First, break-up [Tome 2]

Chapitre 55.

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Joséphine.

Il fait si froid. Trop froid. Je ne peux plus bouger. Mon corps est gelé... Je ne sens plus ni mes mains, ni mes pieds. Rien... Je ne sens plus rien... Je n'entends rien non plus, excepté le hurlement terrifiant du vent. Mes pensées s'embrouillent dans ma tête...

Est-ce que je vais mourir ?

C'est donc ce que l'on ressent quand on est sur le point de partir ? Ce grand vide, cette sensation d'être le spectateur de sa propre fin sans pouvoir rien y faire ? Combien de temps s'est écoulé depuis que je me suis foulé la cheville après être tombé dans cette congère ? Une heure ? Deux ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n'ai plus aucune notion du temps. J'ai si peur... Comment ai-je pu me mettre dans ce pétrin ? Ça ne peut pas m'arriver. Je ne veux pas.

Dans un accès de courage, j'essaie de me lever mais mon corps refuse de bouger. Mes muscles sont lourds et engourdis par le froid. C'est inutile. Allongée dans la neige glacée, je sens mes forces me quitter petit à petit.

Est-ce que je vais vraiment mourir ici ?

Épuisée, je ferme les paupières. Une multitude d'images se mettent à défiler devant mes yeux comme dans un kaléidoscope sans que je ne puisse les contrôler. Est-ce un signe de mon inconscient ?

Je vois mon père que j'aime et qui me manque tant ; ma mère si strict et parfois si injuste et excessive, mais qui intérieurement cache une âme triste et esseulé à cause de la mort de l'être aimé ; Adam, si drôle, gentil, et protecteur, mon grand frère adoré que tout le monde rêverait d'avoir ; Joshua, mon premier véritable ami, celui qui a su m'accepter dans ma différence et avec lequel je ressentais ce sentiment d'appartenance que je recherchais désespérément pour atténuer cette solitude qui me tuait à petit feu ; Maurane, ma meilleure amie, ma confidente, si mature, intelligente et d'une droiture qui force le respect, que je ne cesserai jamais d'admirer et de remercier d'être à mes côtés pour me soutenir depuis que je l'ai rencontré.

Le visage d'Hero m'apparait avec une netteté douloureuse. Hero... mon univers tout entier. La personne que j'aime le plus au monde. Celui que je n'ai eu de cesse d'admirer comme on admire une étoile au firmament... celui que j'aime d'un amour sauvage, inconditionnel.

Je le sais maintenant. Mon amour pour lui est pur et réel. Il ne s'agit pas d'une simple amourette de jeunesse. Je l'aime tellement. Il a beau me blesser et m'humilier constamment, comme ce fameux jour, comme il l'a fait ce soir, je n'arrive pas à le haïr. Pas suffisamment pour cesser de l'aimer.

Je te hais, mais je t'aime.

Je t'aime, mais je te hais.

Je te hais dans mon amour.

Je continue de chérir les moments que nous avons passés ensemble, comme l'imbécile sentimentale que je suis, quand bien même tout était faux. Mais est-ce vraiment le cas ? Était-ce vraiment faux ? Oui. Non. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Peut-être, oui. Mais à quoi bon ? A quoi bon me poser toutes ces questions ? Je suis perdue et blessée au milieu d'une tempête de neige. Tout est terminé.

Ça n'a plus aucune importance. C'est terminé. C'est bel et bien fini. Pour moi, pour nous. Malgré tout, ce pendentif est la seule chose qui me reste de tous ces moments de bonheur que j'ai pu vivre. Je ne peux pas m'en défaire.

Alors même si je dois mourir maintenant, je ne regrette pas d'avoir bravé la tempête pour essayer de le retrouver.

Non, je ne regrette pas. L'unique chose que je regrette c'est d'avoir été assez stupide pour me perdre et me fouler la cheville comme le personnage d'un film d'horreur sans cervelle. Tellement cliché.