NARRATEUR EXTERNE

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Au fil des jours qui s'effilochaient, Linguère s'enfonçait dans les méandres d'une solitude dévorante. La perte de sa sœur laissait derrière elle un vide abyssal, transformant son monde en un champ de ruines émotionnelles. Un manteau de tristesse étreignait son âme, chaque pensée de Sofia étant comme une étreinte insaisissable.

La routine quotidienne devenait une épreuve, une succession monotone de moments vides de sens. Les rires autrefois partagés résonnaient dans sa mémoire comme des échos lointains, exacerbant la douleur du silence qui règne désormais. Dans cette solitude oppressante, même les murs semblaient résonner de l'absence qui l'entoure.

Le poids des souvenirs s'intensifiaient, chaque photo, chaque objet ayant appartenu à sa sœur devenant à la fois précieux et douloureux. Elle se trouvait prisonnière de ses pensées, dérivant dans un océan d'émotions tumultueuses sans boussole pour la guider.

Chaque jour devient un fardeau écrasant, une lutte constante pour trouver une lueur dans ce tunnel sans fin. Elle se sentait emprisonnée dans un cocon de désespoir, cherchant désespérément une échappatoire à cette réalité implacable. Linguère, autrefois forte et fière, se retrouve à errer dans l'ombre de sa propre existence, cherchant en vain un moyen de guérir des blessures invisibles qui déchiraient son cœur.

Assise sur son siège de bureau, ce trône qui semblait désormais être un instrument de torture, un elle portait le long peignoir de Sofia, le rouge qu'elle avait l'habitude de porter, celui qui portait toujours son odeur. Son regard était vide et son visage blafard témoignant de son manque de sommeil. La maison était plongée dans le noir, seuls quelques rayons rebelles et mourants du soleil se frayaient un chemin à travers les rideaux épais.

Linguère caresse la mallette argentée posée sur son bureau, une promesse de vengeance sur le bout des lèvres. Comme elle l'attendait, le téléphone fixe sonne mais elle ne décroche pas, tétanisée, sachant qu'après cet appel, elle scellera son destin. Mais l'enjeu aussi en valait la peine, ses enfants, elle faisait tout cela pour chacun d'entre eux, Amath, Ablaye, Fatima, Karim, de même que Ali et Hamza. Elle était leur mère et c'était son rôle de les protéger.

Elle prend une grande inspiration avant de décrocher.

— Tu penses que tu t'es débarrassée de moi après ton petit stratagème bien calculé, mais saches que tu n'en finiras jamais avec moi, ce royaume est beaucoup trop petit pour nous ma reine, et Sofia n'était qu'un avant goût de ce que je te ferai subir, crache Nasir.

Linguère ne dit rien, laissant libre cours à ses émotions.

          — Tu as gagné... j'ai tout perdu. Tu as tué ma soeur et mes enfants m'ont abandonné alors tu as gagné, je ne battrai plus contre toi Nasir, dit-elle faiblement. Si tu me veux, viens tout simplement me chercher.

Après avoir raccroché le téléphone, laissant un Nasir surpris et sûrement aux anges, Linguère se lève de son siège de bureau et longe le couloir de sa maison vide, la mallette argentée à la main. Elle avait licencié tous ses employés et avait demandé au docteur Gaël de créer un rendez-vous qui devrait prendre beaucoup de temps à Fatima.

Elle avait pensé à tout. Elle avait contacté un des hommes d'Ablaye pour lui acheter une bombe à batterie, et maintenant tout ce qui lui restait à faire c'est attendre que le poisson morde à l'hameçon.

Linguère était certes dévastée, mais elle l'a toujours été, alors malgré ce désespoir, elle était prête à abattre sa dernière carte, déplacer son dernier pion pour provoquer un échec et mat, sa dernière soirée pour quitter la scène en beauté et offrir à ses enfants la chance qu'elle n'a pas eu.

LINGUÈREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant