Chapitre 63.

268 25 32
                                    





Joséphine.

Cela fait plus de trois heures qu'Hero a quitté l'appartement sans un regard en arrière. Au début, je lui en ai voulu d'avoir pris la tangente en me laissant seule ici, sans possibilité de repartir par mes propres moyens. Mais après mûre réflexion, je me suis rendu compte que c'était une bonne chose qu'il soit parti. J'avais besoin d'être seule pour digérer toutes ces informations.

Ce n'est pas tous les jours que votre ex-copain vous avoue qu'une nana complètement barjo l'a drogué pour l'entraîner dans un hôtel afin d'abuser de lui. Comment diable a-t-elle réussi son coup ? Et puis comment se fait-il que cette fille avait de la drogue sur elle ? J'ai du mal à croire qu'elle se baladait avec ça dans ses poches. S'agissait-il de la "drogue du violeur" ? Mais comment aurait-t-elle pu s'en procurer ? Des frissons me parcourent l'échine.

Il y a quelque chose de louche derrière toute cette histoire. Beaucoup de zone d'ombres. Je me mets sur le dos, et enlève les mèches qui me barre le visage d'un geste las. Je me sens vidé. Après le départ d'Hero, je me suis traîné jusqu'au canapé, pour m'y affaler, avant de verser toutes les larmes de mon corps. J'avais besoin d'évacuer ce tremplin d'émotion, maintenant ça va mieux.

Mes sanglots se sont apaisés et j'ai retrouvé un semblant de calme. En quelques sortes. Je suis plus calme mais d'un autre côté, je sais que c'est uniquement parce que je peine encore à réaliser tout ce qu'Hero m'a révélé. Je n'aurais jamais cru entendre une telle histoire. On ne sait vraiment pas ce que les gens cachent à l'intérieur d'eux même, ni quels genres de secrets ils conservent sans oser en parler.

C'est évident qu'Hero n'a jamais rien dit à personne au sujet de ce qui lui est arrivé. Mikael n'est probablement pas au courant non plus. Ma poitrine se serre à nouveau et l'envie de pleurer me reprend. Luttant contre un sentiment d'oppressement, je me mets sur le flanc. Comment a-t-il pu vivre avec ce secret pendant tout ce temps ?

Comment a-t-il réussi à surmonter cela ? Ça m'inquiète. Les personnes victimes de viol ont besoin d'un suivi psychologique pour réussir à surmonter ce genre d'épreuves, et connaissant Hero il n'a sûrement jamais aborder ce sujet avec son psychiatre. Cela dit, en y réfléchissant bien, ce doit être terriblement humiliant et difficile pour un homme d'avouer à qui que ce soit qu'il a été victime d'abus sexuel – encore plus que pour une femme. Peu importe qu'il s'agisse d'un homme orgueilleux ou non.

Dans la société dans laquelle nous vivons, un homme est supposé être "fort", "viril", et l'idée qu'une femme puisse s'en prendre à un homme de cette manière est impensable. Risible même. C'est tellement ridicule !

Le viol n'a pas de sexe, et ce n'est pas uniquement une question de force physique, il y a d'autres facteurs à prendre en compte. Il serait temps que la société se débarrasse de ces stéréotypes ridicules sur la masculinité.

Je pousse un nouveau soupir en fermant les yeux. Et maintenant ? Que suis-je censé faire ? Je sais que nous devons parler, on ne peut pas laisser les choses comme ça, mais comment suis-je censé me comporter avec lui ? Que devrais-je lui dire ? Je n'en sais strictement rien. Dans un sens, je comprends pourquoi il a fait tout ce qu'il a fait, mais de l'autre, je ne peux pas m'empêcher de me sentir trahi. Humiliée.

Je ne peux qu'imaginer la douleur qu'il a endurée, mais moi aussi j'ai eu mon lot de souffrance et je refuse de minimiser les épreuves que j'ai vécues en faveur des siennes. Être moqué, rabaissé, et critiqué en permanence, par les autres pendant des années, m'a profondément marqué, meurtri.

Ce sentiment de solitude et de rejet m'a poursuivi toute ma vie durant. Je me suis toujours senti indigne d'amour et d'amitié ; et lorsque je commençais enfin à prendre confiance en moi, à pardonner, j'apprends que celui que j'aime depuis toujours, celui qui m'avait piétiné devant tous, et qui miraculeusement semblait avoir changé, ne voyait en moi qu'un simple moyen de se venger, et ça fait mal.

First, break-up [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant