First, break-up [Tome 2]

Chapitre 59.

❦

Joséphine.
Trois heures plus tard, le même jour

Je contemple le paysage hivernal rempli de sapin et de montagnes enneigées se transformer en un paysage pittoresque avec des maisons et des immeubles à travers la vitre de la voiture. La nature laisse place lentement au paysage si familier de la ville de Savannah, et les températures glaciales se radoucissent au gré du changement de décor. Je suis reconnaissante que l'hiver soit si court et si doux dans cette ville, le mois de janvier étant le plus froid.

Le climat subtropical a énormément contribué à ma décision de venir faire mes études ici. Appuyée contre la vitre, je m'efforce de ne pas tourner la tête pour regarder celui qui est au volant de cette voiture. Cela fait plus d'une heure que nous avons pris la route et ni Hero, ni moi, n'avons prononcé un mot.

Je n'aurais peut-être pas dû accepter de rentrer avec lui, et puis Maurane était vraiment contrariée. Je ne peux pas lui en vouloir.

Après que nous soyons revenus au chalet, Maurane et les autres nous ont accueillis avec effusion. (Maurane s'est jetée sur moi en me serrant à m'étouffer). Leur soulagement et leur curiosité ont été difficiles à gérer, je me sentais vraiment honteuse et coupable de leur avoir infligé tant d'inquiétude et de stress.

Leur mine épuisée était difficile à ignorer, mais ma culpabilité a atteint des sommets quand ils nous ont avoué qu'ils avaient fait une nuit blanche dans le salon attendant la fin de la tempête pour appeler les secours.

Heureusement, nous sommes revenus avant qu'ils n'aient eu le temps de prévenir les autorités, car ils étaient à deux doigts de le faire.

Remarquant ma gêne intense et mon incapacité à m'expliquer devant les autres, – les regards lourds de reproches et d'incompréhension de Faith et Johanna n'y étaient pas pour rien – Hero a rapidement pris les choses en main.

Ce qui en langage Hero signifie qu'il leur a « gentiment » demandé de ne pas poser de questions et d'arrêter de « m'ennuyer », avant d'affirmer que nous devions partir immédiatement afin que j'aille voir un médecin pour ma cheville. J'imagine que je n'ai pas besoin de vous décrire la scène.

Quand nous nous sommes retrouvés seuls, enfin, disons plutôt quand il a réussi à me coincer seule, il a insisté pour que nous repartions ensemble afin que nous puissions nous expliquer dès aujourd'hui.

Aussitôt, ma curiosité a pris le dessus sur ma culpabilité envers Maurane et j'ai accepté de repartir avec lui. Nul doute que ma décision a aussi été influencée par la jalousie. En effet, je n'ai pas du tout apprécié que Johanna se soit fait autant de « soucis » pour Hero, allant jusqu'à presque lui sauter au cou de soulagement lorsque nous sommes arrivés.

Mes poils se sont hérissés de contrariété, mais il avait dû la voir venir, car d'un geste brusque, il l'a écartée sans ménagement. Il ne l'a pas rudoyée, mais enfin, le message était très clair à en juger par l'embarras sur le visage de Johanna – j'en étais secrètement ravie. Néanmoins, ce moment gênant a eu le mérite de me donner une raison de plus de vouloir partir.

Maintenant que j'ai pris conscience de l'ampleur du béguin de Johanna pour Hero, et combien elle semblait m'en vouloir de lui avoir gâché son parfait petit week-end, je ne suis plus sure de pouvoir la porter l'apprécier. Savoir que je ne reverrai plus jamais cette fille est un réel soulagement.

Maurane a essayé de me convaincre de refuser de partir avec Hero, affirmant que je n'étais pas obligée de me « plier » à sa volonté, mais aucune de ses paroles n'a réussi à me convaincre. J'ai envie... non, j'ai besoin de savoir ce qu'il me cache. J'en ai besoin, c'est vital. J'ai suffisamment fui la situation. Je ne peux plus repousser cette conversation plus longtemps.