Chapitre 11

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Point de vue d'Haru 

Pour tout vous dire, je ne pensais pas que Kaori pourrait autant s'éloigner de moi un jour. 

On a toujours été très proche et, même s'il ne m'a jamais clairement avoué que son frère le frappait, il me voyait comme quelqu'un sur qui il pouvait compter. 

Du moins, c'est ce que je croyais mais visiblement tout a changé. 

Je ne regrette absolument pas ce que j'ai fais loin de là, je m'étais promis d'agir si cela arrivait et les traces de coups que j'ai vu dans le vestiaire n'ont fait que de me donner une excuse. 

J'ai demandé à Iris de s'en occuper, je ne voudrais pas qu'il apprenne que je me suis mêlé de ses affaires, le connaissant il aimerait avoir ce côté indépendant du genre "je peux tout gérer tout seul" alors que ce n'est pas le cas. 

Mais je pensais sincèrement qu'en éloignant son frère, il reviendrait vers moi. Pas forcément pour s'excuser mais pour au moins clarifier la situation. 

Je ne comprends plus rien, un jour il m'appelle à 3h du mat pour l'aider et un autre il me frappe et m'évite sans parler de ses regards noirs. 

J'ai essayé de subtilement lui demander mais je n'ai même pas eu le droit à une réponse et je doute que qui que ce soit, en dehors de Kaori lui-même, ne comprenne ce qui se passe dans sa tête.

En vérité, j'ai toujours cru connaître Kaori sur le bout des doigts, que ce soit pour le choix de ses cookies préférés ou bien pour la playlist qu'il n'a jamais pu terminer par ma faute. 

Mais de le voir changer aussi soudainement me fait comprendre qu'en réalité, j'étais loin de ce que j'imaginais. Je le vois s'éloigner de moi de jour en jour et pourtant je n'arrive pas à trouver la moindre idée pour réparer ça. 

Même quand on devait s'assoir en classe, il a trouvé un moyen de s'énerver contre moi et d'aller prendre une place à l'autre bout. 

Je sais bien que ce qu'il ne me dit pas doit être difficile à vivre mais ça fait déjà presque deux mois et je n'ai vraiment pas l'impression que la situation s'améliore. 

C'est bientôt les vacances d'hiver et c'est la première fois que je n'ai toujours pas prévenu ma famille de mon absence à Noël, peut-être bien que cette année Kaori ne me servira pas d'excuse pour les fuir. 

Ne croyez pas que ma famille abuse de moi, c'est juste que je n'ai pas encore trouvé ma place dans celle-ci et ce n'est pas en acceptant de reprendre le trône que je me sentirai mieux. 

Cela semble arranger ma mère, du moins l'épouse officielle de mon père, qui veut absolument qu'Iris, sa seule enfant biologique, hérite du pouvoir. 

Elle n'a jamais vraiment apprécié le fait que la preuve vivante de la tromperie de mon père puisse partager un repas avec eux comme si de rien était mais là n'est pas vraiment la question

Chaque année, je trouvais un moyen pour que Kaori fête les fêtes de fin d'année avec moi, ou du moins une partie. 

Je ne sais pas si ça va se faire cette année mais surtout, je n'ai pas envie qu'il passe ces moments avec son frère et son père. 

Alors, bien qu'il fait tout pour me repousser depuis quelques mois, je me décide à trouver un moyen de pouvoir lui parler seul à seul sans qu'il ne prenne la fuite. 

Et quelle meilleure occasion que le cours de sport ! 

Comme prévu, le prof nous demande de ranger le matériel et, comme d'habitude, il choisit Kaori pour le faire. Je crois bien qu'il ne l'apprécie pas trop mais je me passerai de commentaires. 

Sa punition l'agace et il souffle bruyamment ce qui fait voler quelques unes de ses mèches me laissant mieux voir le visage qu'il m'empêche autant de regarder.

J'attends quelques minutes pour que le gymnase se vide et rejoins Kaori dans le local, me retenant de rire en le voyant s'emmêler avec le filet tout en marmonnant des insultes. 

J'entre en portant un carton qui s'avère être plus lourd que prévu, histoire d'avoir une excuse pour le rejoindre dans le local

Les bruits de mes pas l'alertent et il se retourne enfin, me jetant un regard noir comme à son habitude

Kaori : ça va j'ai pas besoin d'aide 

Peut-être que si je soulignais sa force, il serait moins énervé contre moi et je pourrais lui faire entendre raison.. 

Moi : ça va, je sais bien que t'es pas un oméga 

Mon sourire retombe bien vite en le voyant balancer le filet au sol et me faire face en fronçant les sourcils, il ne fait que quelques centimètres de moins que moi alors je peux vous assurer qu'il est effrayant même pour moi

Kaori : le rapport ? 

Moi : et bien euh.. tu es fort quoi ! 

Kaori : un oméga peut être fort aussi je te rappelle 

Moi : ok ok pas besoin de te mettre dans cet état juste p-

Kaori : juste quoi ? Parce que tu as manqué de respect aux omégas ? Oh c'est vrai qu'ils ne méritent pas qu'on les défend eux ! 

Son ton monte très haut et je crois bien que je ne l'ai jamais vu aussi énervé, visiblement ma tentative risque d'échouer si je ne m'excuse pas dans les prochaines secondes. 

Le carton me gêne vraiment et, sans le vouloir, j'ai sûrement dû prendre un air agacé alors avant tout je devrais le poser quelque part. 

La table à ma droite est parfaite alors sans quitter des yeux Kaori, je pose un peu plus violemment que prévu le carton ce qui le fait sursauter légèrement. 

Pour ne pas l'effrayer ou l'énerver encore plus vu son rythme de respiration et son air apeuré, je lève mon bras pour lui toucher l'épaule mais je n'ai même pas le temps de l'effleurer qu'il met ses bras devant lui, comme pour se protéger 

Avant même que je n'ai le temps de dire un mot, il s'empresse de dire d'une voix complètement détachée mais tremblante 

Kaori : pas le visage. 

Le sens de sa phrase m'arrache un frisson. 

Combien de fois il a dû subir les coups de son frère pour demander à ce que ça ne se remarque pas ? 

Combien de fois il a dû mourir de peur devant sa violence pour trembler comme il le fait maintenant ? 

Comment ? Pourquoi ? Quand ? 

Je veux tout savoir, dans les moindres détails. 

Mais visiblement Kaori n'est pas de cet avis puisqu'il profite de mon choc pour attraper son sac et sortir du gymnase presque en courant. 

Je crois bien que ça ne risque pas de s'arranger de si tôt... 

Aime-moi autant que je te haisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant