Chapitre 62

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Je regardais alors mon cher copain faire des avions en papier. Thomas lui avait ouvert ses yeux quelques secondes, avant de nous regarder d'un air dérouté et de fermer à nouveau ses yeux. Bien sûr j'avais tenté de le réveiller, mais cela n'avait servi à rien puisqu'il avait fini par se rendormir. Je le regardais alors, et, lorsque je le regardais un peu trop selon quelqu'un, je me prenais un coup de pied, soit disant " par accident " disait-il. Ce " il " était bien évidemment Sane, qui cela pouvait-il être d'autre après tout ?

Le cours avait déjà commencé depuis 5 bonnes minutes. Sane regardait son voisin de table qui se figeait presque sur place. En effet, il faisait deux têtes de moins que MON petit Sane et il était aussi bien moins musclé que MON petit Sane. Alors même s'il se figeait sur place cela m'arrangerait qu'il ne matte pas MON mec, car après tout, c'était MON mec.

Par accident, je lui mettais moi aussi un coup de pied. Il se retournait alors, me fusillant du regard.

- Il y a vraiment très peu de place tu ne trouves pas ? Je veux dire, j'ai besoin de place pour mes grandes jambes.

Pour appuyer mes paroles, j'étais en train de tendre mes jambes au maximum, me laissant même un peu glisser sur ma chaise. Sane se retenait de rire, alors que je tentais de lui mettre un second coup de pied, qu'il évitait avec succès.

- Tu fais 1m30 les bras levés. Permets-moi de te dire de revoir ta définition de grandes jambes, mon cher.

Après quelques secondes à me fixer, il rapprochait son visage du mien, murmurant près de mon oreille.

- Et si tu oses à nouveau tenter de me donner un coup, je me ferai un plaisir de t'enculer ici même une fois le cours fini.

Mon cœur loupait un battement en l'entendant, alors que je rougissais de plus belle. Non mais qu'est-ce que j'avais à être excité par cette idée ? Sérieusement Soren reprends-toi !

Je remuais alors ma tête de gauche à droite afin de me remettre les idées en place, pendant que Sane demandait au jeune homme figé, bien évidemment, à sa manière, de lancer l'avion pour qu'il atterrisse sur la prof. Le jeune homme se figeait encore plus, alors que je regardais Sane. Lorsque je disais, demander à sa manière, c'était bien sûr en prenant son air sérieux, du style maintenir le regard, poser l'avion sur sa cuisse afin de ne pas lui laisser le choix. Mais aussi, jouer avec un briquet.

D'ailleurs, jouer avec un briquet était interdit, surtout en cours.

Mais qui pouvait arrêter Sane et son petit côté pyromane ?

Voyant que le jeune homme ne répondait pas, Sane approchait la flamme de son visage, il souriait de son air narquois, la tête légèrement penchée sur le côté. Pourquoi est-ce que je sortais avec quelqu'un dont la stabilité mentale restait encore à prouver ? Ah oui, parce que j'avais un côté psychopathe à aimer le danger. Ou un côté qui voulait découvrir ce qui se cachait après la mort un peu trop rapidement à mon goût.

Avant que quelqu'un ne se retourne, Sane rangeait le briquer, et reprenait sa posture habituelle. Le jeune homme lui avait ses mains qui tremblaient. Il prenait nerveusement l'avion entre ses mains, le laissant ensuite planer, jusqu'à arriver aux pieds de la prof. Sane regardait alors la scène, d'un air amusé.

- Vraiment ? Nous sommes à l'université, qui a fait ça ?

Personne ne disait rien, alors que Sane était toujours aussi attentif. D'ailleurs, cela devait bel et bien être la première fois que je voyais Sane aussi sérieux et attentif que ça. Je le regardais alors, lui posant la question qui me brûlait les lèvres.

- Qu'est-ce que c'est ?

Je me suis dit que le cours manquait un peu d'ambiance, pas toi ?

Je le regardais sans comprendre, que voulait-il dire par là ? Mais surtout, qu'avait-il donc envoyé ? Son air toujours aussi sérieux était fixé sur son visage, malgré son sourire qui pouvait briser cette illusion de sériosité. Il reprenait alors la parole, alors que je l'écoutais toujours aussi attentivement.

- Il se peut que j'ai envoyé un magnifique petit avion en papier fait de l'affiche qui traînait tantôt dans les couloirs. Tu sais, celui qui dit que j'ai tué mon ex.

Je soupirais, non pas d'agacement mais plutôt de désespoir. Lorsqu'il avait une idée en tête, il était impossible de la lui enlever. Et s'il s'était mis en tête de retrouver la personne responsable de cela, et bien il le fera, quoi qu'il puisse lui en coûter.

La professeur semblait s'impatienter devant ce manque de réponse. Le regard de Sane, lui, parcourait chaque visage que comportait cet amphithéâtre. Il les analysait tous, leur expression, leur corps, leur posture. Après une dizaine de minutes, il souriait d'un air narquois. Il prenait alors son téléphone, ignorant le reste de la scène. Théo lui dormait encore, paisiblement. Je me retrouvais entre deux hommes, l'un avait des idées meurtrières qui lui passaient en tête, l'autre était en train de rêver de je ne sais quoi.

Personne n'avait osé dire quoi que ce soit, alors que la professeur décidait de poursuivre son cours. Une fois fini, Sane attendait quelques minutes avant de sortir de la salle. Ce qui était plus que surprenant étant donné qu'il était plus du genre à être le premier à sortir, avant même la fin du cours. Théo lui émergeait enfin. Il me regardait, avant de suivre Sane du regard. Je me levais alors, voulant voir ce qui allait se passer.

À peine sorti de l'amphi, Sane plaquait Léa contre un mur. Même si ce mouvement pouvait paraître brutal, il ne l'était pas comparé à ce qu'il avait déjà pu faire.

- Espèce de connasse, ça t'amuse de faire des affiches ?

Bon, au moins Sane avait trouvé la personne responsable de tout cela. Je les regardais, alors que Théo lui semblait être amusé.

Quelqu'un pour lui rappeler qu'il semblait moins amusé lorsque c'était lui à la place de Léa il y a quelques semaines de cela ?

Léa tentait de parler, enfin, ce qui sortait de sa bouche ressemblait plus à des bafouillements incompréhensibles.

- E-enfin Sane... Je ne vois pas de quoi-

Sane lui coupait la parole, ne lui laissant pas le temps de se justifier.

- Vraiment ? Tu veux jouer à ce jeu avec moi ?

Il l'a lâché, alors qu'elle manquait presque de tomber. Sane prenait son sac, ne prenant que son ordi avant de laisser son sac tomber au sol. Elle avait tenté de le rattraper, mais n'y était pas parvenue. Tout le monde regardait Sane faire, c'était après tout la première fois qu'il montrait ne serait-ce qu'un peu de violence envers une femme. Il faut avouer que moi aussi j'étais surpris.

- Ton mot de passe.

Elle lui donnait alors, n'osant pas riposter. Qui oserait riposter face à Sane, qui plus est un Sane énervé.

Après quelques minutes, un rictus s'échappait des lèvres de Sane.

- En plus d'être une connasse tu es une menteuse.

Il lui montrait alors l'écran de son ordinateur, je ne parvenais pas à le voir, mais aux dires de ce qui étaient parvenus à le voir, je parvenais à comprendre qu'il comportait les brouillons de l'affiche. Sane la regardait, alors qu'elle regardait le sol. Après quelques secondes, tout le monde sursautait lorsque Sane jetait son ordi contre le mur derrière elle. Elle avait les larmes aux yeux, mais lorsque Sane lui chuchotait quelque chose à l'oreille, tout son corps se raidit, alors que son expression avait radicalement changé. Il venait ensuite près de nous, et me souriait d'un air totalement naturel.

- Bien, maintenant que je me suis amusé nous pouvons partir.

Il prenait ma main, ne me laissant pas d'autres choix que de le suivre. Une fille s'approchait de Léa, tentant de venir la consoler. Elle semblait toujours aussi choquée, ne disant rien, son regard toujours aussi perdu dans le vide. Une fois que nous étions devant sa moto, je lui demandais alors ce qu'il lui avait dis, et c'est avec un air des plus naturels qu'il me répondait.

- " Tu n'es pas totalement une menteuse, il est vrai que j'ai déjà tué quelqu'un, 3 pour être exact, mais je n'ai jamais fait de mal à Jules. Si tu racontes à qui que ce soit ce que je viens de te dire, tu seras la 4ème personne que je tuerais. Alors fais-moi le plaisir de fermer ta gueule, compris ?"

DAG (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant