Chapitre 13

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Combien de temps ? 

C'est vrai, ça fait déjà près de deux mois que j'ai caché à tout le monde mon second genre, alors combien de temps il me reste avant que je ne sois découvert ? 

Je sais bien que ça ne sera pas à cause de mes chaleurs puisque je prends mes suppresseurs de manière très prudente et sérieuse. 

Alors je me demande si ça sera ma famille, Haru ou bien même le proviseur, qui découvrira en premier mon second genre. 

Ce n'était pas volontaire au début, j'étais juste choqué et terrifié en entendant Haru mais je dois bien trouver un moyen pour échapper à la situation. 

Le problème c'est que je n'ai toujours pas trouvé à qui le dire, ni quand d'ailleurs.. 

J'avais pensé à Ren mais il s'avère qu'il s'est plus rapproché d'Haru que de moi alors même si je l'apprécie, je ne suis pas assez bête pour lui faire confiance au risque qu'il me dénonce. 

Le pire des cas possible serait que mon père l'apprenne, il va encore plus me mettre la faute dessus en laissant Ryo apparaître comme une victime dans toute cette histoire ce qui, bien évidemment, loin d'être le cas. 

Et puis si Haru l'apprend, vu comment il parle des omégas, je crois bien qu'il va me détester pour de bon et je n'ai pas envie que le fils de l'empereur puisse avoir ce genre d'informations sur moi. 

Mais je ne me vois pas le dire au proviseur, le connaissant il va me forcer à intégrer un des fameux programmes spéciaux qu'il vante chaque année et tout le monde apprendra que je suis un oméga. 

Mauvaise idée ! 

Finalement, la meilleure chose à faire est d'éviter qu'on l'apprenne et puis si quelqu'un découvre mon secret un jour, je n'aurais qu'à faire mes valises et aller dans la sixième province, elle est connue pour être inaccessible et très peu informée sur le reste de l'empire.. 

À force de réfléchir à un moyen de fuir la situation, je me suis mis en retard alors j'ai intérêt à courir si je ne veux pas rater le merveilleux TP de svt que nous a préparé mon tendre prof de biologie qui n'a qu'une hâte : nous faire analyser des bouts de cailloux avec de l'eau. 

Mais bon c'est le dernier cours avant les vacances d'hiver alors je me dépêche d'y aller

Point de vue d'Haru 


Il se pourrait qu'en voyant que Kaori allait arriver en classe en retard, je me sois volontairement mis seul en TP pour que le prof le force à se mettre en binôme avec moi..

Oui je sais c'est une technique ridicule et vieille comme le monde mais j'avais besoin d'avoir un moment pour parler avec lui et vu comment le dernier s'est déroulé, je préfère éviter de le coincer à nouveau dans un couloir

Je ne vous cache pas que la mine qu'il tire en me voyant à sa droite suffit pour briser tous mes espoirs de réconciliation mais là n'est pas vraiment mon but, en fait je veux juste comprendre 

Pourquoi il s'est mit à me haïr du jour au lendemain ? 

J'ai beau me refaire les scènes en boucle dans ma tête avant de dormir, je ne comprends pas et Ren non plus d'ailleurs même s'il n'était pas très proche de Kaori... 

Moi : tu pourrais remplir les fioles s'il te plaît ? Je dois régler le microscope 

Kaori : hm. 

Il l'attrape et se lève pour aller récupérer de l'eau au fond de la classe, j'ai peut-être omis de préciser l'ennui mortel de ce genre de TP qui consiste à nous torturer pendant 4h... 

En revenant, il s'assoit tandis que je règle cet engin du moins jusqu'à ce que je le prenne en flagrant délit : il s'amusait à déverser des petites gouttes sur ma feuille rendant mon écriture illisible 

Un enfant.... mais n'empêche je ne risque pas de laisser cette occasion me filer entre les mains 

J'abandonne donc le réglage de notre microscope et me tourne vers lui en haussant un sourcil. 

J'avoue qu'avec notre éloignement, j'ai presque oublié le regard qu'il lance quand il ne veut pas me tuer avec ses yeux. 

Je reste quelques secondes à essayer de profiter de l'obscurité de son regard ébène qui se cache derrière les longues mèches de son visage qu'il ne veut pas couper visiblement, m'amusant du brin de malice dans ses pupilles qui ne semble pas s'être estompé .. 

Je me retiens de rire en me souvenant de l'excuse minable qu'il m'avait sorti pour justifier la longueur de ses mèches qui empêchent de voir ses yeux très clairement

C'était l'époque où il pouvait être naturel et laisser ses lèvres débiter des conneries à une vitesse incomparable à tout moment sans avoir à réfléchir aux conséquences...

Mais plus il grandit, et plus il me mène la vie dure... 

Kaori : tu-

Moi : t'es comme un grain de beauté 

Kaori : hein ? 

Moi : à la base t'es un mini cancer inoffensif mais plus tu grandis et plus tu deviens dangereux

Il cligne lentement des yeux en essayant de comprendre où j'essayais d'en venir. 

C'est vrai que je ne sais même pas ce que je raconte, on n'a pas eu de vraies conversations depuis des mois et tout ce que je trouve à dire c'est que c'est un grain de beauté. 

N'empêche, il en a tellement que j'avais pris l'habitude de les compter pendant ses longs monologues où il pensait que je l'écoutais me crier dessus... 

Et en parlant d'eux, je suppose qu'il va encore une fois me faire la morale pendant une bonne dizaine de minutes avant de me traiter d'idiot et de reprendre ses tâches mais visiblement, je me suis trompé 

Il ne réagit même pas contrairement à ce que pensais, j'avais déjà imaginé sa tête lorsqu'il aurait froncé les sourcils ce qui aurait donné à son visage un air très amusant avant qu'il ne me répète à quel point je le dérange au quotidien.

Mais aujourd'hui, il se contente de me regarder, sa fiole toujours entre ses mains, sans dire un mot.

Je dois bien avouer que c'est presque plus troublant que quand je me faisais engueuler par mon bêta du moins, j'aurais voulu lui demander de l'être. 

Après tout, qui d'autre que lui pourrait devenir mon bras droit et me soutenir au quotidien mais je pense bien que désormais c'est impossible de faire une telle demande

Kaori : les cancers se soignent de nos jours

Moi : pardon ? Euh, oh oui, les progrès de la médecine 

Kaori : ouais. 

Il se remet face à la table et continue sa partie de l'expérience en silence. 

Je savais bien que quelque chose était rompu entre nous et que ça serait difficilement la même chose qu'avant mais je préfère encore de le voir s'énerver contre moi, me frapper même, plutôt que de subir son silence. 

Je me tourne à mon tour et continue le réglage du microscope en me plongeant dans ma tâche pour oublier ce moment. 

Ce n'est que lorsque le prof ramasse nos copies que je vois que Kaori a déjà quitté la salle en ne me disant aucun mot, je vois alors c'est vraiment la fin

Et je n'ai toujours pas compris pourquoi s'est arrivé...

Aime-moi autant que je te haisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant