LINGUÈRE

LEYLANI

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Ma raison de vivre...
C'est ce qu'il représente, c'est ce qu'il a toujours été. Le voir endormi, le visage blême, rattaché à toutes ces machines aux bruits si agaçants, me détruit chaque seconde qui passe.

Je suis assise sur la chaise, près du lit de mon frère, sa main glacée dans la mienne. Je fredonne un air que seuls lui et moi connaissons.
     Cela fait deux jours que Hamza est dans le coma. Deux jours que je veille toujours sur lui jour et nuit comme j'aurai dû le faire depuis que l'on est sorti de cet enfer.

Je regarde hypnotiquement sa poitrine se relever et s'affaisser d'un rythme tristement prêté. Mon petit frère...

Contrairement à moi, lui mérite plus que quiconque de vivre comme une personne normale, mais le peu de normalité que nous avons eu n'est plus qu'une lointaine réminiscence qui file entre nos doigts laissant place au sang et au désespoir.

J'ai toujours fait de mon mieux pour le protéger comme ma mère me l'a demandé mais aujourd'hui j'ai échoué à ma mission et cela va lui coûter la vie.

          — L, entendais-je la voix de l'agent derrière moi.

     Je ne réponds pas, continuant de contempler mon frère.

          — Tu devrais aller te reposer, tu n'as pas dormi depuis deux jours.

           — Je n'ai pas sommeil, dis-je d'un ton neutre.

           — Hamza voudrait...

           — Hamza est dans le coma, dis-Je en me levant de la chaise.

     Je me tourne vers lui, le jaugeant avec toute la haine que j'ai enfoui dans mon être.

           — Il est dans le coma parce que vous les agents des services secrets ne savez que faire ça, profiter de gens biens pour qui ? L'Etat ? Regarde-le, il est entre la vie et la mort parce qu'il te considère comme son frère, mais l'as tu une fois considéré comme tel ? Il est comme ça parce que tu as voulu gravir les échelons avec son aide, crachais-je.

          — Il croit en la justice.

Je m'avance vers lui jusqu'à ce qu'un seul pas nous sépare.

          — La justice et la loi ne sont qu'une putain d'illusion établie par les plus forts pour leurs permettre de trouver une raison de s'en prendre aux plus faibles sans conséquences. Ils s'en ont pris à ma famille et je te jure que s'il ne se réveille pas, je dispenserai chaque jour de ma vie à vous torturer de la manière la plus créative possible.

Son regard est triste mais je m'en fous. C'est de sa faute si mon frère s'est mis en danger depuis tout ce temps et je le jure que je lui ferai payer.
Je le bouscule et sors de la chambre enragée. Je marche dans les couloirs de la clinique, un voile de colère m'empêche de voir clair. Je bouscule le docteur qui s'est occupé de Hamza.

          — Ah Mademoiselle, nous n'avons pas eu à parler depuis le soir dernier, je suis venu examiner votre frère, dit-il en souriant.

          - D'accord.

          — J'admire votre dévouement envers cet homme, quand je pense qu'Ali mis sa vie en danger pour le sauver je trouve cela noble.

— Quoi ?

— Il ne vous l'a pas dit ? Il était près à mourir pour votre frère, vous êtes chanceuse d'être si bien entourée, dit-il avant de s'en aller.