monde.

Je savais que si les situations avaient été inversées, moi aussi je n'aurais pas hésité. Car après tout, lui aussi été mon monde. Et si le perdre revenait à perdre mon monde, alors j'aurais fait pareil. Ce qui me faisait peur en quelque sorte et qu'il pensait cela avec une telle conviction. Je savais dès la première fois que je l'avais vu à quel point il était étrange. Je le savais, mais cela ne m'avait pas empêché d'être avec lui. Et je n'allais pas le laisser. Je ne pouvais pas le laisser, car après tout, je l'aimais.

- Ne te mets plus en danger Sane... Pas pour moi. Car si je t'avais perdu par ma faute... Je-

- Tu n'aurais rien du tout Soren. Ce qui est fait est fait. Et nous sommes ensemble, en vie. Désormais il faut juste qu'on pense à notre avenir. On fera en sorte de ne plus jamais avoir à se retrouver dans ce genre de situation. D'accord ?

- Bien entendu...

Je terminais de nettoyer mon appartement. J'avais dû changer l'eau plusieurs fois, afin de pouvoir enlever correctement tout le sang et ne laisser aucune tâche. Sane avait voulu m'aider, mais je l'en avais dissuadé. Après tout, avec une perfusion, cela s'avérait déjà bien plus compliqué.

Je ne pensais pas que le monde dans lequel il vivait pouvait être aussi dangereux. Mais une chose était sûre, je ne comptais pas le laisser. Je comptais bien vivre avec lui, peu importe le danger qui nous fera face. Lui ne m'avait jamais abandonné, alors je ne l'abandonnerai jamais.

DAG (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant