Chapitre 57

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Je ne pouvais plus bouger. Tout simplement car j'étais pétrifié par la peur. Je n'avais pas encore conscience de ce qui était en train de se passer, pensant certainement que j'étais en train de rêver. Après tout, lorsque je fermais mes yeux, je me demandais si j'allais pouvoir à nouveau les rouvrir, et là je me retrouve en face de Sane qui était blessé. Je n'étais plus dans la ruelle, mais posé sur mon lit. Je n'étais pas blessé, du moins pas physiquement, contrairement à lui.

Je ne comprenais rien.

Pourquoi ? Comment ?

Pourquoi est-ce que Sane était là ?

Pourquoi était-il blessé ?

Comment est-ce que je me retrouvais là ?

Comment avait-il fait pour me retrouver ?

Que s'était-il passé ?

Je fermais mes yeux alors que le médecin commençait à regarder la plaie de Sane.

J'avais besoin de hurler. J'avais besoin d'extérioriser tout ce que j'avais en moi. Je ne comprenais moi-même pas quel sentiment je pouvais bien ressentir. La seule chose que je comprenais était qu'il fallait que j'évacue tout cela, d'une façon ou d'une autre.

Je me mettais alors en boule avant de commencer à hurler.

Sane venait immédiatement près de moi, me prenant dans ses bras.

Je posais mes mains sur ses triceps, il n'y avait qu'ici, que dans ses bras que je pouvais me sentir bien.

Que je me sentais en sécurité.

- Tout va bien Soren... Je suis là, tu ne crains plus rien. Plus jamais je ne laisserai quelqu'un te blesser tu m'entends ? Plus jamais.

Après quelques minutes, je finissais par me calmer. Sa voix résonnait dans ma tête comme une promesse qu'il venait de me faire. Il retournait s'asseoir sur une chaise, alors que le médecin regardait la plaie. Il prenait le bras de Sane en main et l'examinait sous tous les angles.

- La balle est restée à l'intérieur. Elle n'a rien touché de bien important. Le seul problème est qu'elle est difficile d'accès.

- Alors retirez-la, prenait une aiguille et un fil et commençait à me recoudre. C'est simple non ?

Il ne disait rien alors qu'il prenait l'un de ses divers instruments. Il regardait Sane en souriant alors qu'il le plantait dans la plaie. Heureusement, il portait tout de même des gants, et ses instruments de torture étaient stériles. Il avait aussi désinfecté la blessure après l'avoir nettoyé.

Sane se crispait de douleur et commençait à lancer tout un tas d'injures.

- Veux-tu bien arrêter de bouger ? Je ne peux pas enlever la balle sinon. Tu sais, enlever une balle, une aiguille et un fil. Rien de bien difficile n'est-ce pas ?

Sane était littéralement en train de l'assassiner du regard. Il se tenait à la chaise, tentant de se calmer. Il était aussi en train de crisper, s'il était en train de mordre quelque chose, j'étais presque sûr que cette chose serait déjà brisée. Le médecin arrêtait de tournoyer son instrument et commençait à le faire sérieusement. Il s'aidait d'une lumière, et après quelques minutes, parvenait à enlever la balle. Il vérifiait l'état de la balle et soupirait de soulagement.

- Tu es vraiment l'homme le plus chanceux au monde.

- Je sais.

Sane répondait cela en me regardant. Je ne pouvais pas maintenir son regard. J'avais bien trop honte. Après tout, c'était de ma faute s'il s'était retrouvé dans cet état, et je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais que le regarder souffrir.

- Même si je suis sûr que tu as un copain incroyable je ne parlais pas de ça Sane. Je parlais du fait que peu importe tes blessures, elles ne sont pas critiques. La balle s'est logée dans ta chair, ça aurait pu être bien plus grave. Elle ne s'est pas fragmentée et ça aussi c'est une chance incroyable. Fais attention à toi. Je sais que je te l'ai déjà dit, mais tu es bien trop jeune pour mourir. Et ne me répond pas que tout le monde finit par mourir ou que tu n'as pas peur de la mort.

- Mon point de vue a changé sur le sujet. Je ne veux pas mourir, et je ferais tout pour vivre. Car après tout, désormais j'ai une raison de continuer à vivre. Et j'ai peur de la mort.

Lorsqu'il disait cela, " peur de la mort ", je relevais alors mon regard. Je me recroquevillais sur mon lit. Après presque 30 minutes, ils avaient enfin terminé. Le médecin repartait, après avoir donné une ordonnance à Sane. Il lui avait aussi installé une perfusion. Il avait perdu beaucoup trop de sang à force de bouger dans tous les sens. Sane devait rester allonger, afin de se reposer. Une fois la porte refermée, je fermais tous les verrous que j'avais installés. C'était la première fois que je les fermais tous. Et il y en avait plusieurs, 5.

J'étais quelque peu paranoïaque.

Sane me regardait, alors que je restais dos à lui, à regarder la porte. Je l'entendais alors murmurer quelque chose.

- Je suis désolé Soren...

Je ne pouvais plus lui faire face. Pourquoi était-il en train de s'excuser alors que c'était littéralement de ma faute. Enfin, c'était moi qui m'étais fait agresser, et non pas lui. Bien au contraire, il aurait pu rester en sécurité, alors pourquoi était-il venu ? Déjà, comment savait-il où je me trouvais ?

Je sentais que ma tête allait exploser avec toutes les questions qui se bousculaient entre elles.

- Ne t'excuse pas... Ce n'est pas de ta faute.

- Bien sûr que si. C'est parce que nous sortons ensemble que tu as été agressé.

Je repensais alors à ce que les hommes avaient dit. C'était vrai que s'ils me connaissaient, c'était parce que je sortais avec Sane. Mais je ne voulais pas qu'il pense ça. Après tout, c'était vrai sans l'être réellement. Ce n'est pas parce que je sortais avec lui que je m'étais fais agresser. Si je m'étais fais agressé c'était car ces hommes étaient des imbéciles... Et il fallait que Sane le sache.

- Non Sane, ce n'est pas de ta faute.

Je commençais alors à lui expliquer tout ce que je pensais, et je le voyais se détendre un peu.

- La seule chose qui me fait peur c'est qu'ils savent où j'habite. Ils vont revenir...

Je le voyais alors se tendre à nouveau. Je le regardais sans comprendre. Cette fois-ci c'était lui qui évitait mon regard. Je posais alors ma main sur la sienne. Je savais qu'il était en train de me cacher quelque chose. Je ne le connaissais que trop bien.

- Sane... Tu peux tout me dire tu le sais ?

Il continuait toujours de regarder par la fenêtre. Il semblait perdu dans ses pensées. À vrai dire je ne l'avais jamais vu comme ça. Et je ne pouvais que m'inquiéter.

- Soren... Je ne sais pas comment te le dire...

- Dis-le avec les mots qui te passent par la tête. Tu n'as pas à t'inquiéter Sane, dis-le juste comme tu le sens.

Il prenait une profonde inspiration avant de planter son regard dans le mien. Je le savais rien qu'avec son regard, mais l'entendre poser des mots sur cela ne faisait qu'amplifier le fait que ce qu'il avait fait, était bien réel.

- Je les ai butés.

En voyant que je ne répondais pas, il prenait à nouveau la parole. Je ne savais pas s'il rigolait ou pas, ou s'il était tout aussi stressé que moi. S'il essayait de détendre l'atmosphère ou autre.

- Un peu trop direct..? J'aurai dû le dire autrement ?

DAG (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant