J'ai la tête qui tourne, la bouche pâteuse. La musique, les lumières me rendent malade. Où est ce putain de dealer ?
Des filles viennent s'asseoir à côté de moi. C'est un salon privé mais je ne dis rien, je n'ai pas envie de parler et encore moins à ces aguicheuses. Elles doivent se dire que c'est une bonne affaire de se taper le dernier fils de la grande Linguère Diaw Lopez Niane, la personne la plus puissante du pays ou pas, Linguère fait tout son possible pour m'effacer de la famille. Plus personne n'entend parler de moi, depuis l'accident.Elles se trémoussent devant moi, si seulement elles savaient comment ça me dégoûte.
Mon téléphone sonne, je décroche sans attendre.— Ouais, je suis dehors ! me dit mon interlocuteur.
Je sors de la boîte, des gens bourrés chantaient ou vomissaient. Des femmes attendaient leurs clients pour terminer leur soirée dans une chambre d'hôtel. Je trouve mon dealer, adossé à ma voiture.
— Qu'est-ce que tu foutais ?, tu crois que j'ai ton temps, lui crachais-je.
— Oh oh tout doux, ne sois pas jaloux, j'avais d'autres rendez-vous à honorer, tu sais que t'es mon meilleur client, ne me fais pas la tête, me dit Dom sur un ton faussement mielleux.
— Je n'ai pas la tête à rigoler Dom, où est ma neige ? lui demandais-je, exaspéré.
— Voilà, voilà, elle est là, me dit-il en me sortant un sachet de poudre de sa poche de veste en cuir.
Je le lui arrache des mains, me fais deux lignes sur le capot de ma voiture et les inhale sans attendre. Je me sens détendu au bout de quelques secondes. Ah, ça fait du bien.
— Tiens ton fric, dis-je lui tendant son argent.
Il le prend tout sourire.
— C'est toujours un plaisir de faire affaire avec toi, mon frère, me dit-il en me tapant dans le dos.
Je le regarde s'éloigner avant de prendre place dans ma voiture. Ma tête posée sur le dossier, je sens l'effet de la neige me monter au cerveau. Je ne sens plus de mal de tête, plus problèmes, plus de reproches.
Tout le monde se dit que j'ai de la chance de faire partie de la famille Niane. Bien sûr ! Une famille parfaite.
Nous avons la mère, Linguère Diaw Lopez Niane, aka la reine du pétrole, quarante-sept ans, la femme la plus riche, je veux dire la personne la riche du pays, froide, hautaine, trop occupée à parfaire son image et son travail pour se rendre compte qu'elle a trois gosses qui partent en vrille.
Le père, Salif Niane, cinquante-trois ans, fait tout ce que la reine lui dit, voyage plus qu'un pilote d'avion pour des soi-disant voyages d'affaires.
L'aîné, Amath Niane, vingt-sept ans, l'homme le plus en vue de ce pays, héritier de la famille, tout le monde veut marier sa fille avec lui, enfin ça c'était avant qu'il ne disparaisse au Canada il y'a quatre ans.
La fille unique, Fatima, vingt-cinq ans ou je sais pas quoi, la parfaite, l'irréprochable, fait tout pour avoir l'amour et l'attention de ses parents mais cela se voit qu'elle n'est pas seule dans sa tête.
Et puis il y a moi, le petit dernier, le mouton noir de la famille, le drogué, le toxico, vingt-trois ans, sans emploi mais pété de thune.
Une famille parfaite comme je disais.
Les effets de la drogue me font parler tout seul on dirait.
Je démarre ma voiture et conduit aussi bien que je peux jusqu'à la maison.
La maison est plongée dans le noir pour mon plus grand bonheur, je me dirige tant bien que mal vers la cuisine pour étancher ma soif en essayant de ne pas heurter quelque chose. J'ouvre le frigo, prend du jus d'orange et bois à même la bouteille. La lumière s'allume soudainement, me bousillant la rétine.— Putain mes yeux ! ne pus-je m'empêcher de crier.
Je me tourne vers ma mère qui me scrute, me regarde comme si j'étais la personne la plus pitoyable sur cette terre. Ce regarde que je déteste tant.
— Tu es encore défoncé ? demande-t-elle froidement.
On connaît tous les deux la réponse à cette question. Je ne réponds pas et continue à boire. Elle s'avance et m'arrache la bouteille des bras.
— Est-ce que quelqu'un t'a vu dans cette état ? Tu sais combien j'ai dépensé pour ta cure de désintoxication ? Combien j'ai payé pour étouffer l'affaire de l'accident et toi tu reprends le volant dans cet état, me crache-t-elle.
Je ne pu m'empêcher de rire, un rire sans joie. Elle ne changera visiblement jamais.
— Toujours en train de penser à toi, à ce que les gens pensent de toi, ta réputation. Mais ne t'inquiètes pas La reine, je ferai en sorte que mes ennuis ne t'atteignent pas, lui crachais-je à mon tour avant de tituber vers ma chambre.
Je me retourne au dernier moment et fais la révérence.— Longue vie à la reine, rajoutais-je avant de la laisser seule.
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LINGUÈRE
RandomLa plus grosse erreur qu'une femme puisse faire est de tout abandonner pour un homme. Malheureusement, c'est ce que j'ai fait et j'en ai payé le prix fort. Pourtant, je l'ai aimé d'un amour pur et sincère. Ce monde d'hommes a été sans pitié avec mo...