First, break-up [Tome 2]

Chapitre 18.

Joséphine.

Cela fait deux heures que nous sommes passés à l'an 2020, mais je ne me sens pas différente. Rien à changer. Les êtres humains font tout un plat du Nouvel An, mais en fait c'est juste la continuité de l'année précédente. Je sais, c'est un peu pessimiste comme manière de penser mais c'est ce que je pense. Cette année va être rude, et je ne suis pas sûre d'être prête à l'affronter.

Malgré mes bonnes résolutions, je souhaite secrètement que le temps s'arrête, ou que je sois obligé de rester ici. Retourner à Savannah me fait horreur. Cette bande de dégénérés ont réussi à m'atteindre là où ça fait le plus mal, et si je n'étais pas aussi amère, je les applaudirais pour leur méchanceté. Il faut avoir un cerveau en très bon état de marche pour imaginer un plan aussi dégueulasse, dégoulinant d'un tel niveau de mesquinerie.

J'inspire profondément pour chasser ces pensées négatives de mon esprit, et me concentre sur l'écran devant moi. Joshua et moi sommes en train de regarder The Walking Dead sur son ordinateur. On est assis sur le sol de sa chambre, le dos appuyé contre le lit derrière nous.

Après les vœux de bonne année, quelques gâteaux et un peu de champagne, tout le monde est rentré dans la maison. Ma mère et Tante Olivia discute au salon, tandis que Raphaël dort dans la chambre de cette dernière. N'ayant pas sommeil, Joshua et moi avons préféré nous distraire en regardant une série dans le calme de sa chambre. Sa chambre. J'avais oublié à quel point elle était spacieuse.

La pièce est constituée d'un grand lit King-size avec une peluche en forme de dauphin posée dessus, quelques posters ici et là, un petit bureau à côté de la fenêtre et une grande armoire. Les murs ont une jolie couleur blanc et bleu. En somme, une chambre accueillante mais un peu en désordre.

J'avoue que c'est étrange de me retrouver là avec lui. Cette nouvelle proximité entre nous ne me déplait pas mais... c'est un peu bizarre, oui. Je me demande comment les choses auraient évolué entre nous s'il n'était pas parti au Mexique. Ce serait probablement naturel pour nous de passer du temps ensemble comme ça, chez sa tante. Nous serions habitués l'un à l'autre, chacun connaissant les secrets, les défauts, les manies, de son voisin. Nous aurions eu nos petits rituels, comme regarder des films et des séries. Et surtout, je n'aurais peut-être pas eu la sensation de profiter de lui en pleurant sur son épaule.

Joshua s'agite à côté de moi :

-               Putain "grogne-t-il" J'espère qu'il ne va pas mourir. Ils ne vont pas me faire ça !

J'arque un sourcil.

-               Et s'il meurt ?

-               Alors je ne regarderais plus jamais cette série "affirme-t-il avec détermination"

Son air renfrogné est vraiment amusant. Quand Joshua m'a proposé d'aller regarder quelque chose sur Netflix, il a tout de suite suggéré The Walking Dead qui est une de ses séries favorites – exactement comme moi. On partage le même amour pour les films d'horreurs et les séries dramatiques. Qui l'aurait cru ? Mais ça me plait de découvrir que nous partageons des choses en commun.

-               Réponse cliché "dis-je en levant les yeux au ciel" Tout le monde dit ça, et ensuite on continue de regarder parce que c'est addictif.

-               Ouais, bah, je vais me trouver une autre addiction. C'est pas les séries qui manquent sur Netflix.

-               Les séries ne manquent pas, mais les séries comme celle-là : oui.

-               Touché "sourit-il"

On se reconcentre sur l'écran, avide de savoir ce qui va se passer ensuite. Quand l'épisode se termine, je pousse un gros soupir, frustrée.