Chapitre 62

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Enfin de retour de l'hôpital, je m'empresse d'ouvrir la porte en prétextant vouloir me doucher.

À vrai dire, tout le trajet était silencieux non pas que ce soit à cause d'une quelconque gêne mais plutôt parce qu'Haru semblait être profondément plongé dans ses pensées. 

Et au vue de mon mensonge, je me doute bien qu'il pensait certainement à l'enfant que j'ai inventé naïvement. 

Je n'aurais jamais pu imaginer que Kalia devrait se déplacer au palais et encore moins qu'elle l'avoue à Haru, d'une certaine manière je suis presque soulagé de ne pas être vraiment enceint : vous imaginez si le père de mon bébé l'apprenait de cette manière ? Ça craint !

Je l'invite à aller s'asseoir sur le canapé avant de me diriger rapidement dans la salle de bain où je laisse couler l'eau sur ma peau pour essayer de réfléchir de manière intelligente. 

Ne te surestimes pas gamin parce que je te rappelle que jusque là tu n'as pas vraiment été très souvent intelligent. 

Pas faux j'avoue, après tout si on est dans une situation pareille c'est de ma faute. 

Pour commencer, je n'aurais jamais dû lui cacher mon second genre même si j'avoue que j'étais trop peureux à l'idée de voir ma vie s'effondrer plus qu'elle ne l'était déjà.

Ensuite, à mon retour de l'académie, j'aurais dû prendre le temps de tout lui dire en lui expliquant la raison de ma fuite mais là encore, j'ai été trop peureux. 

Je peux me faire la même réflexion sur les centaines d'occasions que j'avais de régler nos différents mais venons-en directement aux faits les plus épineux. 

Maintenant que j'ai vécu une énième séparation qui aboutit à des retrouvailles remplies de larmes, je me dis que je n'aurais jamais dû laisser cette stupide histoire de destin prendre le dessus sur ma certitude quant à mes sentiments envers Haru. 

Je sais aujourd'hui que les couples liés méritent vraiment d'être ensemble lorsqu'ils se retrouvent mais qu'on peut aussi être heureux sans son âme soeur, ou du moins avec quelqu'un d'autre. 

C'est très bête mais je pensais vraiment qu'en prenant la fuite, Haru irait juste retrouver son âme soeur et m'oublierai tandis que je serais dans un coin paumé à pleurer sur mon sort jusqu'à ma mort mais j'oublie trop souvent qu'il ressent exactement la même chose que moi si ce n'est même plus. 

Si je suis incapable de l'oublier, comment je peux l'obliger à le faire ? Et puis de ce que je vois je suis incapable de l'obliger à faire quoique ce soit qui mènerait à notre séparation. 

Il m'a prouvé un milliard de fois qu'il était prêt à tout pour moi et encore aujourd'hui il me parle d'abandonner le trône comme s'il ne s'agissait que d'un petit jouet à ses yeux. 

Mais une partie de moi, sûrement la plus fragile, celle qui a le moins confiance, se dit qu'il finira par se lasser d'une personne comme moi. 

Après tout, je ne fais que mentir et fuir à la moindre difficulté alors pourquoi est-ce qu'il continue de venir vers moi en sacrifiant tout ce qu'il a ? Je ne mérite même pas qu'il me compare à tout ce qu'il a.. 

Et en retour de toutes ses preuves d'amour, j'ai inventé cette histoire de bébé bien que je n'aurais jamais imaginé que cela prenne des proportions pareilles, le résultat est le même : j'ai encore une fois blessé l'homme que j'aime et il ne m'abandonne toujours pas. 

Je ne sais pas s'il est très amoureux ou très stupide mais j'avoue ne pas comprendre pourquoi il fait tant d'effort pour un être comme moi. 

Je te rappelle qu'être amoureux de toi c'est le plus grand signe de stupidité alors bon...

Aime-moi autant que je te haisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant