Chapitre 46

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Nous reprenions tous deux notre souffle, allongés dans le lit et blotti contre l'autre. Il m'avait bien entendu enlever la ceinture.

- Je vais préparer mes affaires. Je te laisse petit serpent.

Je faisais oui de la tête alors qu'il quittait la chambre. Je me sentais bien, évidemment parce que nous l'avions fait, mais aussi parce que j'étais avec lui. Je me demandais même comment il avait pu être aussi important pour moi. Je ne me voyais pas vivre sans lui, est-ce que j'en serais-je même capable ? Je ne le pense pas. Et j'espérais bien que j'étais aussi important pour lui qu'il ne l'était pour moi. Je fermais mes yeux. Je n'allais pas m'endormir, non. Je voulais juste me détendre un peu.

La sensation des draps sur mon corps, des draps qui avaient son odeur. Oui, j'allais juste me détendre quelques minutes.

Petit à petit, mes idées devenaient de plus en plus floues et mes paupières de plus en plus lourdes.

Je me réveillais en sursaut, sentant bien que j'avais fini par m'endormir.

- Je ne dors pas ! Je ne dors pas !

Je me retournais en sentant un bras sur moi. Je le voyais, à côté de moi, paisiblement endormi. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en m'allongeant de nouveau à côté de lui. Je passais ma main dans ses cheveux et je voyais ses lèvres s'étiraient afin de former un léger sourire.

Bon, je m'étais endormi.

Mais pourquoi ne m'avait-il pas réveillé ? Je n'entendais aucun bruit. Peut-être que sa famille n'était pas rentrée, ou peut-être qu'elle dormait encore. J'embrassais son front en souriant alors que je me blottissais ensuite contre lui. Je refermais mes yeux alors que je sentais une main passer dans mes cheveux. J'ouvrais alors mes yeux, et je le voyais. Il me regardait en souriant, et se contentait de me serrer contre lui. Il caressait doucement mon crâne, toujours avec autant de douceur. Après quelques minutes, une bonne vingtaine de minutes, nous nous décidions à nous lever. Il n'y avait aucun bruit, ce qui semblait satisfaire Sane.

Nous partions dans la salle de bain, afin de nous débarbouiller un peu. Je passais ma main dans mes cheveux alors qu'il se retenait de rire en me regardant. Hé oui donjuan, on n'avait pas tous des cheveux qui étaient parfaits au réveil, me concernant il fallait que je tente de les discipliner. Nous sortions ensuite de la chambre et je voyais une porte entrouverte. Habituellement la porte avait toujours été fermée. Je la regardais alors, intriguais. Il me voyait et posait doucement sa main sur mon épaule.

- Tu veux voir ce qu'il y a à l'intérieur ?

- Vraiment ? Je peux ?

- Je n'ai aucun secret envers toi.

Je souriais alors qu'il prenait ma main dans la sienne. Il commençait donc à marcher en direction de cette fameuse pièce. Il allumait la lumière et je le regardais légèrement surpris. Il fermait la porte derrière nous et je commençais à détailler la pièce, comme à mon habitude de petit fouineur.

Elle était grande, bien plus grande que je ne l'avais imaginé. Il y avait au centre un magnifique piano, en bois noir et vernis. Il était comme celui qu'il y avait en bas, un piano à queue. Je m'approchais de celui-ci et voyais une inscription gravée.

- " Bösendorfer " ?

- C'est la marque de ce piano. Et celui qu'il y a dans le salon aussi. Celui-ci appartenait à ma mère, et celui d'en bas est un cadeau de sa part. Elle m'a appris à en jouer lorsque j'étais enfant.

Je voyais quelques partitions soigneusement posées sur une petite table ronde juste à côté. Il y avait un énorme cadre dont les bordures étaient de couleur or, installé au mur, je reconnaissais rapidement qui était cette femme, qui se tenait assise en train de jouer du piano. C'était la mère de Sane. Il regardait le cadre, avec un regard rempli de tristesse.

- Elle jouait du piano ?

- Elle faisait bien plus qu'en jouer. C'était son métier. Elle était pianiste professionnelle, au niveau mondial.

Il disait cela avec énormément de fierté, je souriais en le regardant et je m'approchais de lui. Je me mettais sur la pointe des pieds avant de l'embrasser. Il embrassait mon front et je souriais.

- Elle venait ici lorsqu'il fallait bosser. La pièce est insonorisée, alors elle en profitait. Parfois elle se réveillait au beau milieu de la nuit, voulant jouer du piano. Et j'adorais la regarder et l'écouter en jouer. J'ai reçu le piano qu'il y a en bas quelques temps après sa mort. Elle l'avait commandé pour moi avec une lettre. Elle disait qu'elle ne voulait pas que j'abandonne ce que j'aimais, et que si jouer avec son piano me faisait trop de mal, alors il fallait que j'utilise le mien. Mais qu'il ne fallait pas que j'abandonne ce pourquoi je m'étais passionné.

- Je suis sûr qu'elle t'aimait énormément. Et qu'elle veille sur toi.

Un rictus s'échappait de ses lèvres et il tapotait mon crâne.

- Tu vois le monde comme celui d'un bisounours pas vrai ? J'aimerais bien avoir ta vision du monde pour une journée.

Je regardais les compositions et il me regardait.

- Elle aimait composer aussi. Certaines sont assez connues d'ailleurs. Et... Celle-là, elle n'a pas eu le temps de la finir. Alors parfois je la joue et j'essaie de deviner la fin, mais... Ce n'est pas aussi bien que ce que ma mère aurait fait. C'était une femme merveilleuse, tu lui ressembles sur quelques points d'ailleurs.

- Elle aussi voyait le monde comme celui d'un bisounours ?

Il hochait la tête et prenait place sur le tabouret, je le regardais sans le lâcher du regard.

- Pourquoi tu me fixes comme ça ?

- Hé bien, qu'est-ce que tu attends ? Joue !

- Rêve.

- Mais... Sane. S'il te plaît ? En plus je suis sûr que tu es doué ?

- Tu dis cela car tu sais que je suis agile de mes doigts ?

Je rougissais en le regardant bouger ses doigts dans le vide.

- Crétin.

Je soupirais et fermais mes yeux quelques secondes. J'entendais une première note, puis une seconde et ouvrais immédiatement mes yeux. Je le voyais, ses yeux fermés, ses doigts méticuleusement posés sur les touches du piano. Ils allaient à une vitesse folle, si bien que j'avais du mal à les suivre. Il était tout simplement magnifique, ainsi concentré. Il était dans son monde, un monde autre que celui qu'il avait déjà bien pu me montrer, rempli de violence. Ce monde-ci était bien plus... Particulier. Il ouvrait ses yeux quelques secondes afin de me regarder. J'étais bien trop concentré par la beauté du son que j'étais en train d'écouter. C'était tout simplement magnifique, mais à la fois mélancolique. Il arrêtait soudainement et se relevait. Je le regardais alors qu'il s'approchait de moi.

- Pourquoi pleures-tu petit serpent ?

Il essuyait une larme qui coulait le long de ma joue.

- Hé hé, aucune idée.

Il me faisait une pichenette et nous sortions de la pièce. Je ne pouvais m'empêcher de repenser à sa façon de jouer. La mélodie était aussi particulière, unique et magnifique. Je le regardais qui fixait la porte d'entrée en soupirant. Je ne comprenais pas immédiatement pourquoi, cependant, en voyant les différentes paires de chaussures posées sur le sol, je comprenais.

Ils étaient là.

Il posait un doigt sur ses lèvres m'indiquant qu'il ne fallait pas faire de bruit. Je hochais la tête alors que nous marchions le plus discrètement possible. Nous passions devant une pièce qui elle aussi avait sa porte à moitié ouverte. Décidément, c'était la journée des portes mal fermées. Il s'arrêtait sans même prévenir, je manquais alors de le percuter. Je comprenais rapidement pourquoi il s'était arrêté. L'autre greluche était en train de parler, et en entendant l'autre voix, nous devinions qu'elle parlait au père de Sane.

Je n'étais pas vraiment du genre à cautionner ça, écouter à la porte, cependant, quand c'était une vipère qui crachait son venin, il fallait bien écouter. Et à vrai dire, Sane avait eu raison de s'arrêter, car lorsque nous entendions ce que cette folle disait...

DAG (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant